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Les Amis de la Terre : « Les marques limitent la durée de vie de nos biens »

BiensLes produits high-tech s’imposent de plus en plus en plus dans notre quotidien, et les ventes de téléphones, tablettes et autres ordinateurs portables explosent sans que l’on ait vraiment connaissance de leurs impacts environnementaux. Partant de ce constat, les Amis de la Terre publient un rapport sur l’obsolescence programmée des produits, notant, comme beaucoup de consommateurs, que « des produits sont mis sur le marché avec des systèmes de mise à jour, des consommables ou des pièces détachées pendant une période limitée à quelques années seulement« .

Les bonnes intentions peinent à se concrétiser, selon ce rapport, car les directives européennes et les engagements volontaires des entreprises constituent des réponses encore largement insuffisantes. Ainsi, les nouveaux produits high-tech, souvent présentés comme plus « verts » , auraient, selon les constructeurs un faible impact environnemental, car ils limiteraient l’utilisation du papier. Mais si la priorité est accordée à l’innovation et à la mise sur le marché de produits économes en énergie, les économies d’énergie ne tiennent pas compte de l’ensemble du cycle de vie, dont les analyses montrent que la phase d’utilisation des appareils n’est pas la plus impactante, contrairement à la gestion de sa fin de vie. Pour réduire l’empreinte d’un téléphone, il faut allonger au maximum sa durée de vie. Or des études montrent que l’utilisation d’un ordinateur portable dure de 3 à 4 ans et que celle d’un téléphone ne dépasse pas en moyenne 18 mois. De plus, en raison principalement de l’intensité d’usage et de  la commercialisation de nouveaux modèles, les émissions de gaz à effet de serre s’affichent à la hausse.

En 2012, il s’est vendu dans le monde davantage de smartphones que de simples téléphones portables. Pour rester dans la course, les constructeurs misent sur la vente de nouveaux produits au détriment de l’atténuation pourtant promise et annoncée des impacts environnementaux négatifs.(…)

En France, la consommation énergétique des produits high-tech est évaluée à 13,5 % du total de la consommation électrique, soit 5 % des émissions de gaz à effet de serre36. La demande d’énergie de ces produits en raison de l’augmentation du nombre de produits (smartphones, tablettes, ordinateurs) et de l’usage plus intensif qu’il en est fait ne cesse d’augmenter, cette croissance est de l’ordre de 5 à 10 % par an.

En matière de risques liés à l’utilisation et à l’élimination pourtant, l’Union Européenne tente d’encadrer les produits (obligation d’affichage du DAS – débit d’absorption spécifique – directive encadrant les substances toxiques, l’utilisation de métaux lourds et leur élimination). Mais le taux de collecte reste encore marginal (2,2 % en 2009, 4,35 % en 2011). Le recyclage représente cependant une alternative à l’extraction minière insuffisamment exploitée, souligne le rapport.

Mais les volumes de ventes sont portés par la durée de vie très courte des produits high-tech. Ainsi pour le téléphone mobile, sa durée de vie se trouve souvent conditionnée par offres commerciales des opérateurs (abonnements avec renouvellement du matériel, parfois très fréquent – 1 an pour Bouygues – comme moyen de fidélisation) :

Le système de fidélisation favorise le renouvellement fréquent des téléphones portables, selon une logique simple : le consommateur paye son téléphone chaque mois, il est donc incité à en changer au terme de la durée d’engagement ; et même s’il ne le change pas, il continuera à payer la part lié au subventionnement du téléphone.

Les Amis de la Terre soulignent d’autre part que les consommateurs sont potentiellement bien protégés, mais encore trop souvent mal informés. Les revendeurs promeuvent ainsi l’achat d’une extension de garantie, en communiquant sur le remplacement à neuf plutôt que sur l’allongement de la durée de vie de l’appareil. Et de toute façon, les tarifs des prestations de réparations constituent un autre frein à ces dernières :

Le consommateur dans de nombreux cas sera incité à acheter un produit neuf, le prix du renouvellement de la batterie étant relativement cher et de nouvelles générations étant disponibles à un prix intéressant, notamment pour les téléphones, smartphones ou tablettes.

Les durées de vie sont ainsi « sous contrôle » en raison d’obsolescence technique et technologique en série. Il en va ainsi pour les batteries intégrées (collées, voire soudées) : la directive européenne précise que ces éléments doivent pouvoir être enlevés (et donc remplacés), sauf pour des raisons de sécurité. Mais, précise l’association, les produits sont conçus de façon à être difficilement réparables et :

Au vu des nouveaux produits récemment mis sur le marché, il semblerait qu’ils représentent tous un risque pour la sécurité du consommateur… ou plutôt que les industriels aient trouvé un nouveau filon pour vendre toujours plus. En effet, selon Green IT les batteries montrent « [leurs] premiers signes de faiblesses au bout de 300 cycles de charge, soit à partir de 12 à 36 mois d’utilisation selon l’usage ».

Enfin, les mises à jour programment l’obsolescence logicielle : il s’agit d’un bridage des systèmes d’exploitation qui ne sont alors plus compatibles qu’avec les dernières générations de produits. L’appareil continue à fonctionner, mais ne peut plus être utilisé pour l’usage pour lequel il a été construit.

Au final, les innovations sont plutôt orientées vers la vente de nouveaux produits et non l’allongement de leur durée de vie ou la gestion de leur fin de vie. Cependant, le rétrécissement de la vie des appareils est dû aux stratégies des marques, mais aussi au comportement des consommateurs qui changent d’appareil alors que le précédent pourrait encore être utilisé ou réparé.

L’association termine en recommandant donc aux pouvoirs publics d’adopter une loi sur l’obsolescence programmée et de mesurer l’utilisation des ressources nécessaires à la production et adopter des objectifs de réduction ; aux entreprises de mettre sur le marché des produits réparables et durables, étendre la durée de garantie contractuelle et de publier la liste des matières premières, notamment des métaux dans les produits, et leur origine ; et aux citoyens de faire pression sur les députés et sénateurs via le site www.dessousdelahightech.org, allonger la durée de vie de ses produits pour réduire l’impact de vos consommations, prendre connaissances des impacts environnementaux de ses produits high-tech.

Source : Les Amis de la Terre

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