Le troisième volet du sixième rapport du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) est consacré aux moyens encore possibles pour freiner le réchauffement climatique. Pour limiter nos émissions de gaz à effet de serre (GES), ou « atténuation » pour les experts, jusqu’à les diviser pratiquement par deux à l’horizon 2030, « nous avons les outils et le savoir-faire », selon le Président du GIEC.

Le 6ème rapport du GIEC complet
Les rapports du GIEC comportent 3 volets, un par groupe de travail. Ils dressent l’état actuel des connaissances scientifiques sur le climat. Le premier volet du sixième rapport, paru en août 2021, porte sur l’évolution physique du climat. Le second, sorti en février 2022, est consacré aux effets du réchauffement climatique sur les sociétés humaines et la biodiversité. Enfin, ce dernier volet évalue les solutions possibles d’atténuation.
Ce volet sur l’atténuation dresse d’abord le bilan des émissions de GES sur la période 2010-2019 et constate que, malgré une mobilisation mondiale, elles ont continué à augmenter, à un rythme toutefois légèrement ralenti par rapport à la décennie précédente. Des politiques de lutte contre ses émissions sont désormais en vigueur dans de nombreux pays, mais aussi à différentes échelles régionales ou locales et dans le secteur privé. La baisse des émissions observée pendant la crise sanitaire a rapidement disparu et elles sont très vite reparties à la hausse.
Or pour maintenir l’objectif de l’Accord de Paris – limiter la hausse de la température de la Planète à moins de 2° à la fin du siècle – elles doivent avoir diminué de 27 à 43% en 2030 et de 63 à 84% en 2050. Le rapport fait également le point sur les perspectives d’évolution des émissions de GES par secteur (énergie, transports, bâtiments, industrie, agriculture, usage des terres et alimentation, villes, etc.).
Les coûts d’atténuation moins cher que l’inaction
Un point important à souligner de ce volet est que dans tous les cas, l’inaction coûtera plus cher que les investissement nécessaires à l’atténuation. « les avantages des scénarios permettant de limiter le réchauffement à 2 °C dépassent les coûts des mesures d’atténuation », précise le GIEC. L’atténuation demande en effet de profondes transformations dans tous les secteurs.
Mais les coûts des solutions diminuent aussi rapidement avec le temps : « le coût de plusieurs technologies bas-carbone a chuté continuellement depuis 2010 » (par exemple, les coûts de production d’électricité par le photovoltaïque ont baissé de 85 % en 10 ans). Si les coûts d’atténuation varient d’une région à une autre, ce constat reste valide pour les systèmes énergiques, l’agriculture et la forêt, le bâtiment, les transports, l’industrie ou encore dans les systèmes urbains.
Les options d’atténuation listées
Les options d’atténuation sont nombreuses. Et selon Priyadarshi Shukla, vice-président du groupe 3 du GIEC, « les bonnes mesures, infrastructures et technologies » peuvent « permettre de réduire de 40 à 70% les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2050 ». Le rapport explore donc des options de transition justes vers un monde bas carbone. Il évalue pour cela des solutions secteur par secteur. Dans tous les cas, cela passera aussi par la sobriété.
Pour la production d’énergie (34 % des émissions mondiales), il faut opérer une « transition majeure » avec « le déploiement de sources d’énergie peu émettrices » comme l’éolien, le solaire, l’hydraulique. Cela suppose également de ne pas exploiter toutes les réserves de charbon ou de pétrole connues, voire de fermer les centrales à combustibles fossiles.
Pour l’industrie (24 % des émissions mondiales), parvenir à 0 émission est un « défi », mais « faisable » selon le GIEC, à condition d’« utiliser plus efficacement les matériaux, les réutiliser et les recycler, diminuer les déchets »
Pour l’agriculture, les forêts, l’usage des terres (22 % des émissions mondiales), les solutions passent par une « préservation, une meilleure gestion et une restauration des forêts et autres écosystèmes, comme les marais côtiers, les tourbières, les savanes et prairies ». Et pour les consommateurs, par des régimes plus riches en végétaux et moins en viande.
Des investissements à multiplier par 3 à 6
Pour les transports (15 % des émissions mondiales), le GIEC liste aussi un certain nombre d’options d’atténuation : réduction de la demande (télétravail…), report vers des moyens moins polluants (transports en commun) ou actifs (marche, vélo…), électrification des véhicules, etc. Parallèlement, cela bénéficierait à « l’amélioration de la qualité de l’air, de la santé, l’accès équitable aux transports, la réduction des bouchons et de la demande de matériaux ».
Pour les bâtiments (6 % des émissions mondiales), des « opportunités significatives » existent, notamment « la réduction ou le changement de la consommation énergétique et de matériaux » et l’augmentation de la capacité de la ville à capter et stocker du carbone.
Toutes les options proposées demandent de forts investissements. Or ceux destinés à l’atténuation sont encore trop faibles. Selon le GIEC, « les flux financiers privés et publics vers les énergies fossiles sont toujours plus importants que ceux pour l’adaptation et l’atténuation du changement climatique ». Il faudrait les multiplier par 3 à 6 dans la décennie 2020.
Sources : The Conversation, France-Info, Bon Pote