Les hasards de l’actualité montrent que les pays d’Europe (Union Européenne ou pas) restent très partagés sur l’avenir du nucléaire : alors que l’Allemagne annonce, au contraire de l’année dernière, sa volonté de sortir du nucléaire en 2020, les milieux économiques suisses mettent en garde leur gouvernement contre une sortie trop hâtive de ce mode de production de l’électricité et la France n’y pense même pas, concentrée qu’elle est sur le prix de vente de l’électricité nucléaire aux concurrents d’EDF (l’arenh).
En Allemagne
Selon un rapport rendu public récemment en Allemagne, les plus vieux réacteurs allemands seraient vulnérables en cas de crash d’un avion. Leur sécurité est même qualifiée de « très faible, voire inexistante ». Pour 4 d’entre eux, le crash d’un avion léger – ne parlons même pas d’un A380 – les mettrait en danger.
Les 7 plus anciens réacteurs ont été mis à l’arrêt mi-mars, après le désastre de la centrale de Fukushima, « par précaution ». Mais leur remise en fonctionnement semble de plus en plus improbable, étant donné le tournant pris par le gouvernement allemand : alors qu’il avait décidé l’année dernière de prolonger d’au moins 20 ans la durée de vie des 17 réacteurs du pays, il a en effet totalement revu sa copie, au point d’en revenir pratiquement à la position du gouvernement précédent qui voulait faire sortir l’Allemagne du nucléaire à l’horizon 2020.
En Suisse
Son de cloche tout à fait différent en Suisse : pas de sortie trop rapide, cela mettrait en péril l’économie du pays. Ce sont les milieux économiques qui mettent en garde le gouvernement. On ne parle pas du gel des demandes d’autorisation en vue du remplacement des centrales nucléaires existantes : il est maintenu. Mais les milieux économiques donnent l’exemple de l’Allemagne justement où l’arrêt d’une partie des réacteurs a entraîné une hausse des prix de l’électricité de l’ordre de 15 %.
Sans le nucléaire en Suisse, et en cas de résiliation des accords avec la France, le taux d’auto-approvisionnement du pays n’atteindrait même pas 40 %. Ceci amènerait à une hausse importante du tarif de l’électricité que les entreprises suisses ne pourraient pas supporter, et qui, toujours selon les milieux économiques du pays, se traduiraient par des suppressions d’emploi.
En France
En France, pas question de sortir du nucléaire dans un avenir proche. La seule discussion actuelle concerne le prix de vente de l’électricité nucléaire aux concurrents d’EDF. Et la Commission de Régulation de l’Energie (CRE) semble faire de la résistance. Le gouvernement avait fixé l’arenh (voir notre article du 22 avril) à 40 € le MWh pour 6 mois, puis à 42 € par la suite.
Si l’autorité de régulation de l’énergie approuve la proposition de 40 € du gouvernement pour la période du 1er juillet au 31 décembre, elle diverge ensuite en proposant une fourchette de 36 € à 39 € le MWh. Elle reconnaît que le gouvernement veut anticiper sur l’investissement nécessaires à la mise en sécurité des installations, devenue nécessaire à la vue des conséquences du séisme du Japon, mais précise par ailleurs qu’elle n’est pas actuellement en mesure de les apprécier. Elle préconise donc que ces coûts soient intégrés à l’arenh « qu’à mesure où ils se matérialiseront dans les comptes d’EDF.
Sources : Le Journal de l’Environnement, Romandie, Le Monde