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Le Dakar, un rallye vert ?

rallye PARIS DAKARSurprenant, mais bien vrai : les responsables du Dakar, rallye bien connu, sont très fiers de leur bilan écologique et viennent de publier le bilan carbone de la course de 2010. Le précédent remontait à 2007, époque où le Dakar se courait, comme son nom ne l’indique plus, en Afrique. Le bilan carbone du Dakar 2010, version Amérique du Sud, calculé à sa demande par le cabinet Espere, se monte à 42 000 tonnes équivalent CO2 émises.

Pour vanter ce bilan, les organisateurs le comparent à d’autres événements sportifs, considérablement plus générateur d’émissions de gaz à effet de serre, comme la Coupe du Monde de football (2 700 000 tonnes éq CO2), mais n’évoquent que très brièvement que, lorsqu’elle se courait en Afrique, le bilan de l’épreuve atteignait tout juste la moitié de celui de l’actuel :

Les résultats obtenus établissent un niveau d’émission de 22 000 tonnes équivalent CO2 par le Lisbonne Dakar 2007. À titre de comparaison, un Grand Prix de Formule 1 émet la même quantité que le Dakar. Toujours pour les évènements sportifs, la coupe du monde de rugby 2007, qui a commandé un bilan carbone effectué avec les mêmes périmètres, a émis 570 000 t.eq.CO2.

Sur l’ensemble des émissions du Dakar, la plus grosse part est liée à l’électricité consommée par les téléspectateurs (18,9%), ainsi qu’au transport des spectateurs (18,9%). La consommation de carburant des concurrents sur les 8 000 km de rallye représente quant à elle 2 000 t.eq.CO2, soit les émissions liées à la circulation d’une journée sur le périphérique parisien (40 km).

En Afrique, les déplacements en avion, comme ceux des spectateurs, n’atteignaient pas les chiffres actuels. On estime généralement que 80 % à 95 % des émissions de CO2 dues aux grands événements sportifs (hors compétitions automobiles) sont générés par les spectateurs qui s’y rendent, ce qui explique en partie les mauvais bilans des compétitions mondiales. Les supporters n’hésitent pas à parcourir des milliers de kilomètres pour encourager les équipes. Contrairement aux spectateurs du Dakar, qui en Argentine et au Chili parcourent en moyenne 70 km.

Les circonstances géopolitiques ayant obligé le Dakar à se délocaliser, il devenait cependant urgent de recalculer ce bilan. Selon le cabinet Espere, agréé par l’ADEME, qui a donc procédé à cette étude, « ces chiffres incluent l’intégralité des émissions de CO2 provoquées par la compétition, jusqu’à l’électricité consommée par les écrans des téléspectateurs ».

Reste que les principales émissions de carbone proviennent des carburants utilisés par les quelques 550 véhicules de la caravane, ceux qui font la course et ceux de l’organisation, et par les déplacements d’environ 4 millions de spectateurs. Le site du Dakar les détaille ainsi :

  • Le total des émissions de gaz à effet de serre évalué pour l’édition 2010 du Dakar est de 42800 t.eq.CO2.
  • La plus grosse part de l’augmentation est liée à la partie « public », c’est-à-dire les déplacements des nombreux spectateurs sud-américains : 22 % du total en 2007 vs 48 % en 2010.
  • Les émissions dépendant du périmètre « Rallye », qui regroupe l’organisation (voyages de reconnaissances, etc.), les concurrents (carburant, etc.) et la logistique autour de la course représentent 15 500 t.eq.CO2.
  • La comparaison avec d’autres événements sportifs d’envergure internationale est également instructive. La coupe du monde de football 2010, qui a totalisé 2 700 000 t.eq.CO2, affiche un bilan de 900 000 t.eq.CO2 en retranchant les périmètres « public ». Les émissions générées par une seule journée de compétition en Afrique du Sud représentent donc 1,4 fois l’intégralité des émissions lors de l’édition 2010 du Dakar (21 400 t.eq.CO2 hors public).

Pour compenser ces émissions, ASO (Amaury sport organisation), l’organisateur du rallye, qui prône « une course responsable » a « racheté » 15 000 tonnes éq CO2 en investissant 105 000 € dans le projet Madre de Dios, contre la déforestation de la forêt péruvienne. D’autre part, les responsables du rallye s’enorgueillissent de la présence sur la course de véhicules propulsés aux carburants alternatifs. En fait, 7 véhicules participent à un challenge réservé à ceux-ci : 3 au gaz naturel, 2 à l’huile alimentaire (Toyota) et 2 sont équipés d’un kit hydrogène permettant de diminuer leur consommation de carburant. Petit détail : Toyota fait venir directement du Japon son précieux carburant vert, ce qui demande une logistique très émettrice de CO2 et le fait acheminer par  des camions supplémentaires, qui, eux, ne roulent pas aux carburants alternatifs…

Tout ceci ne risque pas de suffire à apaiser les écologistes, qui y voient surtout une publicité pour une pratique polluante, une « gloire triomphale en faveur de l’automobile », selon Yves Cochet, et qui en demandent l’arrêt. Peut-être que des véhicules électriques seraient mieux vus ? Mais encore faudrait-il améliorer considérablement leur autonomie, et installer des infrastructures pour les recharger en plein désert, infrastructures fonctionnant aux énergies renouvelables bien sûr !

Sources :  Le JDD, Le Parisien, le site du Dakar 2008 et 2011

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