Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), qui a actualisé ses scénarios pour 2040, il faut des politiques plus ambitieuses pour limiter le réchauffement planétaire à 2°C, et cela passe notamment par une amélioration de l’efficacité énergétique. Le scénario reprenant les engagements pris par les Etats lors de l’Accord de Paris montre son insuffisance pour obtenir le résultat voulu.
Trois scénarios
Dans son rapport sur l’état énergétique du monde, l’AIE plaide pour une énergie accessible, fiable et durable. Trois paramètres qui interagissent entre eux, mais sont fortement tributaires des politiques menées par chaque pays. Elle définit trois scénarios possibles pour 2040 : maintenir la situation actuelle (Current Policies Scenario – CPS), suivre les engagements pris dans le cadre de l’Accord de Paris (New Policies Scenario – NPS), adopter des choix décisifs et ambitieux (Sustainable Development Scenario – SDS).
Or, selon le rapport, sans même parler du scénario CPS, les engagements pris lors de la COP21 mis en œuvre, le scénario NPS donc, ne parviendraient pas à maintenir le réchauffement planétaire à 2°C. Pour y arriver, les Etats doivent suivre les lignes directrices du scénario SDS. Mais un gouffre sépare les politiques actuelles des mesures qu’il serait nécessaire de prendre.
Le scénario NPS
Dans le scénario NPS en effet, alors que la population se multiplie (9 milliards en 2040) et que l’économie globale continue sa croissance (+3,4 % par an en moyenne), on se dirige vers une hausse de la consommation d’énergie primaire de 25 % entre 2017 et 2040. Et encore, c’est parce qu’une amélioration de l’efficacité énergétique permet d’éviter une hausse de 50 %.
Dans ce même scénario, la consommation d’électricité augmente de 60 %, quasi-exclusivement exclusivement du fait des pays en développement. La part de l’électricité finale passe de 19 % en 2017 à près de 24 % en 2040. Parallèlement, les énergies renouvelables intermittentes progresse fortement et le système électrique demande plus de flexibilité : moyens de production classiques, mais aussi d’autres solutions comme le stockage ou la modulation de la demande.
Toujours dans ce scénario, selon l’AIE, le charbon dominerait toujours dans la production d’électricité (10 355 TWh), devant le gaz (9 701 TWh), l’hydraulique (6 179 TWh), l’éolien (4 690 TWh), le solaire (3 839 TWh) et le nucléaire (3 726 TWh). Pour le NPS, malgré la montée en puissance des sources non carbonées et avec une petite baisse de la production pétrolière, un réel progrès serait fait avec 2 millions de décès en moins dus à la pollution de l’air, mais les émissions de gaz à effet de serre stagneraient, au lieu d’être réduite au moins de moitié pour vraiment lutter contre le réchauffement planétaire.
Le scénario NPS, en ligne avec es engagements de l’Accord de Paris, ne suffit donc pas.
Le scénario SDS avec une efficacité énergétique accrue
Le scénario SDS demande en revanche des politiques adaptées, qui obligeraient entre autres :
- à faire baisser l’usage du charbon dans le monde à son niveau de 1975, ainsi que celui du pétrole après 2020,
- à stabiliser la consommation globale d’énergie primaire et à développer les usages de l’électricité, jusqu’à une part de 28 % de la consommation d’énergie finale (contre 19 % actuellement),
- à promouvoir très largement toutes les solutions d’efficacité énergétique (transports moins énergivores, industrie, système de management de l’énergie, rénovations performantes des logements et utilisation de matériels efficaces).
Avec le SDS, les émissions de gaz à effet de serre seraient réduites de 17,6 gigatonnes par an. Ce scénario inclut de plus une analyse des besoins croisés de l’eau et de l’énergie. Seul le scénario durable permet d’avoir un moindre impact sur la ressource eau, pour laquelle les tensions géopolitiques pourraient rapidement créer des situations de conflit.
Source : Energie Plus n°616