A la veille de la Semaine européenne de la mobilité, les principales lignes du nouveau Plan vélo, promises en juillet, ont été dévoilées. Le gouvernement, avec ce troisième Plan en en 6 ans (les précédents datent de 2012 et 2014), ambitionne de tripler la part de la bicyclette dans les déplacements des Français pour atteindre les 9 %.
Le vélo boudé pour les trajets domicile-travail
Si l’on compare la France à ses voisins européens en effet, la situation n’est guère brillante : les Français effectuent moins de 2 % de leurs trajets domicile-travail à vélo, alors que la moyenne européenne se situe à 7 %. Mieux (ou pire), 58 % des personnes vivant à moins d’un kilomètre de leur lieu de travail utilisent leur voiture particulière pour s’y rendre ! Le même trajet ne leur demanderait pourtant que 5 minutes à vélo.
« La marche, le vélo et les autres mobilités actives sont encore les parents pauvres des politiques publiques« , constate d’ailleurs le Conseil d’orientation des infrastructures (COI) chargé de conseiller le gouvernement. Effectivement, les précédents plans « comprenaient de bonnes idées mais (…) pas de financement« , explique Pierre Serne, président du club des villes et territoires cyclables.
Développer les pistes cyclables
Pour remédier à cette situation et favoriser l’essor de la bicyclette, le Plan vélo comporte des mesures destinées à renforcer les aménagements routiers, la sécurité et à inculquer aux enfants une « culture vélo ». Pour relancer ce mode de transport actif, les premières mesures concernent les infrastructures cyclables. « De nombreux territoires ne bénéficient pas encore d’un réseau structurant de pistes cyclables, permettant un déplacement en vélo fluide et sûr« , selon le gouvernement.
Il a dans ce but créer un fonds dotés de 530 millions d’euros sur 7 ans, afin de participer au financement d’infrastructures permettant d’assurer la continuité des pistes cyclables. Ces aménagements permettront aux cyclistes de franchir en toute sécurité ponts, tunnels ou échangeurs routiers. Alors que le développement du double sens cyclable ne concernait que les routes en agglomération limitées à 30 km/h, il sera généralisé à celles à 50 km/h.
Pour assurer la sécurité des cyclistes au feu rouge, le plan prévoit la généralisation de l’aménagement en amont de tout nouveau feu d’un espace, sorte de « sas » réservé aux cyclistes, qui permettra aux automobilistes de mieux identifier les vélos. Il prévoit aussi l’autorisation pour les cyclistes de porter des dispositifs d’éclairage non éblouissant, ce que le code de la route ne permettait pas.
Le vol, un des freins à l’utilisation des vélos
Autre nouveauté du Plan vélo, afin de lutter contre le vol de vélo dont sont victimes 300 000 ménages chaque année, le gouvernement propose l’immatriculation des bicyclettes. Ceci devrait permettre aux forces de l’ordre de les retrouver plus facilement en cas de vol. Il s’agit là, selon le gouvernement d’un « des premiers freins à la pratique régulière du vélo« .
Pour les vélos neufs, les professionnels devront généraliser le marquage dans les douze mois suivant la promulgation de la loi. Pour les vélos d’occasion, ils ont un peu plus de temps, l’obligation prendra effet dans les 24 mois suivant la promulgation.
Toujours de ce même souci, le gouvernement demande à la SNCF (autour des gares) et aux collectivités locales de construire davantage de stationnements sécurisés. Ainsi, dès 2019, il faudra prévoir l’aménagement d’un parc à vélos à la construction d’immeubles de bureau ou d’habitation. Pour un bâtiment à usage tertiaire, les parkings réservés aux vélos devront pouvoir accueillir ceux de15 % des salariés présents simultanément dans les lieux.
Plus d’indemnité kilométrique, mais un forfait
L‘indemnité kilométrique disparait au profit de la création d’un « forfait mobilité durable ». Il permettra aux entreprises de verser à un salarié jusqu’à 400 euros, en franchise d’impôt sur les sociétés et de cotisations, pour contribuer à leur frais de déplacement domicile-travail. Le précédent système était jugé trop compliqué à mettre en place. L’État, en tant qu’employeur, s’engage quant à lui, à mettre en place ce forfait mobilité durable pour tous les agents de la fonction publique, d’un montant de 200 euros par an.
Les entreprises pourront de plus en partie déduire de leur impôt les frais engagés pour la mise en place d’une flotte de vélos à destination de leurs salariés.
Une « culture vélo »
Enfin le Plan vélo prévoit de développer chez les enfants une véritable « culture vélo », avec la généralisation d’ici 2022 du dispositif « savoir rouler » dans les écoles. Chaque enfant devra ainsi apprendre à pédaler et connaître les règles élémentaires du code de la route, avant son entrée au collège.
Il propose également le déploiement de plans « mobilité scolaire », une sorte de ramassage scolaire à vélo, permettant aux enfants d’effectuer en toute sécurité le trajet domicile-école.
Enfin, la loi d’orientation des mobilités, dans laquelle s’inscrit ce plan, prévoit de donner aux collectivités « les outils nécessaire aux collectivités locales pour encadrer l’implantation de nouveaux services sur les voiries publiques » : vélos, scooters ou trottinettes en libre-service, sans station d’attache.
En revanche, le vélo électrique est le grand absent de ce Plan vélo. Plus d’aides de l’État à l’achat (elles étaient supprimées depuis 2017). Aux collectivités d’offrir, si elles le souhaitent, des subventions à leurs administrés.
Sources : AFP, Boursorama