Si le coronavirus ne réussit guère aux humains, ni à l’économie mondiale, il a cependant un effet positif indéniable pour la planète, en tout cas provisoirement. Il a entraîné une baisse importante, bien que sans doute peu durable, des émissions de gaz à effet de serre. Cela s’est vérifié en Chine, le pays le premier touché, et continue en Europe et dans le monde. Mais la reprise ne va-t-elle pas amener un rebond spectaculaire ?
Une chute des émissions en Chine
Selon le Centre for research on Energy and Clean Air (CREA), ce seraient les émissions d’environ 200 millions de tonnes de CO2 qui ont été évitées en Chine en quatre semaines en raison de l’épidémie du coronavirus. Ce sont les émissions chinoises de CO2 ont chuté de 25 % par rapport à la même période l’an dernier
Les mesures de confinement de la population, pour contenir le coronavirus, ont entraîné une réduction de 15 % à 40 % de la production dans les principaux secteurs industriels, et cela suivait juste le Nouvel An chinois, période de production au ralenti dans le pays. Récemment, par exemple, des images satellites publiées par la Nasa et l’Agence spatiale européenne tendaient ainsi à montrer une baisse importante des niveaux de dioxyde d’azote (NO2).
Certes, au regard des quelque 9,5 milliards de tonnes de CO2 qu’émet la Chine, ça ne semble qu’une goutte d’eau. Mais, 200 millions de tonnes de C02, ce n’est quand même pas anodin. Pour rappel, la France en émet autour de 450 millions de tonnes par an, ces dernières années.
Le coronavirus paralyse d’autres pays
Mais le virus paralyse maintenant aussi fortement, ces derniers jours, d’autres économies : l’Europe est touchée de plein fouet par cette pandémie de coronavirus. Cependant, Sandrine Mathy, économiste de l’environnement au Laboratoire d’économie appliquée de Grenoble, relativise. « Dans les pays qui ont conservé un tissu industriel fort et où l’électricité consommée provient majoritairement d’énergies fossiles comme le charbon, l’épidémie peut effectivement avoir un impact significatif sur les émissions de C02 », commente-t-elle. Elle cite notamment les Etats-Unis ou l’Allemagne. Les effets devraient être en revanche moins marqués en France, « où le tissu industriel est moins important et où notre électricité provient du nucléaire. »
C’était pourtant visible en Italie, atteinte une quinzaine de jours avant la France, Dans un communiqué publié le vendredi 13 mars, l’Agence spatiale européenne précise: « Bien qu’il puisse y avoir de légères variations dans les données en raison de la couverture nuageuse et des changements météorologiques, nous sommes plutôt certains que la réduction des émissions que nous pouvons voir coïncide avec la mise en confinement de l’Italie, laquelle entraîne une diminution du trafic et des activités industrielles ».”
Mais la courbe des émissions s’inversera avec la reprise
En effet, plus que le coronavirus, ce sont ces mesures et les recommandations prises par les pouvoirs publics et les entreprises – fermetures de site, confinement, télétravail, restriction des déplacements – qui ont un impact sur les émissions de CO2. Tout tourne au ralenti.
Mais les crises économiques de grande ampleur sont généralement suivies d’un rebond de l’activité, pour rattraper le temps perdu. Ainsi, Lauri Myllyvirta, analyste du CREA s’interroge : est-ce que cette diminution des émissions de CO2 « sera durable ou bien si elle ne sera pas annulée, voire inversée » par la suite.
Sources : 20 minutes, Huffingtonpost, France TV Info, Le Monde