
Jusque-là, les ONG calculaient chaque année le « Jour de dépassement » pour la Planète, désormais elles calculent aussi le « Jour du dérèglement » climatique. Il marque le jour où la France a émis autant de gaz à effet de serre que ce qu’elle devrait émettre en une année entière, si elle respectait l’objectif de neutralité carbone. Et ce jour du dérèglement est tombé cette année, le 17 mars, selon les calculs du collectif l’Affaire du Siècle.
Découvert climatique depuis le 17 mars
77 jours auront suffi en 2021 pour que la France soit « à découvert climatique », et cette dette climatique va encore se creuser pendant les 9 mois et demi qui restent… Pour effectuer ce calcul, l’Affaire du Siècle a fait appel au cabinet d’étude indépendant Carbone 4. Une estimation des émissions de 2021 a été réalisée sur la base de la tendance historique des émissions françaises corrigées des variations climatiques jusqu’en 2018, et sur la baisse conjoncturelle des émissions observée en 2020 sous l’effet de la Covid-19.
La limite d’émissions annuelles est celle que la Stratégie nationale bas carbone (SNBC) fixe pour 2050 : au maximum 80 Mt éqCO2 (mégatonnes équivalent CO2). Elle correspond aux capacités prévues d’absorption du carbone en France pendant un an en 2050. Ce calcul exclut les émissions liées au transport maritime et aérien ainsi que les émissions dites importées (conformément aux règles de calcul des émissions territoriales de la France).
Un jour du dérèglement 12 jours plus tard qu’en 2020, mais…
Depuis l’année dernière, le collectif d’ONG calcule ce jour du dérèglement afin de mettre en lumière le chemin qu’il reste à parcourir. Si cette année, le Jour du dérèglement est fixé au 17 mars, l’année dernière, il est tombé le 5 mars, soit 12 jours plus tôt. Mieux ? Pas vraiment, l’effet Covid est passé par là simplement ! Ce n’est hélas pas le résultat de mesures politiques pour réduire les émissions. Si la France a réduit ses émissions de 12% depuis l’année dernière, celles-ci sont en effet déjà reparties à la hausse, selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE).
« Malgré les mesures restrictives liées à la situation sanitaire, en 2021, la France devrait tout de même émettre 389 mégatonnes de CO2 équivalent. À ce rythme, la neutralité carbone, prévue pour 2050 ne pourrait être respectée qu’en 2084. L’État ne peut pas se permettre de creuser sa dette climatique – dette que nous paierons, et payons déjà, toutes et tous » précise le collectif. Il estime que le projet de loi Climat et résilience n’est pas à la hauteur de l’urgence climatique.
Source : L’Affaire du Siècle