C’est mauvais pour la santé des bactéries, en tout cas. Il est encore un peu tôt pour extrapoler à l’homme les résultats d’une recherche menée par l’équipe de Sam Dukan, du CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique), à l’Institut de Microbiologie de Marseille. Résultats qui viennent d’être publiés dans la revue EMBO Reports et montrent une corrélation entre l’augmentation de la concentration de CO2 et les dommages oxydatifs (mort cellulaire, augmentation de lésions sur l’ADN, fréquence de mutation).
Cette recherche menée depuis 2005 porte sur les effets potentiels du stress oxydant. Stress oxydant, c’est à dire les lésions induites sur les cellules par des composés oxygénés, « formes réactives à l’oxygène » (FRO), produits dans l’organisme par l’action de divers facteurs dont la pollution de l’air, la fumée des cigarettes, les produits chimiques ou encore les additifs alimentaires. Or les FRO, s’ils jouent un rôle dans la défense anti-infectieuse et comme médiateur de l’inflammation, sont aussi impliqués dans les mutations génétiques, la cancérisation ou encore l’oxydation des protéines (un des facteurs de vieillissement.
Quel est le lien entre le stress oxydant et le CO2 ? Et les effets d’une augmentation du dioxyde de carbone dans l’air ? C’est ce que les chercheurs ont essayé de démontrer sur une bactérie, l’Escherichia coli.
Sam Dukan explique :
Nous avons ensuite regardé combien de bactéries survivaient à ce stress oxydant selon la teneur en CO2 de l’atmosphère. Nous avons constaté que la fréquence des mutations génétiques et des lésions de l’ADN, ainsi que la mortalité, augmentaient avec des concentrations croissantes de gaz carbonique.
L’expérience montre que, si le gaz carbonique n’a pas d’effet délétère à lui seul, il renforce par contre les effets négatifs du stress oxydant, et l’interaction du CO2 et des FRO favorise la formation d’un des radicaux libres, le radical carbonate :
Le radical carbonate réagit particulièrement avec l’une des bases de l’ADN, la guanine. Cela permet d’évaluer les dommages infligés à l’ADN et la fréquence des mutations, en dosant l’oxydation qui s’est produite au niveau de la guanine, un dosage facile à réaliser.
Mais la prudence s’impose, comme le souligne le chercheur, avant d’extrapoler d’éventuels effets sur l’homme :
Nous n’avons pas encore expliqué comment la hausse de la teneur en CO2 augmentait la fréquence des mutations et des lésions de l’ADN produites par le stress oxydant. Pour le comprendre, nous allons analyser les modifications de l’expression des gènes de la bactérie, qui diffère selon la concentration en CO2 de l’atmosphère.
Les chercheurs continuent donc l’étude et devront mettre en évidence les résultats sur des organismes plus évolués que la bactérie :
Notre objectif est de déterminer le rôle que jouerait la concentration atmosphérique en CO2 dans l’inflammation, les maladies neurodégénératives et les métastases des cancers. Jusqu’ici nous n’avions pas obtenu de financements du CNRS ou de l’Agence nationale de la recherche.
L’équipe espère que cette publication fera évoluer ce dernier point.
Sources : Le Monde, Maxisciences, Futura-Sciences (image)
2 réponses sur “Le CO2, c’est mauvais pour la santé !”
Est-ce que les bouteilles gazéifiantes que l’on vend sur le marché pour fabriquer de l’eau gazeuse sont dommageable pour la santé ?
Dommage qu’il n’y ait pas de réponse à la question de Renée St-Cyr. Je cherche sur Internet, mais il n’y a pas de réponse.