Le Commissariat général au développement durable (CGDD) a menu une étude sur la production française ou francophone entre 2014 et 2016 de MOOC, ces cours gratuits en ligne, relevant du champ du développement durable, et en présente une analyse qui cherche à déterminer s’ils représentent un innovation pédagogique favorable à la transition écologique.
Les MOOC (acronyme assez peu harmonieux de Massive Open Online Course ou « cours de masse en ligne et gratuit ») ont émergé en 2010 comme outil pédagogique numérique, utilisé par les établissements d’enseignement supérieur tout d’abord, puis par les entreprises, organismes de formation, entreprises, etc. Ils reposent sur 3 leviers : la capacité à toucher un large public, celle à renouveler les pratiques pédagogiques et celle à fédérer des communautés d’apprenants et d’experts. Ils visent donc à diffuser largement les savoirs, compétences et pratiques aux échelles nationale et internationale.
En ce qui concerne la transition écologique, leurs trois objectifs principaux se présentent donc ainsi :
- sensibiliser et acculturer le plus grand nombre à ces thématiques ;
- former pour accompagner les acteurs et les citoyens vers la transition écologique ;
- faire émerger des sujets peu traités sur des thématiques « émergentes » (santé/environnement, pratiques agroécologiques par exemple).
Les universités et grandes écoles française sont les principales productrices en ce domaine, mais d’autres se saisissent maintenant de cet outil. Le CGDD relève dans l’offre de MOOC une prépondérance claire des approches sociétales (44 %) et un traitement important des enjeux de biodiversité (18 %) et d’énergie-climat (13 %).
L’ensemble des inscrits sur les thématiques du développement durable avoisine les 200 000 apprenants sur la période 2014-2016. Mais peu réalisent complètement le parcours pédagogique : entre 5 % et 35 %, ce qui est conforme au secteur global des MOOC. Il s’agit d’un public rompu à l’usage des outils numériques, ainsi qu’aux pratiques de l’enseignement supérieur, ce qui pose la question de la démocratisation réelle à l’accès des savoirs grâce aux MOOC.
L’offre de MOOC français sur les thématiques de la transition écologique se retrouve largement sur la plateforme FUN (France Université Numérique), mais il en existe d’autres, privées ou thématiques (comme la plateforme MOOC Bâtiment durable par exemple).
Quels sont leurs intérêts pour l’action publique en matière de transition écologique ? Autrement dit, quels sont leurs atouts ?
- la capacité d’être vecteur de sensibilisation permettant de diffuser la diversité des formes de savoirs, des outils réglementaires, des bonnes pratiques et des initiatives innovantes ;
- la possibilité de fédérer des communautés d’apprenants et d’experts en offrant un espace de débat utile pour favoriser et animer la controverse autour des questions de transition ;
- la production de contenus éducatifs spécifiques (les « grains pédagogiques ») et l’innovation pédagogique (usage de jeux sérieux ou adaptation individualisée de l’apprentissage) ;
- l’adaptation aux besoins de chaque public : élus, étudiants, salariés, etc.
Mais certaines conditions sont à réunir pour en assurer l’effectivité sur le long terme :
- la véritable adaptation à chaque public en termes de contenu et de forme : l’animation et les formes d’accompagnement sont ainsi des facteurs clés de réussite ;
- la construction d’un modèle économique pérenne que l’écosystème MOOC cherche toujours (les coûts humains et financiers importants généralement financés actuellement par des subventions ou budgets d’amorçage) : d’autres options se dessinent, mais la gratuité et certains usages pourraient être remis en cause.
Enfin, malgré ses atouts, le CGDD ne voit pas dans le MOOC une réponse complète à l’ensemble des besoins de sensibilisation et de formation pour la transition écologique, mais le juge complémentaire à d’autres formes d’apprentissages, ou au contraire introductif vers d’autres outils : il doit en fait s’inscrire dans une boîte à outil plus large.
Une réponse sur “Le MOOC est-il un outil pour la transition écologique ?”