Le Plan de déploiement de l’hydrogène, présenté par le Ministre de la Transition écologique et solidaire, est organisé autour de trois axes : l’industrie, l’énergie et la mobilité. Il a pour but de développer les avantages industriels français et préparer le déploiement massif de cette molécule indispensable à la transition énergétique. Dès 2019, des investissements de 100 millions d’euros sont prévus. L’ADEME pilotera le déploiement de ces crédits et accompagnera les projets et les acteurs de la filière partout en France.
Premier axe : une filière industrielle décarbonée
Le premier axe consiste donc à créer une filière industrielle française décarbonée. Pour cela, trois mesures sont prévues :
- Mesure n°1 : Intégrer des objectifs spécifiques à l’hydrogène dans les usages industriels :
-10 % d’hydrogène décarboné dans l’hydrogène industriel d’ici à 2023
-Entre 20 à 40 % d’ici 2028.
- Mesure n°2 : Mettre en place dès 2020 un système de traçabilité de l’H2, s’inscrivant dans le cadre européen en cours de discussion (révision de la directive relative aux énergies renouvelables).
- Mesure n°3 : Assurer la mise en évidence de l’impact environnemental de l’hydrogène dans la réglementation relative aux gaz à effet de serre, ce qui permettra de différencier l’hydrogène en fonction de son mode de production :
– en inscrivant l’hydrogène dans la Base Carbone® gérée par l’ADEME ;
– en faisant ressortir l’hydrogène comme un vecteur énergétique, au même titre que l’électricité, la vapeur… au niveau national comme à l’international
Deuxième axe : le stockage de l’énergie
Le second axe vise à ouvrir de nouvelles perspectives de stockage pour les énergies renouvelables. Il comprend quatre mesures :
- Mesure n°4 : Lancer rapidement des expérimentations dans les territoires isolés. Les électrolyseurs sont en mesure d’apporter immédiatement des services aux réseaux électriques et un débouché supplémentaire au développement des énergies renouvelables.
- Mesure n°5 : Identifier les services rendus par l’hydrogène, pour leur donner une valeur. Pour la métropole continentale, RTE et ENEDIS auront pour mission d’identifier la valeur des services rendus au réseau par les électrolyseurs et les moyens existants ou à mettre en place pour valoriser ce type de service. Cela permettra de développer les business models de l’hydrogène.
- Mesure n°6 : Identifier les besoins pour le stockage par hydrogène pour chaque zone non interconnectée. EDF (par son entité dans les territoires insulaires appelés Systèmes Energétiques Insulaires) et l’ADEME sont chargées de caractériser pour chaque zone non interconnectée les services que peuvent rendre les électrolyseurs afin de permettre aux collectivités concernées de prévoir dans leurs programmations pluriannuelles de l’énergie des mesures et objectifs spécifiques concernant le stockage et l’hydrogène.
- Mesure n°7 : Déterminer les conditions techniques et économiques d’injection d’hydrogène acceptables pour les réseaux. Afin de préparer l’arrivée du procédé « power-to-gas » qui permet de procéder à la conversion de l’électricité issue des énergies renouvelables, les transporteurs et distributeurs de gaz devront déterminer ces conditions techniques et économiques. Un rapport intermédiaire est attendu pour la fin 2018.
Troisième axe : les transports
Le dernier axe vise à évoluer vers une solution zéro émission pour les transports. Il comprend sept mesures :
- Mesure n°8 : Déploiement des écosystèmes territoriaux de mobilité hydrogène sur la base notamment de flottes de véhicules professionnels :
– 5 000 véhicules utilitaires légers et 200 véhicules lourds (bus, camions, TER, bateaux) ainsi que la construction de 100 stations, alimentées en hydrogène produit localement à l’horizon 2023 ;
– de 20 000 à 50 000 véhicules utilitaires légers, 800 à 2000 véhicules lourds et de 400 à 1000 stations à l’horizon 2028.
- Mesure n°9 : Accompagner le développement d’une gamme de véhicules lourds routiers mais aussi pour d’autres modes : bateaux, trains, aéronautique. Des appels à manifestation d’intérêt utilisant les outils existants de soutien à l’innovation seront lancés.
- Mesure n°10 : Accompagner le déploiement de flottes territoriales, de véhicules hydrogène (camions, véhicules utilitaires, bus…), sur la base de l’hydrogène produit dans la phase d’amorçage industriel.
- Mesure n°11 : Lancer une mission parlementaire d’ici la fin du premier semestre 2018 pour élaborer une trajectoire de verdissement du parc ferroviaire (remplacement des locomotives aux automotrices les plus polluantes).
- Mesure n°12 : Afin d’accompagner les projets, l’ADEME aura une mission de pilote pour l’Etat, consistant à orienter les porteurs de projets notamment pour les questions réglementaires ou de financement, de structurer et de piloter les déploiements d’écosystèmes hydrogène et d’assurer un rôle de mise en cohérence des sujets relatifs à l’hydrogène.
- Mesure n°13 : Poursuivre le travail important déjà réalisé pour clarifier la réglementation relative à la sécurité et à la prévention des risques. D’ici mi-2018, un cadre réglementaire spécifique pour les stations-services distribuant de l’hydrogène sera mis en place.
- Mesure n°14 : Instruire et accompagner la création d’un centre international de qualification – certification de composants H2 haute pression pour la mobilité routière, l’aéronautique, le maritime, le fluvial, le ferroviaire.