La vente en vrac connaît depuis quelques années un véritable engouement en France. Toutes les grandes surfaces s’y mettent et les rayons dédiés se multiplient. Mais, à y regarder de plus près, quelles conséquences a ce mode de vente en matière d’impact environnemental, d’hygiène des produits ou encore de leur prix ? L’UFC Que choisir a mené une enquête sur ces différents aspects.
Le vrac très minoritaire mais en pleine expansion
Bien que la vente en vrac reste encore très minoritaire (0,75 % des ventes hors produits frais actuellement), son chiffre d’affaires a connu une croissance moyenne de 50 % entre 2013 et 2019. Elle ne se réduit pas aux fruits secs et céréales en silo, elle inclut désormais toutes sortes de produits alimentaires ou non : des liquides (huiles, vinaigres… et même du yaourt en expérimentation), mais aussi des cosmétiques et des détergents.
Les « poids lourds » de l’industrie se lancent aussi : des marques comme Danone, Unilever et même Nestlé mènent ainsi des expérimentations sur une partie de leurs produits. Pour certains clients, la vente en vrac représente la possibilité de n’acheter que ce dont ils ont besoin, d’autres y voient une contribution à la réduction des emballages. Même si le bio a été pionnier en la matière, d’autres consommateurs restent cependant réticents et se posent principalement des questions d’hygiène et d’impact environnemental réel.
Vente en vrac : un impact environnemental mal connu
« Le vrac ne fait pas disparaître l’emballage », nuance le Conseil national de l’emballage en réponse aux allégations, qu’il juge abusives, du secteur. « Dès lors qu’on ne consomme pas les denrées sur leur lieu de production, il y a forcément des emballages pour les protéger, les transporter ou les stocker ». Même si le consommateur ne les voient pas, ils existent et ne se recyclent pas toujours. Réduction » oui, mais pas « suppression ».
Mais l’impact environnemental dépend également du comportement des clients. Placer ses courses dans des sachets en papier kraft et jeter ses derniers à l’arrivée à la maison manque de cohérence. Pour les sacs en tissu et les bocaux dans lesquels investissent les consommateurs adeptes de la vente en vrac, « ils doivent servir longtemps pour que la démarche reste verte », précise l’organisation de consommateurs.
En fait, outre la question de l’emballage, l’ADEME ne peut que constater un manque de données sur l’impact environnemental global des produits vendus en vrac. Des interrogations subsistent sur le transport, mais aussi sur les modes de conservation dans les magasins et à la maison (et donc le gaspillage). L’agence a prévu de mener des analyses de cycles de vie comparées.
L’hygiène, enjeu majeur
Une hygiène irréprochable fait partie des défis à relever. L’industrie conventionnelle attire l’attention sur le rôle protecteur des emballages. Les tests menés par l’organisation de consommateurs ne révèlent actuellement « pas de problèmes sanitaires importants ». Mais « mais la filière devra confirmer ce savoir-faire lorsque des denrées plus sensibles comme les produits laitiers seront proposées ».
On déplore cependant le manque d’affichage, plus que fréquent, sur la valeur nutritionnelle du produit, son origine ou encore sa date de péremption. L’approvisionnement en produits bio et locaux reste limité, hors magasins spécialisés. « Praticité, prix raisonnables, qualité sanitaire : atteindre ces objectifs s’avère indispensable dans une perspective de développement de l’offre ».
Et les prix des produits vendus en vrac ?
Les produits vendus en vrac sont-ils vraiment moins chers que les produits préemballés ? Pour répondre à cette question, l’organisation de consommateurs a mené une enquête dans 11 points de vente. « Bilan, si les denrées en vrac sont, globalement, 6 % moins onéreuses, on constate d’importantes différences selon les catégories. Lorsque le marché est très concurrentiel, celles-ci affichent des prix supérieurs au préemballé (+ 5 % pour les pâtes ou le riz, + 9 % pour les céréales de petit-déjeuner), alors que dans d’autres rayons, on peut réaliser de très bonnes affaires : les fruits secs et les légumineuses se vendent à des tarifs respectivement 21 % et 18 % moins élevés. »
Elle met cependant en garde car ces efforts sur les prix risquent de ne pas durer. Amortir les meubles de distribution, les coûts de personnel pour assurer la conservation, l’hygiène, la traçabilité, l’information légale représente des charges supplémentaires pour les points de vente. « Pour diverses raisons (…), de nombreux distributeurs réduiraient, quand c’est économiquement possible, leur marge sur le vrac. Un effort qui risque de ne pas être éternel. »
Source : UFC Que Choisir