Sur la demande de Logica Business Consulting, Ipsos vient de mener une enquête sur le développement des territoires durables en France. 200 élus, directeurs de cabinets et de service en charge de l’environnement de villes de plus de 20 000 habitants et 999 de leurs administrés ont ainsi été interrogés sur leur perception de la progression de l’idée de développement durable dans leur commune. Mais lorsque les administrés pensent généralement à réduire leur propre consommation énergétique et diminuer ainsi le poids de leurs factures, et cherchent des aides dans ce sens, les collectivités locales répondent plutôt en termes de construction ou d’amélioration des transports et la communication passe mal.
Des attentes de la population dans le domaine du développement durable
Les résultats de l’étude permettent de constater de réelles attentes de la population dans le domaine du développement durable au niveau local. Et l’essentiel de ces attentes est directement lié à des actions qui leur permettraient de réduire leur facture énergétique :habitat, transport, maîtrise des dépenses énergétique. L’aide au financement de travaux d’isolation ou d’amélioration des performances énergétiques dans les logements (83 %), des actions de sensibilisation à la maîtrise de leur consommation énergétique (80 %) sont ainsi fréquemment cités. Beaucoup (78 %) pensent de plus que l’équipement du foyer par un compteur intelligent leur permettrait de suivre et de piloter leurs consommations en temps réel.
Leurs souhaits d’investissements personnels concernent aussi directement la maîtrise de l’énergie, qui passe selon eux par la réalisation de travaux d’amélioration de la performance énergétique de leur logement (60 %) et par le suivi régulier de ses consommations en temps réel grâce a internet ou au téléphone. En face, les collectivités locales perçoivent ces attentes de leurs administrés, mais n’en mesurent peut-être pas réellement la force.
Les réflexions et les investissements des collectivités locales
Si les collectivités locales pensent généralement évoluer de manière positive (70 %) vers des constructions HQE (Haute Qualité Environnementale), et la sensibilisation de leurs habitants sur la maîtrise de leur consommation énergétique (69 %) ainsi que sur les transports, l’aide au financement de l’amélioration de la performance énergétique des logements vient loin derrière (48 %). Quand on leur demande plus précisément, sur quelles actions les communes s’engagent, ce sont les éco-quartiers qui viennent en tête (48 %), suivis des boitiers de lampadaires permettant de varier le niveau d’éclairage en fonction des besoins.
Une communication mal adaptée ?
On s’aperçoit au fil de l’enquête que le grand public et les collectivités locales perçoivent différemment le niveau d’investissement dans le développement durable de ces dernières. Les collectivités connaissent massivement les notions d’efficacité énergétique (99 %) et d’éco-quartiers, mais les termes techniques comme le smartgrid ou des applications comme les compteurs Linky demeurent inconnus par plus de 7 responsables sur 10.
Par contre pour les habitants, les termes d’efficacité énergétique, d’éco-quartiers ou de territoire durable recouvrent des réalités généralement assez floues ; quant au smartgrid, à peine 10 % en ont entendu parler. Par contre, les énergies renouvelables (pour 98 %) et le principe de développement durable (95 %) sont des termes mieux connus, même si les concepts qu’ils recouvrent ne sont pas très clairs pour plus d’un quart de la population (plus d’un tiers même pour le développement durable). Ceci explique peut-être le fait que si 90 % des communes déclarent investir dans des actions relevant de la politique du territoire durable, à peine plus de la moitié des habitants ressentent cet investissement : apparemment le message des collectivités locales ne passent pas suffisamment.
Ceci pose clairement le problème de la communication entre les communes et leurs administrés. Il en résulte que si les communes ont l’impression à 75 % d’être soit en avance (47 %), soit dans une bonne moyenne dans le domaine du développement durable, 44 % de leurs administrés les jugent plutôt en retard.
Des atouts certains pour l’avenir de la politique de développement durable
Les collectivités locales sont convaincues à 90 % que la politique de développement durable est celle de l’avenir, et qu’elle apporte des bénéfices avérés pour le bien-être de leurs administrés. Elles estiment d’autre part massivement que leur réflexion va encore progresser dans les 5 années à venir, de même que la recherche d’informations sur des actions à déployer. Les habitants sont majoritairement conscients aussi de l’efficacité potentielle des politiques locales de développement durable pour leur propre bien-être, leur mobilité, la diminution du niveau de pollution et même la possibilité de réduire leur facture énergétique.
Les collectivités et leurs habitants se rejoignent véritablement sur ce point des avantages à espérer pour chacun dans la mise en œuvre d’actions de territoire durable. Et c’est encore une fois sur la maîtrise des coûts de l’énergie que les communes pensent pouvoir répondre aux attentes de leurs habitants, et ceux-ci s’y montrent particulièrement sensibles.
Mais des freins aussi
C’est principalement le manque de moyens financiers qui gêne la mise en place d’une politique de territoire durable au sein d’une collectivité pour 69 % des communes. Les autres arguments (complexité des enjeux, multiplicité des acteurs, manque de moyens humains…) restent loin derrière cet aspect financier. Il en va de même pour les habitants, qui ressentent aussi ce manque de moyen, mais il faut aussi souligner que pour 31 % d’entre eux le manque d’intérêt des élus sur ces problématiques constitue également un frein. Ils semblent ainsi exprimer l’idée que leurs élus ne soutiennent pas suffisamment leurs projets.
Les collectivités locales souffrent aussi d’un manque de retour d’expériences sur des actions menées dans d’autres territoires et d’une connaissance insuffisante des bénéfices induits par les actions mises en place sur leur propre territoire.
Cependant, la maîtrise des coûts de l’énergie pourrait, chez leurs administrés, générer une implication majoritaire : ainsi 68 % seraient favorables à « des manifestations pour sensibiliser les habitants aux comportements qui permettent de mieux économiser l’énergie », et 58 % à « des concours auprès des habitants pour leur permettre de se challenger sur leurs comportements en matière de consommation énergétique ».
De telles actions se mettent d’ailleurs actuellement en place : nous ne manquerons de nous en faire l’écho dans les mois à venir.
Source : enquête Ipsos consultable sur smartgrids-cre