L’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) a récemment publié les résultats de l’expertise qu’elle a menée sur les risques induits par le changement climatique sur la santé des travailleurs. Celle-ci s’attache à caractériser les interactions entre le climat, l’environnement et la santé au travail, dans une démarche d’anticipation prospective jusqu’au milieu du XXIème siècle. Elle met en évidence des risques professionnels augmentés, qui rendent indispensable une mobilisation du monde du travail.
Des risques professionnels augmentés
On peut aujourd’hui réaliser des projections précises sur le climat futur, mais les mécanismes selon lesquels les modifications pourront affecter la santé humaine sont encore méconnus. L’expertise de l’Agence a pu mettre en évidence que les risques professionnels en seront affectés.
Les modifications climatiques qui influent sur les risques professionnels ont été classées en trois types : la hausse des températures, l’évolution de l’environnement biologique et chimique et la modification de la fréquence et de l’intensité de certains aléas climatiques.
Les conséquences de l’exposition à la chaleur portent sur la pénibilité du travail. Elle peut entraîner malaises, déshydratation, coups de chaleur, etc., mais aussi des risques psycho-sociaux liés aux situations de tension, des risques d’accident (altération de la vigilance), ainsi que chimiques (inhalation de substances volatiles).
De plus, le changement global va modifier les zones de répartition de vecteurs de maladies infectieuses (moustiques, tiques, entre autres) ou favoriser l’installation de nouveaux vecteurs, faisant ainsi évoluer les risques liés aux agents biologiques, notamment pour les personnes travaillant en milieu naturel ou en contact avec des personnes et des animaux.
Par ailleurs, l’augmentation de fréquence des phénomènes climatiques extrêmes (inondations, submersion, sécheresse entraînant des feux de forêt…) peut conduire à des risques accidentels liés à la fatigue des personnes exerçant des activités de secours à la personne.
Les recommandations de l’ANSES
Selon l’Agence, il faut renforcer d’urgence la mobilisation du monde du travail afin de :
- « promouvoir la sensibilisation aux effets du changement climatique sur la santé, par le biais de l’information et de la formation,
- inciter l’ensemble des acteurs concernés de la santé au travail à intégrer, dès à présent, les impacts du changement climatique déjà perceptibles ou qui peuvent être anticipés dans leurs démarche d’évaluation des risques (recensement des personnes potentiellement impactées, évaluation spécifique de chaque poste de travail et des expositions réelles en fonction de la zone géographique concernée, etc.),
- poursuivre les efforts déjà menés par certains organismes professionnels afin d’intégrer les effets du changement climatique sur la santé dans les démarches de prévention des risques (par exemple par l’adaptation des environnements et de l’organisation de travail) par le biais d’outils dédiés qui devront être développés. »
L’Agence recommande aussi d’identifier des indicateurs pertinents permettant de suivre et de surveiller les effets du changement climatique sur les risques professionnels, et de renforcer l’étude des liens entre les paramètres climatiques et environnementaux et leurs effets sur la santé, afin d’anticiper les risques professionnels.
Par ailleurs, conclut l’Agence, « il convient de poursuivre les efforts visant à renseigner les évolutions des indices climatiques, environnementaux et bioclimatiques, et à anticiper les événements extrêmes. » Elle souligne enfin « la nécessité d’intégrer de manière systématique, à l’avenir, la question du changement climatique et de ses impacts dans les travaux d’évaluation des risques sanitaires, aussi bien pour les travailleurs que pour la population générale. »
Source : ANSES