Une étude scientifique internationale, à laquelle a participé le CNRS, estime le coût minimal des dégâts annuels provoqués par les insectes envahissants à 69 milliards d’euros dans le monde et précise que ce chiffre est certainement sous-évalué. En cause : le commerce international et le réchauffement climatique. Cette étude, qui impliquait notamment des entomologistes et des économistes français, rassemble la plus importante base de données jamais élaborée des dégâts économiques des insectes envahissants : depuis les dégâts sur les biens et les services, jusqu’aux coûts de santé en passant par les pertes agricoles.
Depuis des milliers d’années bien sûr, certains insectes sont responsables de propagation de maladies et de dégâts considérables comme l’anéantissement de cultures ou de réserves, de destruction d’infrastructures, voire de dévastations de forêts. Et leurs dégâts sont certainement largement sous-évalués. Même ce chiffre de 69 milliards d’euros : de nombreuses régions du monde n’offrent pas de données économiques pour produire une estimation précise. Les chercheurs se sont de plus concentrés sur l’étude des 10 espèces invasives les plus coûteuses, sans comptabiliser celles, très nombreuses, qui provoquent moins de dégâts : « si l’on considère les valeurs estimées pour les services écosystémiques à l’échelle globale (plusieurs centaines de milliards de dollars pour la seule pollinisation des cultures), les perturbations causées par les insectes envahissants pourraient atteindre un niveau bien au-delà de l’estimation actuelle. »
Les insectes pèsent particulièrement sur les secteurs de l’agriculture et de la santé. Ils consomment notamment 40 % des biens de consommations, soit l’équivalent de ce qui pourrait nourrir un milliard d’êtres humains. Le coût global attribuable aux insectes envahissants sur la santé dépasse les 6,1 milliards d’euros (dont 84 % pour la dengue) ; encore ne prend-on pas en compte dans ce calcul le paludisme, le virus Zika, ou l’impact économique sur certains facteurs comme le tourisme, la productivité, etc. Les régions où les dépenses médicales liées aux insectes sont les plus importantes sont l’Asie, l’Amérique du Nord et l’Amérique centrale et du Sud : « Une plus grande vigilance et la mise en place de procédures de réponse à une invasion biologique permettraient de faire économiser à la société des dizaines de milliards d’euros, selon les auteurs. Ces mesures de prévention pourraient diviser au moins par dix les coûts des maladies provoquées par les moustiques. »
Les insectes font partie des espèces envahissantes les plus virulentes : 87 % des 2 500 invertébrés ayant colonisé de nouveaux territoires sont des insectes. Parmi les plus destructeurs : le termite de Formose (plus de 26,7 milliards d’euros dans le monde), la teigne des choux (qui les rend invendables) et le longicorne brun de l’épinette (qui attaque sapins et épicéas). En ce qui concerne le premier, il n’a jamais été éradiqué une fois établi dans une région, et le changement climatique laisse craindre un potentiel établissement en Europe.
Sources : CNRS, Actu-Environnement