Près de 75 % de la forêt française appartient à des particuliers, soit au total 3,5 millions de petits propriétaires qui la gèrent au quotidien et possèdent en moyenne 3,5 hectares, encore que seul un tiers d’entre eux dépassent 1 hectare. Pour la majorité de ces particuliers, ce n’est pas leur activité principale. Mais ce sont eux, rappelle la Fédération des Forestiers Privés de France, qui assurent la gestion adaptée grâce à laquelle la forêt remplit ses fonctions économiques, écologiques et sociales vitales. Les forestiers demandent aujourd’hui que 25 % des sommes qui seront récoltées par l’état dans le cadre des crédits carbone soient dédiées en partie au renouvellement de la forêt « en rémunération des services environnementaux qu’elle rend » .
Confortée par deux enquêtes récentes sur la forêt auprès de Français, la fédération des Forestiers Privés estime que ces sommes doivent être affectées pour le reste à un soutien global de l’investissement forestier. Une première enquête de l’IPSOS révèle que « la captation des émissions de carbone et la constitution d’une réserve de nature sont parmi les premières missions dévolues à la forêt française par nos compatriotes dans les années à venir » . Une opinion qui répond aux attentes des forestiers, selon une étude du CREDOC datée de 2011.
En effet, selon de communiqué des Forestiers Privés :
Chaque année, la forêt française « séquestre » 80 millions de tonnes de CO2, soit 20% des émissions françaises, sans aucune rémunération de la part des émetteurs de gaz à effet de serre. Les forestiers privés de France proposent que ce service environnemental soit rémunéré sur les crédits des quotas carbone : une enveloppe de 2,2 milliards d’euros, dont disposera l’Etat dès 2013.
Car le renouvellement des forêts a un coût, aujourd’hui non compensé par ce que peut rapporter la vente du bois (environ 105 € par hectare et par an) ou la location pour la chasse (à peine 20 € par hectare et par an). Mais « les services environnementaux rendus par la forêt, comme la protection contre le changement climatique, sont évalués à 900 € par hectare et par an, mais ne rapportent rien aux forestiers » . Une somme de 250 millions d’euros par an permettrait donc :
- le renouvellement de 125 000 hectares de forêt,
- la récolte de 13 millions de m3 supplémentaires en bois d’œuvre et en bois énergie,
- de résorber le déficit commercial de la filière à hauteur de 500 millions d’euros,
- de créer 25 000 emplois durables localisés en milieu rural,
- de rendre accessibles à la récolte 40% des surfaces forestières aujourd’hui non valorisées
La fédération demande de plus une remise à plat de son dispositif d’assurances, promise par le gouvernement en avril dernier, mais qui n’a pas encore été réalisée. Selon elle, aucun forestier n’ayant aujourd’hui la capacité financière de s’assurer, « en l’état actuel, en cas de catastrophe naturelle ou d’incendie, le bois restera à terre et la forêt ne pourra être replantée » . Luc Bouvarel, Directeur général des Forestiers privés de France, rappelle :
Il serait fondé que l’Etat reconnaisse ainsi les missions écologiques de la forêt au service de la collectivité nationale. D’autant que la filière bois représente plus d’emplois que la filière automobile dans notre pays.
Source : Forêt Privée Française, Libération (image)