On parle souvent des villes cyclables, celles qui ont su dans leurs aménagements urbains laisser une place suffisante aux usagers de la bicyclette, mais beaucoup moins des villes marchables. Et pourtant beaucoup de déplacements se font tout simplement à pied. Une étude réalisée par le collectif Place aux Piétons sur près de 70 000 internautes montre que 62 % d’entre eux pratiquent la marche quotidiennement. Cette vaste enquête a permis au collectif d’établir un Baromètre des villes marchables 2021, le premier du genre.

Près de 70 000 réponses pour ce Baromètre des villes marchables
Au travers de ce Baromètre des villes marchables, le collectif Place aux Piétons poursuit un double objectif. D’une part, il s’agit de pallier le manque d’informations concernant les besoins et souhaits des piétons – piétons au quotidien par nécessité (travail, courses…), piétons vulnérables (enfants, personnes âgées…), mais aussi promeneurs, marcheurs ou randonneurs dans l’espace urbain. Et d’autre part, interpeller les acteurs de la ville et de la mobilité pour une meilleure prise en compte de leurs attentes en complément des aménagements spécifiquement dédiés au vélo qui réduisent parfois la place du piétons.
Les réponses obtenues lors de cette vaste enquête ont ainsi permis d’évaluer 200 villes de France. Mais elles représentent de plus une masse de données inédites sur les conditions de marche en ville. Alors que « la marche, première des mobilités actives en France, s’affirme au cœur des enjeux de santé publique, de changement climatique, de mobilités, de tourisme et de vitalité sociale et économique des centres villes », le piéton est souvent le dernier pris en compte dans les politiques territoriales. Encourager la marche à pied demande des mesures concrètes. La marche est le mode de déplacement le plus accessible à tous, le plus écologique, le plus convivial, le moins dangereux pour les autres usagers de la voie publique, mais aussi l’un des plus vulnérable.
Une enquête lancée prioritairement dans les villes et agglomérations
Le questionnaire qui a permis l’établissement de ce Baromètre des villes marchables en France explore cinq thématiques :
- Le ressenti du répondant sur son quotidien de piéton : facilité ou difficulté à se déplacer à pied, relations avec les autres usagers de la voie publique…
- Le sentiment de sécurité quand il marche, décliné suivant les lieux et les publics,
- Le confort de marche : à travers des questions qui portent sur l’existant : aménagements et aménités, signalétique, information. Sont-ils respectés par les usagers, les riverains, les autres usagers ?
- Son avis sur l’importance donnée aux déplacements à pied par la commune,
- Son avis sur les aménagements et équipements pour améliorer le quotidien des marcheurs.
Le Baromètre des villes marchables ne prétend pas présenter une étude exhaustive. « Puisque la campagne du baromètre a été lancée en priorité vers les concentrations importantes de population, les habitants des villes et agglomérations ont plus participé au baromètre que ceux des villages de moins de 5 000 habitants. Les piétons pourtant concernés des zones rurales se sont sentis moins impliqués », souligne-t-il. Mais le bilan de cette première édition permettra l’amélioration des suivants, puisque ce baromètre a vocation à être renouvelé tous les deux ans.
Au total, 200 communes entrent dans l’observatoire des villes marchables, mais 5 000 communes ont enregistré au moins une réponse. Les 200 villes retenues dans ce classement ont chacune rassemblé plus de 40 répondants. Les trois villes ayant enregistré le plus de réponses sont Paris, Marseille et Toulouse. Les communes ont été classées sur une échelle de A+ (excellent) à G (très défavorable), c’est celle du baromètre des villes cyclables qui a été utilisée. Si ce baromètre n’avait pas vocation à faire émerger un avis représentatif des Français « en général », il met en évidence les hétérogénéités de la population des piétons et leurs besoins spécifiques.
Attentes et critiques des piétons
Ainsi, l’attente principale de « cheminements plus larges, bien entretenus, sécurisés et désencombrés » est celle formulée prioritairement par 43 % des femmes et 39 % des hommes. Se déplacer à pied est vécu comme « dangereux pour les enfants », par 63 % des répondants. Autres personnes qui estiment qu’il est dangereux de se déplacer à pied : les personnes à mobilité réduite. Les seniors sont eux particulièrement sensibles aux conflits d’usage.
Outre des cheminements plus larges et entretenus, les principales attentes des piétons concernent la réservation aux piétons de l’usage des trottoirs, une attente de verbalisation accrue du stationnement sur les passages piétons et les trottoirs, la réduction de la vitesse en ville, pour la sécurité des piétons et la constitution d’un réseau complet de cheminements piétons dans la ville.
Les principales critiques formulées par les piétons concernent le manque d’intérêt porté par les communes aux piétons, les conflits d’usage avec les véhicules motorisés mais aussi les autres mobilités actives, le manque de séparation entre les différents usagers de la route et le stationnement des véhicules motorisés sur les cheminements piétons.
Cette étude est d’autant bienvenue que l’accent est mis aujourd’hui sur l’importance de la marche et des moyens de transports actifs dans une vie trop sédentaire. Le programme Moby que nous déployons actuellement encourage les communes ou communauté de communes à s’engager dans une démarches visant à encourager ces modes de transport auprès des enfants.
Source : Place aux Piétons