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Les dynamiques sociales de la rénovation énergétique dans l’habitat privé (2)

Gaetan Brisepierre

Les dynamiques sociales de la « rénovation énergétique » dans l’habitat privé, de G. Brisepierre, synthétisant les principaux constats des études sociologiques sur la rénovation énergétique, s’intéresse aussi aux copropriétés, où la décision cette fois ne dépend pas d’un seul ménage, mais d’un ensemble. Le syndic d’immeuble y a son rôle à jouer, mais, dans le cas de la rénovation énergétique, la décision des copropriétaires dépasse le cadre des relations formelles : ceux-ci prennent aussi en main le projet.
Le syndic, pourtant incontournable, est en effet court-circuité dans le cas de la rénovation énergétique qui s’éloigne du cœur de son métier (plutôt comptable et juridique), où les projets ne sont pas obligatoirement rémunérateurs (l’essentiel du travail se fait en amont du vote, mais les travaux ne seront pas obligatoirement votés) et il risque de plus d’y perdre un contrat de gestion, en proposant des travaux non-obligatoires.
La décision de travaux, selon l’étude, sur l’engagement bénévole et intensif d’un copropriétaire qui se positionne comme « leader énergétique ». Son profil correspond souvent à celui d’un retraité « actif » que l’on retrouve plus dans les grandes copropriétés avec chauffage collectif que dans les petites. Il s’agit toujours d’un copropriétaire occupant qui devient donc l’acteur-clé dans les opérations et incarne le projet.

Mais il lui faut mobiliser le collectif des copropriétaires, car la copropriété se représente comme une société démocratique. L’enrôlement du Conseil Syndical dans le projet est indispensable, d’autant que la participation des copropriétaires n’est jamais uniforme : dans une petite copropriété, le « leader énergétique » est parfois le seul à travailler au projet. La rénovation énergétique est un processus social dans lequel les étapes préparatoires ne doivent pas être négligées : l’audit énergétique et l’optimisation de la régulation du chauffage en est la première. La co-conception du projet technique avec les copropriétaires en est une seconde, puis viennent les aspects financiers et la communication, clé de la réussite.
Les copropriétaires doivent encore s’approprier les solutions techniques : dans les projets aboutis, les choix des copropriétaires ne suivent pas toujours les prescriptions des professionnels et des institutions : ils optent pour des choix de travaux pragmatiques, le plus souvent par tranche et progressivement, et les travaux nécessaires (vétusté des équipements) viennent en priorité. L’intégration sociale des solutions techniques dans le projet relativise ainsi parfois leur performance : caractère historique des façades par exemple, ou changement de fenêtres en partie déjà effectué. Au niveau des systèmes de chauffage, l’individualisation des charges devient obligatoire : elle peut avoir « un effet inhibiteur sur la poursuite des travaux qui demande du collectif. »
En conclusion, poursuit l’étude, « l’identification de « nouvelles dynamiques » de rénovation énergétique nécessite sans doute de multiplier les sources d’inspiration, en allant chercher dans d’autres secteurs et d’autres pays ce qui peut favoriser la décision. Pour autant, il nous paraît fondamental de tenir compte de ces constats de recherche à la fois en amont de la réflexion et en aval quand il s’agira de sélectionner les pistes d’action à mettre en œuvre. »

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