Début 2010, Alliance TICS avait déjà publié une étude peu rassurante sur la consommation des TIC (Technologies de l’Information et de la Communication), notant qu’à ce moment elles représentaient 7,3 % de la consommation électrique française et escomptaient une décroissance à l’horizon 2012 avec 6,7 %. Une charte (pour le développement durable des télécommunications) et l’arrivée des nouvelles box plus loin, qu’en est-il ?
L’étude de l’année dernière notait qu’alors que le nombre d’abonnés haut débit avait doublé en 3 ans (2005 – 2008), la consommation électrique de la filière TIC n’avait augmenté dans le même temps « que » de 19 % (35,3 TWh en 2008, tout de même contre 29,6 TWh en 2005). Alliance TICS attribuait ces résultats à l’effort conjugué des acteurs de la filière TIC pour améliorer l’efficacité énergétique des équipements. Parallèlement cependant, l’étude annonçait que la consommation énergétique des box dont nous avons presque tous un exemplaire à domicile était passée de 0,3 TWh à 1,6 TWh sur la même période, le nombre de ports activés doublant pratiquement (8,8 millions en 2005 contre 16,8 millions en 2008).
Elle calculait d’autre part que la part des veille de ces boitiers s’établissait à 1,1 TWh de consommation : plus des deux tiers de la consommation, ce qui leur offrait la cinquième position parmi les appareils, derrière les postes de télévision, les PC, les décodeurs et les écrans d’ordinateur.
Les nouvelles box qui apparaissent sur le marché (chez SFR, Free et les autres) sont-elles plus économes ? Non, au contraire, selon les premiers calculs effectués par Les Numériques à propos de la Freebox Révolution. Le site avait par ailleurs expliqué que le modem de connexion Internet étant allumé 24 heures sur 24 (il ne passe jamais en mode veille), sa consommation était à prendre sur toute la journée. Il représente une consommation annuelle de 7 à 11 €. Mais la consommation du boitier télé ne diminue que de 25 à 30 % quand il passe en mode veille. Soit un coût annuel de 8 à 20 € alors qu’il n’est pas sollicité une grande majorité du temps (« 8 à 20 W pour un appareil qui ne fonctionne pas »).
Avec les nouvelles mesures réalisées sur des box nouvelle génération, en veille, ce ne sont pas moins de 18,1 W qui s’affichent sur le wattmètre, soit considérablement plus que l’ancienne qui tournait autour de 11 W. Le boîtier TV en veille reste quant à lui à 13 W.
Green IT a creusé le sujet en utilisant les méthodes de calcul de Alliance TICS : 4 heures en mode actif et 20 heures en mode veille, 11 W en mode actif et 10 en veille pour le boitier ADSL, 13 en mode actif et 10 en veille pour le décodeur, le tout en prenant en compte 15 millions de box ADSL et 2,7 millions de décodeurs associés – le rapport d’Alliance TICS extrapolait sur 23 millions de boîtiers ADSL et 40 % de décodeurs associés en 2011. En reprenant donc ces calculs avec les nouvelles box et leurs fonctionnalités multiples, mais qui n’améliorent en rien la gestion de l’énergie, la consommation électrique des box de France s’établirait à 5 TWh annuels, dont 3 TWh pour la veille ! Autrement dit 280 kWh par box et par an, soit environ 30 € dont 18 € pour… rien.
La Charte de développement durable des Télécoms (août 2010) prévoyait notamment un engagement pour la baisse de presque de la moitié de la consommation énergétique des box, avec une prévision de 2,5 TWh pour 50 millions de box installées en 2020 (contre 1,6 TWh en 2008 pour quelques 17 millions de box installées). Nous sommes encore bien loin du compte.
Or, peu d’entre nous éteignent leur box, puisque sans box, plus de téléphone… fixe en tout cas. Améliorer le mode veille ne serait donc pas une option inutile. Rappelons cependant que la messagerie fournie par le FAI (fournisseur d’accès Internet) fonctionne même lorsque le boîtier est éteint, donc prendre l’habitude de le débrancher quand on s’absente n’est peut-être pas une mauvaise chose. Le seul bémol est que la box supporte mal les branchements et débranchements répétés et que sa longévité pourrait en être affectée, en découlerait alors un problème (qui existe d’ailleurs déjà) de DEEE.
Sources : Green IT (articles du 28 février 2011 et du 25 août 2010), les Numériques (articles du 12 janvier 2011 et du 3 décembre 2009), Alliance TICS