Alors qu’en France EDF vient de trouver un accord avec l’Etat pour compenser ses déficits cumulés au titre de la CSPE (Contribution au Service Public de l’Electricité), l’UFE (Union Française de l’Electricité) nous apprend qu’en Allemagne, l’équivalent de cette taxe, l’EEG, a bondi de 47 % entre le 1er janvier 2012 et le 1er janvier 2013.
En cause dans ce cas, le déploiement à un rythme très soutenu du photovoltaïque, que le gouvernement allemand subventionne et subventionnera jusqu’à avoir atteint les 52 GW installés. Comme, au 1er janvier 2013, la capacité était de 32,4 GW, l’augmentation de l’EEG a encore un bel avenir. Du coup, la facture énergétique des ménages allemands s’envole : le MWh est passé en un an de 36 € à 53 €. Autrement dit, pour la consommation moyenne d’un ménage allemand, cela représente un impact annuel de quelque 185 €. La facture électrique moyenne d’un foyer s’élève désormais à 1 000 €. Et encore, le niveau de subvention au photovoltaïque a-t-il été diminué de 50 % par rapport au dispositif initial. Mais l’augmentation va continuer, puisque, pour atteindre le parc photovoltaïque cible, la facture doit encore s’alourdir de 25 € à 30 € par MWh d’ici 2015.
« Malgré un impact financièrement exorbitant, le gouvernement allemand maintient fermement le cap sur le développement du solaire » , souligne l’UFE. Mais la disponibilité du photovoltaïque est relativement faible (12 % en moyenne) en Allemagne, ce qui oblige le pays à se doter d’ici 2020 d’une capacité installée de 220 GW au total, contre 145 GW en France, pour obtenir « une production finale proche. » Mais les conséquences se feront sentir au-delà des frontières allemandes :
En été, le système électrique allemand va disposer d’une capacité très importante de déséquilibre des marchés en pouvant proposer des volumes très importants à l’export et ceci à « vil » prix, puisque largement subventionné. Enfin, à partir de 2015, ce qui reste de l’industrie du PV en Allemagne sera obligé de s’engager totalement à l’export et deviendra donc un concurrent redoutable pour une filière française en émergence si celle-ci ne s’est pas engagée, d’ici-là, dans des technologies nettement plus sophistiquées.
Au final, qui va payer ? s’interroge l’UFE. L’Espagne qui s’était engagée dans la même politique que l’Allemagne ne peut plus faire payer les clients finaux, « ceci a généré une grand partie de la titrisation de près de 40 Mds € de recettes non perçues par les électriciens. » Pour la France par contre, la CSPE – qui a pour but, outre de compenser certaines charges de service public, de favoriser le développement des énergies renouvelables – non-refacturée s’élève à 7 milliards d’euros. L’accord passé avec le gouvernement français permettre de solder une créance de 4,9 milliards d’euros d’ici fin 2018.