Vous connaissez la blague du menuisier belge qui dit : « Je ne comprends pas. Cela fait dix fois que je recoupe cette planche, et elle est toujours trop courte. » Eh bien, c’est un peu ce qui est en train d’arriver avec le réchauffement climatique et la vigueur des arbres de nos forêts.
Des chercheurs du CEMAGREF ont observé et étudié sur plusieurs années comment la sécheresse affecte la forêt méditerranéenne. Michel Vennetier contribue au projet Drought (qui signifie sécheresse en anglais) piloté par le CNRS avec le Cemagref, l’Inra et l’université d’Aix-Marseille. Il explique les résultats inédits obtenus par le projet :
L’arbre produit beaucoup moins de branches, il est donc affaibli et plus vulnérable aux maladies et parasites. Les effets d’une forte sécheresse se ressentent près de 7 à 8 années. Chez les chênes, l’avortement des fructifications compromet leur reproduction. La modification de l’architecture a également un impact plus général sur la forêt. Les houppiers des pins étant plus clairsemés, le microclimat au niveau du sol est plus chaud et plus sec.
L’architecture de l’arbre, sa forme et ses branches seraient donc modifiés durablement par le réchauffement climatique.
Pour étudier ce phénomène, les chercheurs ont créé un véritable laboratoire en pleine nature. Ils ont découpé le territoire observé en zones de 900m2, certaines sont privées d’eau par un système de gouttière, d’autres au contraire reçoivent 30% d’eau en plus par irrigation et certaines enfin sont laissées intactes pour servir de zones témoins. L’observation a été menée en continu sur le développement saisonnier d’un écosystème de quatre étages de végétations comprenant des pins d’Alep et trois espèces de chênes.
La conclusion apportée par Michel Vennetier est la suivante :
Si le réchauffement a pu être bénéfique pour la productivité des forêts jusqu’en 1998, cette étude montre que l’on passe aujourd’hui un seuil critique en terme de résistance des arbres.
2 réponses sur “Le rechauffement climatique modifie la forme des arbres et les rend plus vulnérables”
Bonjour
Dans mon bourg (village de 10’000 habitant.e.s, en plein développement, situé à 600m d’altitude), je constate que autour des nouvelles écoles et cheminements qui y mènent, on plante beaucoup de pins, cela j’imagine afin d’avoir moins de feuilles à ramasser !! J’aurais voulu savoir si les pins absorbais autant de C02 que d’autres arbres. Au vu de mes lectures et vu que ces arbres sembles mal supportés sécheresse et augmentation des températures, j’aimerai savoir quels arbres il faudrait conseiller.
Je suis conseillère communale Verte et désire déposé une intervention sur l’adaptation à ces changements.
Bonjour Madame Roulet,
Merci de l’intérêt que vous portez à nos articles. Il s’agit là d’un vaste sujet, demandant certainement des recherches approfondies. Cependant, nous pouvons peut-être vous fournir les quelques éléments ou pistes de réponses que nous avons rassemblés :
Tout d’abord, un arbre qui capture du CO2 est un arbre qui grandit. Mais il est très difficile de savoir qui en capture le plus (ceux qui grandissent vite ou ceux qui grandissent longtemps ?). Quant aux sélections d’arbres à planter, ça dépend de nombreux paramètres et on ne sait pas si les essences qui se portent bien aujourd’hui survivront aux perturbations climatiques dans 30 ans (âge moyen de maturité d’un arbre). L’INRAE fait beaucoup de recherches là-dessus actuellement. La meilleure stratégie à adopter est de planter beaucoup d’essences différentes, en espérant que certaines survivent dans le temps. Et de privilégier les essences locales, de fait plus résistantes puisque déjà adaptées, et qui se portent bien actuellement dans la région où se trouve votre commune. Les collectivités plantent beaucoup de pins pour leur croissance rapide. Le critères d’absorption de CO2 semble cependant à la marge au vu de la quantité. En revanche, le pollen des conifères. comme le pin est particulièrement allergisant (il est très fin puisqu’il doit être transporté par le vent).
Voici de plus quelques liens qui vous permettront certainement d’aller plus loin dans les informations dont vous avez besoin :
Il semblerait que la concentration excessive de CO2 dans l’air augmente la mortalité des arbres et donc diminue leur capacité à stocker du carbone (source : https://www.nature.com/articles/s41467-020-17966-z)
Mais l’ONF (https://www.onf.fr/) est censé travailler sur l’adaptation aux changements climatiques et pourrait certainement vous donner des éléments plus précis, ainsi que l’INRAE (https://www.inrae.fr/).
Vous pouvez aussi vous référer au réseau Reforesta qui a publié une réflexion sur le carbone forestier : on y parle de substitution d’essences et de l’importance du sol d’une forêt qui stocke presque autant de carbone que sa biomasse (plutôt que de planter des arbres seuls) et de bien d’autres choses encore sur la gestion de la forêt. https://www.researchgate.net/publication/275955696_Le_carbone_forestier_en_mouvements_Elements_de_reflexion_pour_une_politique_maximisant_les_atouts_du_bois_Lyon_Rapport_REFORA_40_pages
Et enfin un article du site Ecotree (https://ecotree.green/combien-de-co2-absorbe-un-arbre) qui peut aussi vous apporter quelques éléments.