A la veille de la semaine du développement durable, le cabinet Ethicity a réalisé, en partenariat avec l’ADEME, son enquête annuelle sur « les Français et la consommation responsable », en interrogeant 4 373 personnes. Cette étude est menée chaque année depuis 2004.
Si le développement durable reste pour une très large majorité des Français une nécessité, ils se montrent plutôt méfiants sur la possibilité des acteurs (entreprises et politiques) à agir sur le réchauffement climatique et réclament à la fois des preuves, du concret et du local. Le chiffre des « consomm’acteurs » reste toujours stable par rapport à la première enquête.
Une volonté de changement qui s’effrite
Même s’ils ressentent un certain pessimisme dû à la crise et un sentiment d’impuissance, une large majorité des Français croit toujours à une consommation plus responsable, mais les chiffres sont en recul par rapport à 2009.
Pour 75 % des Français, le développement durable est une nécessité, mais ils sont 6 % de moins à l’affirmer, par rapport à l’année dernière. 60 % déclarent d’ailleurs avoir changé leur comportement en faveur du développement durable, mais ce chiffre accuse un recul de 9 points par rapport à l’année précédente. Cependant, 47 % déclarent avoir opté pour une consommation plus éthique en remplaçant certains produits par des produits durables ou en privilégiant ces derniers lors d’un achat.
Une méfiance envers les discours
Les Français en ont assez des publicités des entreprises basées sur leurs agissements en faveur du développement durable (vrais ou faux, voir notre article sur l’écoblanchiment), mais aimeraient avoir des informations plus complètes et plus fiables sur les produits qu’ils achètent.
57 % se méfient du discours des marques et des entreprises en matière de développement durable. Ils ne s’y retrouvent pas dans les messages publicitaires trop nombreux (53 %) et 43 % déclarent même ne plus supporter les messages des marques sur l’environnement (principalement les seniors). Il en est de même pour le nombre de labels, dont peu correspondent réellement à une charte d’exigences : 65 % pensent qu’il y en a trop. Tous ces messages ajoutent plutôt à la confusion et 62 % des personnes interrogées reconnaissent être incapables de juger de la meilleure qualité des produits durables.
Ce qu’ils réclament
Le prix a toujours un caractère dominant, mais n’est pas toujours associé à une preuve de meilleure qualité.
Et des preuves de qualité, les consommateurs aimeraient en avoir. La plus grande partie des Français estiment les produits durables plus chers (83 %), mais ne sont convaincus de leur meilleure qualité qu’à hauteur de 27 %. Et 45 % demandent des preuves concrètes de leur qualité.
Ils demandent aussi de la transparence : les trois quarts pensent que les entreprises ne donnent pas assez d’informations sur les conditions de fabrication des produits.
Ils aimeraient en connaître plus sur la traçabilité : l’origine des matières premières pour 53 %, le lieu de fabrication pour 45 %, et leur impact sur la biodiversité, autre source de préoccupation de la population, pour 48 %.
De plus, 26 % des français estiment que consommer responsable, c’est consommer local, moins pour éviter des émissions de CO2 liées au transport que pour des raisons sociales, pour le maintien des emplois et pour la proximité des acteurs. En effet, 69 % estiment l’entreprise responsable de la santé et de la sécurité des salariés, et 83 % (3 points de plus par rapport à l’année dernière) que dans le monde, les salariés sont de plus en plus exploités. D’ailleurs 63 % (3 points de plus aussi) ne considèrent pas la mondialisation comme une chance de progrès.
Consomm’acteurs ?
20 % seulement (un chiffre stable) considèrent qu’à travers leurs choix d’achats, ils agissent au service de leurs convictions et 20 % aussi disent que par rapport aux produits classiques, les produits de la consommation responsable correspondent plus à leurs besoins. 26 % choisissent régulièrement des produits plus respectueux de l’environnement.
Pour consommer de manière responsable, d’ailleurs, il faut consommer mieux, des produits certifiés éthiques, labellisés, polluant moins, pour 35 % des personnes interrogées (une hausse de 13 % par rapport à 2009), et consommer moins pour 60 % (mais là, le chiffre baisse de 19 % depuis l’année dernière).
L’étude note aussi que peu à peu, les Français évoluent vers des actions concrètes : ils déclarent trier les déchets (84 %), réduire et maîtriser leur consommation d’énergie (76 %), faire attention à l’eau (75 %), privilégier les transports en commun (30 %).
Mais ils attendent aussi un engagement plus fort des acteurs : seuls 24 % (une perte de 3 points par rapport à l’année précédente) considèrent que les politiques et les collectivités locales prennent suffisamment en compte les enjeux environnementaux.