Nous avions déjà parlé de bouses de vaches pour alimenter des centres de données (voir article du 31 mai 2010), mais voilà qu’une étude américaine se penche sur l’utilisation du fumier pour produire de l’électricité. Cette étude, publiée par le Journal of Dairy Science, confirme bien sûr que cela est tout à fait possible, mais que de très lourds investissements sont nécessaires pour la transformation du fumier en énergie et que la rentabilité de l’opération dépend d’un certain nombre de facteurs. D’autant que les fermes laitières seules ne peuvent supporter le financement d’un tel système.
Les réserves ne manquent certes pas : un troupeau de 300 vaches génère quelques 38 tonnes de fumier par jour. Or les Etats-Unis comptent 95 millions d’unités de bétail, qui ont donc la bonté de produire une quantité tout à fait conséquente de fumier : cela représente en fait de quoi élaborer environ 30 milliards de litres d’essence, soit 1 % de la consommation d’énergie du pays.
Mais le rendement économique d’un tel produit dépend de plusieurs facteurs : le prix de base de l’électricité, la prime payée pour l’énergie convertie, le soutien financier de différents organismes dont l’état et la capacité de commercialiser les sous-produits de la méthanisation. Le programme Cow Power du CVPS (Central Vermont Public Service, fournisseur de services énergétiques), sur lequel a porté l’étude, assiste justement les fermes laitières en mettant en place des digesteurs anaérobies, des générateurs permettant de convertir le fumier en électricité, et vends les sous-produits. Les clients acceptent de payer 0,04 $ de plus par kW pour cette énergie de source renouvelable. L’auteur principal de l’étude, le Dr Qingbin Wang, professeur au Département du développement communautaire et d’économie appliquée de l’Université du Vermont, souligne :
Avec plus de 4.600 clients volontaires, et un cumul des primes atteignant les 470 000 dollars par an, le programme « Cow Power » représente un succès pour les énergies renouvelables produites localement avec de nombreux avantages économiques et environnementaux.
Mais équiper une exploitation coûte environ 2 millions de dollars. Sans subvention de l’état et d’autres organismes fédéraux, les fermes seules ne peuvent faire face à un tel investissement initial. Il est tout aussi nécessaire que les revenus tirés de la vente de l’électricité soient conséquents pour les exploitants. Les retombées financières sont réelles, selon l’étude, améliorant la trésorerie jusqu’à 26 % de plus sur le total des recettes en comptant que la chaleur générée par la combustion du biogaz peut être utilisée pour chauffer les bâtiments, tout comme les sous-produits, transformés en litières (les matières résiduelles déshydratées créent une matière fibreuse) ou en compost (le liquide restant est pompé pour fertiliser les champs), utilisés pour les besoins de l’exploitation. Et M. Wang conclut :
Pour toutes les communautés intéressées par un projet d’énergie renouvelable d’origine locale, comme le Programme CVPS « Cow Power », l’engagement fort et la collaboration des services publics, des producteurs laitiers, de clients, et des organismes gouvernementaux au niveau étatique et local demeurent essentiels.
En fait, l’utilisation des digesteurs anaérobie pour produire du biogaz à partir des matières organiques est plus courante en Europe qu’aux Etats-Unis. L’intérêt de ces derniers pour cette technique, bien que récent, croît cependant rapidement.
Sources : Enerzine, Smartplanet…