Dans le cadre du Grenelle de l’environnement, les participants avaient affiché la volonté de développer des transports de marchandises plus propres : le fret ferroviaire et le fret fluvial, qui après avoir été délaissé pendant des années revient peu à peu. L’objectif est de doubler la part du transport fluvial, ferroviaire et maritime d’ici 2020, soit 25 % des transports de marchandises contre 14 % actuellement.
Plus respectueux de l’environnement que le transport routier, le transport fluvial s’affiche plus économe du point de vue énergétique : en moyenne et à distance comparable, il se révèle 3 fois plus efficace. Précédé bien entendu par le transport des marchandises par chemin de fer, il émet cependant 2 à 4 fois moins de Co2 que le transport par camion. Ses émissions se situent entre 21 et 44 g de CO2 par tonne transportée et par kilomètre, contre 79 g de CO2 pour le routier. 2 fois moins pour les péniches les plus anciennes, mais 4 fois moins pour celles qui bénéficient d’une technologie récente.
Un mode de transport de marchandises en chute libre dans les années 90
Au début des années 70, on comptait encore 12,4 milliards de tonnes.kilomètres (Mds de t.km) à son actif pour tomber dans le milieu des années 90, à seulement 5,8 Mds de t.km. Mais peu à peu, à partir de 1995, le transport fluvial grignote de nouveau des parts de marché, et se redresse à 7,9 Mds de t.km en 2005, puis gagne encore 1,2 % en 2006, frôlant les 8 Mds de t.km. Mais à partir de 2007, on note un léger tassement. Et on arrive à 7,5 Mds t.km en 2009, en recul de 1,1 % par rapport à l’année 2008.
Le phénomène est le même pour les entreprises : dans les grandes années de la navigation fluviale, on comptait facilement 8000 entreprises, essentiellement artisanales. Elles n’étaient plus que 585 en 2000, mais 750 l’an dernier et 750 nouvelles dans les 10 ans à venir selon la Chambre Nationale de la Batellerie Artisanale.
Un canal Seine-Nord Europe à l’horizon 2015
Une preuve indéniable de la bonne santé relative du secteur réside dans le creusement d’un nouveau canal qui reliera la Seine au canal Dunkerque-Escaut. Le canal Seine-Nord Europe aura une longueur de 106 km sur une largeur de 54 m. Il devrait être inauguré en 2015.
Le ministère de l’Ecologie, de l’Energie, du Développement Durable et de la Mer estime qu’à l’horizon 2020, il transportera entre 13,5 et 15 millions de tonnes de marchandises, évitant ainsi près de 500 000 camions sur les routes, avec des retombées intéressantes en matière de réduction de gaz à effet de serre.
En effet, une péniche transportant 200 conteneurs développe 30 fois plus de puissance qu’un camion, mais ce dernier ne peut déplacer qu’un seul conteneur à la fois. 1 kg de pétrole (1,3 litre) permet de déplacer 83 tonnes sur 1 km pour le transport fluvial contre 39 tonnes sur 1 km pour le transport routier.
Il s’agit bien ici d’un transport de masse : un convoi peut déplacer 5 000 tonnes, soit l’équivalent de 5 trains ou de 250 camions, en toute sécurité, avec une grande fiabilité et sans nuisances sonores. Alors que le transport fluvial était traditionnellement réservé au vrac (produits agricoles, matériaux de constructions…), la généralisation des conteneurs adaptés aux péniches lui permet maintenant de transporter de plus en plus de produits manufacturés : 450 000 conteneurs ont circulé en 2009 contre 129 000 dix ans plus tôt.
La situation actuelle du transport fluvial, ferroviaire et routier
L’année dernière, le fret ferroviaire a représenté 10 % seulement des marchandises transportées en France, le transport fluvial 5 % et les camions 85 %. En 2009, en raison de la crise, le fret routier a enregistré une chute de 18,6 % et le ferroviaire de 24 %. Par contre le fret fluvial a légèrement augmenté : 10 % des marchandises au départ de Rouen par exemple contre 6,8 % l’année précédente.
Il existe actuellement en France 6 700 km de voies navigables : 3 800 km de canaux et 2 900 km de fleuves. Et considérablement plus de voies ferrées, dont on regrette qu’elles ne servent pas plus au déplacement des marchandises, puisque c’est de loin le transport le moins émetteur de CO2. Le Grenelle de l’environnement a prévu de favoriser ces deux modes de transport des marchandises : pour le transport fluvial, le développement est en cours, mais le ferroviaire par contre semble quelque peu délaissé.
Pour une bonne comparaison entre transport routier et transport fluvial, VNF (Voies Navigables de France) a mis au point un éco-calculateur, EVE (Eco-calculateur de la Voie d’Eau) que nous avons présenté dans un article au mois d’octobre.