Après avoir récemment abandonné ses projets de réglementation de la taille des bouteilles d’huile d’olive, tout comme une politique qui discrimine les concombres courbes, la Commission Européenne a décidé de se pencher sur les chasses d’eau, en les normalisant, dans le but d’optimiser l’utilisation de l’eau, avec à la clé un label écologique pour nos toilettes. Certains y voient une perte de temps ou un gaspillage d’argent public.
Après une initiative qui remonte à 2011 et une année entière de mobilisation d’experts et d’industriels, un rapport technique de 60 pages, qui aurait, selon certaines sources, coûté 88 000 €, a donc été réalisé par un groupe de travail, qui a étudié le comportement des utilisateurs, évalué le scénario de base et identifié les meilleures technologies disponibles. Il a ainsi déterminé que deux « éléments principaux » semblent avoir des conséquences sur la consommation d’eau des toilettes à chasse : le design (?!) et le comportement de l’utilisateur.
En ce qui concerne les différentes pratiques des pays examinés, le groupe de travail a relevé que par exemple que l’installation de chasses d’eau utilisant plus de 6 litres est désormais interdite au Royaume-Uni et aux Pays-Bas, une mesure qui devrait également voir le jour en France et au Portugal. Cependant la Grande-Bretagne est pointée du doigt pour son utilisation excessive d’eau dans les toilettes, car certaines installations requièrent 7 à 9 litres. Elle est ainsi jugée par les experts comme l’un des plus gros consommateurs d’eau en matière de toilettes : 30 % de la consommation d’eau domestique des foyers anglais y sont consacrés, contre seulement 14 % pour les Finlandais. D’autre part, les procès-verbaux de l’une des réunions du groupe de travail mettent en évidence les « conclusions principales » suivantes : les sièges et les abattants des toilettes ne sont pas vraiment associés à la fonction du produit ; les sièges et les abattants des toilettes sont souvent vendus indépendamment du « produit » principal ; le choix des consommateurs dans les sièges et les abattants de toilettes est très variable. Apparemment donc, pas d’uniformisation en vue de ce côté !
Mais le rapport nous apprend d’autres détails capitaux sur le comportement à travers l’Europe. Ainsi l’Allemagne arrive largement en tête pour le nombre de cabinets d’aisance et d’urinoirs (77 millions), devant l’Espagne (49,2 millions), l’Italie (46,5 millions). Un journal anglais a d’ailleurs an a d’ailleurs profité pour souligner que la France a 3,3 millions de WC et d’urinoirs de moins que le Royaume Uni (45,3 millions), bien qu’elle soit plus peuplée.
Les experts estiment que les toilettes devraient se contenter d’un maximum de 5 litres d’eau. La Commission Européenne devrait toutefois recommander 6 litres pour une « évacuation normale », et 3 litres seulement pour une chasse « économique ». Un chiffre que contestent d’ailleurs les Anglais, qui trouvent 3 litres insuffisants et veulent pouvoir continuer à en utiliser 4 pour une demi-chasse.
Le sujet est toutefois pris très au sérieux par la Commission Européenne qui estime que cette réglementation pourrait faire économiser 6 600 litres d’eau par an et par foyer. Elle devrait donc discuter et adopter dans les prochaines semaines les critères écologiques retenus pour l’attribution d’un écolabel aux toilettes à chasses d’eau.