Les chercheurs de l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) ont récemment breveté un concept qui permet de réduire de quelque 90 % les émissions de CO2 des poids lourds. Comment ? En transformant le CO2 émis par les camions en carburant. Il suffit pour cela, si l’on peut dire, de le récupérer dans le pot d’échappement, de le transformer en liquide et de le stocker jusqu’à un point de transformation en carburant.
Les émissions de CO2 des camions problématiques
La réduction des émissions de CO2 des camions de transport de marchandises, bien qu’en légère amélioration grâce à des programmes innovants (comme EVE, Engagements Volontaires pour l’Environnement, auquel Eco CO2 participe), reste problématique. Elle s’attache généralement à une moindre consommation, par différentes techniques.
La solution imaginée par les chercheurs de l’EPFL part d’un autre principe. Elle demande un processus complexe, sur lequel travaillent plusieurs équipes de l’EPFL. Cette recherche a fait l’objet d’un brevet, et a été publiée dans Frontiers in Energy Research. Plusieurs technologies ont été mises en commun pour réaliser toutes les phases de cette transformation.
Un processus complexe…
La première phase consiste à récupérer les émissions de gaz à même le pot d’échappement. Elles sont refroidies et l’eau est séparée des gaz. Le CO2 émis par le camion est alors séparé des autres gaz (azote et oxygène), en utilisant des matériaux conçus spécialement pour l’absorber. Ces matériaux, une fois saturés, sont chauffés pour en extraire le CO2 pur.
Des turbocompresseurs utilisent alors la chaleur du moteur du camion pour comprimer le CO2 et le rendre liquide. Le stockage se fait ensuite dans un réservoir embarqué par le camion et il sera récupéré pour être transformé en carburant grâce à une énergie verte. « Il suffira que le camion le dépose, au moment de faire le plein », indique François Maréchal, qui dirige le projet.
… mais peu énergivore
La totalité du processus de transformation du CO2 émis par le camion s’effectue dans une capsule, posée au-dessus de la cabine du conducteur. « Le poids de la capsule et du réservoir ne représente que 7% de la charge utile du véhicule », précise François Maréchal. « Le processus en lui-même est peu énergivore, grâce à l’optimisation de toutes les étapes. »
Selon les calculs des chercheurs, un camion consommant 1 kg de carburant conventionnel permettrait de produire 3 kg de CO2 liquide. La transformation s’effectue sans pénalité énergétique. « En théorie, ce système pourrait fonctionner pour tout type de véhicules poids-lourd, des cars et même des bateaux, quel que soit le carburant utilisé. L’avantage de ce système au niveau industriel est qu’il permet, contrairement aux solutions électriques ou à hydrogène, de conserver la flotte de poids-lourds qui circulent déjà sur nos routes, mais de les rendre neutres en termes d’émissions carbone », conclut l’EPFL.
Source : EPFL