La rénovation énergétique, malgré des incitations économiques certaines, ne se développe pas comme elle le devrait dans l’habitat privé. Ce constat, effectué par le Plan Bâtiment Durable, a poussé ce dernier à lancer un groupe de travail pour « proposer de nouveaux leviers pour entraîner les ménages et la filière à s’engager dans une dynamique de massification de la rénovation. » Autrement dit : comment susciter, en partant de la logique du consommateur, l’envie de rénover ?
Suite à un appel à contribution du groupe de travail, un sociologue, Gaëtan Brisepierre, a tenté d’apporter la sienne, en publiant un document Les dynamiques sociales de la rénovation énergétique dans l’habitat privé – dans la catégorie « état des lieux » – qui, après s’être interrogé sur la notion de « rénovation énergétique » , distingue deux cas différents : la rénovation des maisons particulières, et celle des copropriétés.
Si la rénovation n’est pas un problème nouveau, elle ne fait pas pour autant sens chez les particuliers, selon le sociologue, pour trois raisons : faire des économies d’énergie n’est jamais une motivation première, économiser l’énergie fait toujours partie d’un projet plus global d’amélioration de l’habitat et enfin il existe « des » rénovations énergétiques, et non une seule, ce qui implique « une dose de sur-mesure. »
En maison individuelle, le décideur est le ménage, qui s’engage en termes financiers, vécus comme une prise de risque, d’autant que s’y mêle un enjeu affectif. Cette décision se prend au moment où occasion (événement dans la vie du ménage) et projet se rencontrent. La première motivation est le confort, mais aussi l’entretien du logement. Les aspects économique et environnemental n’arrivent qu’ensuite. Mais il faut aussi prendre en compte les freins, qui ne relèvent pas uniquement des finances, loin s’en faut, et la recherche de satisfaction immédiate, qui ne coïncide pas toujours avec l’efficacité énergétique.
D’autre part, outre les aides publiques, le projet nécessite un conseil technique. Face à des niveaux d’informations multiples, les artisans du bâtiment ont un rôle de prescripteur, qu’ils ne sont pas toujours préparés à jouer, d’autant que d’un autre côté, ils n’ont pas intérêt à donner des conseils éloignant le projet de leur corps de métier (un chauffagiste n’a aucun intérêt à parler d’isolation des murs par exemple). Cela pose donc la question de modèle d’organisation des professionnels, qui valorise traditionnellement l’indépendance et la spécialisation.
Enfin, l’auto-réhabilitation relativise le pouvoir des artisans : les aspirations éco-énergétiques des ménages les conduisent à se lancer dans des chantiers hybrides, où la relation est beaucoup plus horizontale (ménages et artisans sont au même niveau) et où ce sont eux les prescripteurs de performance énergétique.
Source : Les dynamiques sociales de la «rénovation énergétique» dans l’habitat privé
Une réponse sur “Les dynamiques sociales de la rénovation énergétique dans l’habitat privé (1)”
Belle analyse, article intéressant merci 😉