Après avoir débattu sur le retrait américain de l’Accord de Paris, le Parlement européen a adopté la semaine dernière des projets de réduction des émissions de gaz à effet de serre plus ambitieux que les propositions de la Commission. Il réaffirme par ailleurs l’engagement européen à atteindre les objectifs fixés par l’Accord de Paris en matière de lutte contre le changement climatique.
Le débat sur le retrait américain
La décision de retrait américain de l’Accord de Paris a été discuté avec la Présidente des Iles Marshall, Hilda Heine. La première a souligné la vulnérabilité de son pays aux effets du changement climatique : « Avec en moyenne deux mètres d’élévation au-dessus du niveau de la mer, il n’y a aucun endroit où trouver refuge. Mon pays risque de devenir entièrement inhabitable avant la fin du siècle. » Les députés qui ont pris la parole à cette occasion se sont très majoritairement déclarés en faveur de la pleine application de l’accord.
Le Président du Parlement européen Antonio Tajani a ajouté : « Le changement climatique est l’un des plus grands défis mondiaux de notre temps. En s’y attaquant, l’UE crée de nouvelles opportunités pour nos citoyens et notre industrie. La décision de l’administration américaine est tout simplement une erreur. En travaillant ensemble avec nos partenaires dans le monde, nous pouvons parvenir à le rendre plus durable et plus sûr. »
Les propositions de la Commission
En juillet 2016, la Commission européenne a présenté une proposition visant à limiter les émissions les émissions nationales de gaz à effet de serre à partir de 2020, et particulièrement dans des secteurs non-couverts par le système européen d’échanges de quotas d’émissions : transports, construction, agriculture et déchets. Les secteurs visés représentent environ 60 % des émissions européennes. Cette proposition devrait succéder à la décision relative à la répartition de l’effort qui fixe les limites d’émissions pour 2013-2020. Des réductions qui doivent contribuer à atteindre l’objectif de l’UE : diminuer les émissions de gaz à effet de serre de 40 % en 2030 par rapport aux niveaux des années 90.
Les décisions du Parlement
Le Parlement européen va plus loin et propose de faire débuter dès 2018 l’effort de réduction prévu pour 2021-2030. Le but est d’éviter que les pays de l’Union Européenne n’augmentent leurs émissions pendant les premières années ou ne reportent leurs réductions d’émissions. Les eurodéputés ont par ailleurs fixé un objectif pour 2050 : la réduction des émissions de gaz à effet de serre de 80 % au moins par rapport à 2005. Mais afin d’encourager les Etats-membres à prendre des mesures avant 2020, ils ont décidé de « récompenser les mesures précoces. » Ainsi, ceux qui anticiperont bénéficieront de davantage de flexibilité pendant la période ultérieure. Ce dispositif bénéficiera particulièrement aux pays dont la capacité d’investissement est moindre : ceux dont le PIB par habitant est inférieur à la moyenne de l’UE. Ces pays pourraient ainsi emprunter jusqu’à 10 % de leurs allocations annuelles de l’année suivante afin d’atteindre leur objectif.
Le rapporteur du texte (adopté par 534 voix contre 88 et 56 abstentions), Gerben-Jan Gerbrandy (Pays-Bas) a conclu : « Ce vote envoie un signal très clair à Donald Trump : l’Europe tient ses engagements dans l’Accord de Paris et saisit les opportunités de la croissance verte, avec ou sans lui. Presque tous les groupes politiques ont approuvé une législation forte et ambitieuse. »
Source : Parlement Européen