Une étude de l’INRA, réalisé dans le cadre du projet Climfourel (Climat-Fourrages-Elevage), visant à améliorer l’adaptation des systèmes fourragers du sud de la France, analyse les variations climatiques depuis 1950 et montre que le réchauffement s’est accéléré depuis 1979 et que les lignes iso-climatiques ont été transférées de 100 à 300 km vers le nord, étendant le climat méditerranéen :
L’hypothèse d’un changement climatique plus marqué et d’effets amplifiés à l’interface des climats méditerranéen/tempéré a été posée au lancement du projet « Climfourel » (2007) quand la réalité du changement climatique était encore contestée et son ampleur minimisée en France : les tendances reconnues ne portaient que sur les températures, calculées sur un siècle (+0.74°C/siècle mondialement, +1.1°C/siècle en France), insuffisantes pour avoir changé la donne : le changement climatique ne s’étudiait qu’au futur.
C’est désormais au présent que le rapport l’évoque, avec aussi des projections inquiétantes sur le futur. Le changement climatique a évolué en trois phases visibles à l’échelle humaine : 1900-1949, 1950-1979 et 1980-2009. Si les années 1950-1979 correspondent à une période de climat stable, les tendances évolutives sont très significatives sur la période suivante : le réchauffement climatique correspond à 0,5°C par décennie, plus marqué en saison chaude (0,8°C par décennie) qu’en saison froide (0,25°C par décennie). Les indices d’aridité ont aussi fortement évolué : « Le climat méditerranéen s’est étendu (ligne Toulouse‐Albi‐Millau‐Montélimar). Ces changements sont assez importants pour avoir modifié les ressources fourragères. »
Si la période de 1901 à 1945 correspond à un réchauffement lent mais significatif (environ 0,1°C par décennie), celle de 1945 à 1979 enregistre bien une stagnation, avec un léger refroidissement non-significatif (0,04°C). Mais la courbe s’affole sur la dernière période, montrant cette fois un réchauffement rapide, très significatif de 0,5°C par décennie. Il s’agit donc au total d’un réchauffement de 1,8°C sur un siècle, dont 1,5°C sur 1979-2009. « Ces variations ont pour origine les émissions des activités humaines« , souligne le rapport, « Le bilan énergétique terrestre est modifié par des changements de composition et propriétés de l’atmosphère. »
Pour l’avenir (2040-2050), l’étude prévoit toujours une augmentation des températures, mais légèrement plus lente que dans la dernière période et une pluviométrie en baisse de janvier/février à septembre. Les lignes d’iso-climat continuent à remonter vers le nord : « le climat méditerranéen sub-humide couvrira le sud-ouest au-delà d’Agen, la vallée du Rhône jusqu’à Lyon et le Massif Central à altitude inférieure à 600 m) » et continue : « les climats méditerranéens recouvriront 25-30 % du territoire métropolitain dès 2040 et pourraient arriver à la Loire (ligne Nantes-Orléans-Mulhouse) en fin de siècle. Les changements écologiques, hydrologiques, agricoles et paysagers seront considérables comme illustrés par la cartographie des formations végétales. »
Source : Evolution climatique du Sud de la France 1950‐2009, Lelièvre F., Sala S., Ruget F., Volaire F. (2011)