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Les Jeux Olympiques d’hiver condamnés par le changement climatique ?

Les Jeux Olympiques d’hiver peuvent être une catastrophe environnementale comme on l’a vu à plusieurs reprises ces dernières années – et les olympiades de Pékin n’y échappe pas. Mais ces jeux d’hiver ne sont-ils pas condamnés à moyenne échéance par le changement climatique, faute de villes capables de les accueillir ? La question se pose d’autant plus si nos émissions de gaz à effet de serre (GES) continuent au rythme actuel.

Jeux Olympiques d'hiver à Pékin

Des Jeux Olympiques d’hiver pas très verts !

Pour les Jeux Olympiques d’hiver de Pékin, c’est 100 % de la neige qui est artificielle : le site choisi n’étant absolument pas enneigé. A Sotchi (2014), déjà 80 % de la neige venait des canons à neige. A Pyeongchang en 2018, 90 %, le problème n’est donc pas si récent. Pour les jeux chinois, cela n’a rien d’étonnant : Pékin profite de moins de 5 cm de neige par an, avec un climat certes très froid mais aussi très sec et une région en stress hydrique important comme le signale l’hydrologue Carmen de Jong pour Le Monde. Des millions de mètres cubes sont donc prélevés dans les nappes.

Pour le chercheur et spécialiste de la neige Carlo Carmagnola (CNRS, Météo France), « il faut en général 4 000 mètres cubes d’eau » pour un hectare de piste. D’après ses estimations, il faut donc au minimum 12 000 kWh d’électricité pour enneiger artificiellement un hectare de piste. Une électricité verte, répondent les Chinois, qui ont installé des forêts d’éoliennes et recouverts des milliers d’hectares de panneaux photovoltaïques. L’aspect environnemental est bien pris en compte, mais au détriment d’un aspect social peu glorieux : il a fallu pour cela expulser des nombreux agriculteurs de leurs terres.

Autre problème environnemental de ces jeux d’hiver : les autorités ont « rogné » sur la réserve naturelle de Songshan en modifiant ses limites : 1 000 hectares ont ainsi été déclassés pour construire les infrastructures nécessaires à l’accueil des athlètes (source importante d’émissions de CO2 par ailleurs). Cette réserve abrite entre autres l’aigle impérial et le léopard doré, espèces sur la liste rouge des espèces menacées.

Une dizaine de villes d’accueil en stoppant les émissions de GES

Alors où est la solution ? Organiser les Jeux Olympiques d’hiver dans des villes capables de les accueillir ? Pas si simple, répond Bernard Paquito, professeur à l’Université du Québec à Montréal, dans un article paru dans The Conversation. « Le constat pour les Jeux olympiques d’hiver est simple : il va devenir de plus en plus compliqué de trouver un lieu pour les organiser », affirme-t-il. A l’horizon 2050 ou 2080, quelles villes pourront offrir des températures négatives et un enneigement d’au moins 30 cm ?

« Si nous mettons un coup d’arrêt à nos émissions de gaz à effet de serre dès maintenant, environ la moitié seulement des 21 villes qui ont organisé les Jeux au cours des 100 dernières années pourraient avoir des conditions relativement bonnes pour organiser des compétitions, selon une étude internationale menée par Daniel Scott, de l’Université de Waterloo », relève l’article. Moins, si nous continuons à les faire croître. Et les résultats s’aggravent encore si l’on tient compte des Jeux paralympiques, qui ont lieu après les Jeux Olympiques d’hiver, soit au mois de mars… Car les changements climatiques risquent de réduire fortement la durée des hivers.

Pour les sports de glisse, une faible épaisseur de neige, une neige trop humide, de la pluie et des températures trop douces s’avèrent être des conditions inacceptables pour les athlètes. Et le nombre de villes se réduit comme peau de chagrin : 4 en 2050 avec le scénario d’émissions de GES actuel (Lake Placid, Lillehammer, Oslo et Sapporo) et une seule en 2080 (Sapporo).

2 uniques villes en alternance ?

« Quand on cumule l’ensemble de ces indicateurs [enjeux écologiques, économiques et sociaux], la soutenabilité des Jeux olympiques d’été comme d’hiver décroît depuis ceux d’Albertville en 1992. Les Jeux de Vancouver étaient très moyens par exemple, et ceux de Sotchi, en Russie, les pires ». ils ont en effet eu un impact négatif majeur sur « les forêts anciennes, les terres arables, les populations de saumon environnantes et les réserves naturelles proches ».

La solution proposée risque d’entraîner des tollés dans les pays souhaitant organiser les Jeux Olympiques d’hiver : « Il faut repenser l’organisation des Jeux olympiques pour qu’ils soient plus soutenables, avec deux villes d’accueil qui resteraient les mêmes. Par exemple, les Jeux d’hiver pourraient systématiquement être organisés à Oslo puis, quatre ans plus tard, à Sapporo, pour ensuite revenir à Oslo. De plus, il faut aussi accentuer la pression sur le Comité olympique international pour qu’il cesse d’utiliser des stratégies trompeuses d’écoblanchiment ».

Sources : The Conversation, Agrobiosciences, France Inter, Ouest France

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