Le second volet du sixième rapport de synthèse du GIEC est paru le 28 février. Il traite des impacts du changement climatique, des questions d’écologie, de la vulnérabilité humaine face aux risques et de l’adaptation au changement climatique et se veut « un terrible avertissement », selon les mots de Hoesung Lee, le président du GIEC.

Les impacts du changement climatique, déjà une réalité
Le GIEC, composé de trois groupes, publie son sixième rapport de synthèse en trois volets. Le premier, sorti en août 2021, concernait la physique du climat. Le second qui vient d’être publié est consacré aux effets du changement climatique et aux moyens de s’y adapter. Le troisième, prévu pour avril prochain, se consacre aux moyens d’atténuer le changement climatique et ses conséquences.
Les impacts du réchauffement climatique ne sont plus un problème du futur, mais une réalité déjà bien présente, avec 1,09°C de plus, par rapport à l’ère pré-industrielle. Les conséquences des épisodes climatiques extrêmes, comme les sécheresses et les tempêtes, sur la nature et sur les populations humaines, sont maintenant mieux comprises. Les différents scénarios envisagés permettent de comprendre comment le changement climatique affecte les écosystèmes et les hydrosystèmes, mais aussi les aspects sociaux et économiques induits par leur perturbation.
« Ce nouveau rapport souligne les interdépendances entre écosystèmes et sociétés humaines. Les impacts et les risques liés au changement climatique deviennent de plus en plus complexes et difficiles à gérer. De multiples aléas climatiques se produiront simultanément et de multiples risques climatiques et non climatiques interagiront, ce qui aggravera le risque global et les risques en cascade dans les secteurs et les régions », explique Debra Roberts, co-présidente du groupe II.
Un impact négatif généralisé
Cette partie du sixième rapport intègre également l’adaptation : savoir si les écosystèmes, mais aussi les activités humaines, vont pouvoir réagir à l’évolution climatique rapide. Il fait ressortir que « (…) la capacité des sociétés humaines à s’adapter diffère beaucoup entre des pays du Nord et du Sud, et même à l’intérieur d’un même État », selon Wolfgang Cramer, Directeur de recherche au CNRS, qui en a coordonné un des chapitres.
« Le changement climatique provoqué par les humains (…) a un impact négatif généralisé et a causé des pertes et dommages à la nature et à l’humanité, au-delà de toute variation naturelle », écrivent les auteurs du rapport. « L’augmentation des extrêmes météorologiques et climatiques a eu des impacts irréversibles, poussant les systèmes humains et naturels au-delà de leur limite d’adaptation ».
Des conséquences sur la santé, les sociétés, les écosystèmes
Les dégâts sont déjà observables et vont s’aggraver. On observe déjà les conséquences sur la santé. « Dans toutes les régions, les événements de chaleur extrême ont provoqué des morts ». Mais il faut compter aussi l’augmentation des maladies respiratoires à cause des feux de forêt, ou des pathologies liées à la nourriture, à l’eau et aux animaux, la progression du choléra, provoquée par l’augmentation des pluies et des inondations, voire la dégradation de la santé mentale.
Mais les impacts du changement climatique sur les sociétés sont tout aussi marquants. Le manque de sécurité alimentaire et d’accès à l’eau concerne des millions de personnes (Afrique, Amérique du Sud, petits états insulaires…). Sur le plan économique, « des dégâts ont été détectés dans les secteurs sensibles au climat, avec des effets régionaux sur l’agriculture, la forêt, la pêche, l’énergie, le tourisme et la productivité du travail en extérieur ».
Le rapport rappelle également les conséquences sur les écosystèmes. Les animaux, les plantes et les espaces naturels souffrent de « dégâts substantiels et [de] pertes de plus en plus irréversibles pour les écosystèmes terrestres, d’eau douce, côtiers et marins ». La moitié de toutes les espèces étudiées a modifié leur aire de répartition : elles se déplacent vers le nord ou montent en altitude pour échapper au réchauffement, voire disparaissent. La fonte des glaces s’accélère ainsi que l’acidification des océans. « L’étendue et la magnitude des impacts du changement climatique sont plus importantes qu’estimées dans les précédents rapports », alerte les auteurs.
Des effets qui vont encore s’aggraver
Ces impacts du changement climatique se combinent entre eux et vont s’aggraver dans les prochaines années. Il va être de plus en plus difficiles d’y faire face, avec des conséquences différentes selon les régions du monde. A court terme (2021-2040), nous avons déjà émis trop de gaz à effet de serre pour enrayer cette évolution du climat. A plus long terme (2040-2100), tout dépendra du niveau de réchauffement atteint. Selon que l’on arrive à 1,5°, 2° voire 4°, les risques peuvent se multiplier par 2 ou par 4. « Environ un milliard de personnes pourraient être menacées par des aléas climatiques côtiers, à moyen terme et dans tous les scénarios ».
« Les efforts d’adaptation au réchauffement climatique restent insuffisants, notamment à cause des coûts qui augmentent en même temps que les températures. Pour changer les choses, nous avons besoin de davantage d’efforts financiers et technologiques, impliquant le soutien des pays du Nord, responsables de la plus grande partie des émissions de gaz à effet de serre », constate Wolfgang Cramer.
Sources : CNRS, FranceInfo, Actu-Environnement