Selon un récent avis de l’ADEME, l’effacement diffus des consommations électriques résidentielles permettrait de réaliser une économie moyenne de 7 % à 8 % d’électricité en coupant l’alimentation du chauffage de 15 à 20 minutes par heure.

La bonne gestion du système électrique présente potentiellement, selon l’agence, de nombreux avantages. L’électricité étant difficilement stockable, RTE doit tenter de supprimer en temps réel les écarts entre la production et la demande, et faire appel en cas de pointes de consommation à des centrales souvent fortement émettrices de CO2. Une autre solution réside donc dans l’effacement, c’est-à-dire « la coupure immédiate et coordonnée de certains postes de consommation » . L’enjeu est considérable : entre 2007 et 2012, la puissance appelée a crû de 14 % en période de pointe, et 1°de moins en hiver l’augmente, à la pointe de 19 heures, de 2 300 MW. « L’effacement résidentiel ou effacement diffus consiste à réduire temporairement la consommation d’électricité d’un grand nombre de petits sites, en particulier de logements, de façon à diminuer la demande » , grâce à un boîtier, installé sur le tableau électrique, qui commande certains usages en temps réel (chauffe-eau par exemple).
Cela permet donc à l’opérateur d’éviter un appel de puissance important. Cette technique, bénéfique sur la gestion du réseau, l’intégration des énergies renouvelables et les émissions de CO2, pourrait aussi entraîner une diminution de la consommation annuelle d’électricité des utilisateurs. Elle diminue le recours à la production par centrales thermiques émettrices de CO2, ainsi que les contraintes d’acheminement sur les réseaux électriques, « ce qui pourrait permettre à terme de diminuer certains investissements nécessaires pour le renforcement » de ce dernier. Elle permet de plus d’éviter, dans les zones sensibles (PACA, Bretagne), des saturations entraînant des chutes de tension ou la coupure totale de certains usagers. L’effacement peut aussi être utilisé pour combler temporairement un déficit de production des énergies renouvelables (par exemple la production des éoliennes en cas de baisse du vent).
Un équipement comme le chauffe-eau s’adapte bien à ces objectifs, car, selon les observations, les plages horaires de consommation ont peu d’impact sur le confort des clients ou sur leur consommation électrique globale. Pour le chauffage électrique, les économies d’énergie engendrées par l’effacement peuvent toutefois être en partie annulées par le surplus de consommation à l’issue de la période d’effacement pour remettre le logement à la température souhaitée (effet report).
Mais une étude menée par l’ADEME et le CSTB (Centre scientifique et technique du bâtiment) sur un panel de 2 800 adhérents à l’effacement diffus dans l’ouest de la France fait apparaître des économies d’énergie par les effacements de chauffage, mais pas sur les ballons d’eau chaude sanitaire. Le taux d’économie d’électricité obtenu les jours d’effacement rapporté à la consommation moyenne journalière totale d’un foyer se situe entre 6,8 % et 8,3 %, selon scénario : 15 minutes en moyenne par heure 24 fois par jour ou 20 minutes en moyenne.
De plus, il ne faut pas non plus nuire au confort des foyers. L’étude va donc être poursuivie pour évaluer précisément l’impact des effacements sur la température des logements et le confort des usagers. Il faut d’autre part déterminer l’origine de ces économies : compensation par les logements voisins, correction indirecte d’une mauvaise régulation, baisse de température ayant un impact ou non sur le confort ?
Un autre avantage réside dans les bénéfices qu’en tirent les clients : s’ils ne sont pas rémunérés pour les services rendus au réseau, ils voient leurs factures baisser en raison des économies réalisées. Ils peuvent souvent aussi bénéficier de services supplémentaires (informations sur leur consommation qui leur permet de mieux la gérer).
D’autres points de vigilance restent encore à étudier : l’acceptabilité sociale de cette mesure et l’adhésion pérenne des utilisateurs, les pertes de confort que ceux-ci se révèlent prêt à accepter, leurs sources de motivation (services supplémentaires ou conséquences positives sur l’environnement). Il faut aussi prendre en compte les aspects de respect de la vie privée des consommateurs et la confidentialité des données recueillies, et les modèles d’affaire entre les opérateurs d’effacement, les fournisseurs d’électricité et les adhérents. Ainsi, conclut l’agence :
L’ADEME considère que l’effacement diffus présente un important potentiel en termes de gains environnemental, social et économique grâce aux diminutions des appels à la pointe, aux bénéfices d’une intégration des énergies renouvelables facilitée et aux économies d’énergies que cette technique est susceptible d’induire directement ou indirectement.
Source : ADEME