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Les professionnels du bois s’inquiètent d’une prochaine pénurie

Nous l’avions évoqué dans un précédent article : la biomasse, c’est bien, mais compter sur le bois pour chauffer de plus en plus de ménages français et européens risque d’apporter des problèmes d’approvisionnement en France comme en Europe, car la filière de production ne peut actuellement faire face à la demande. Et voila qu’un premier secteur tire la sonnette d’alarme : les industries des panneaux de process  qui voient approcher les effets d’une pénurie annoncée, le bois-énergie se développant trop vite. Face à cet enjeu, les efforts annoncés par l’ONF (Office National des Forêts) peuvent-ils faire évoluer suffisamment rapidement la situation ?

Des industriels inquiets

utilisation des panneaux de bois
source image : UIPP

L’UIPP (Union des Industries de Panneaux de Process) y voit déjà « un problème crucial », puisque des unités de production se trouvent dans l’obligation d’arrêter temporairement leurs activités, faute d’approvisionnement. En effet, le développement subventionné (crédit d’impôt, éco-prêt) du bois énergie a encouragé beaucoup de ménages français à s’équiper de système de chauffage au bois (cf. notre article du 19 octobre), ainsi que les collectivités, qui reconvertissent des chaufferies de quartiers entiers à la biomasse. Le soutien de l’état a déséquilibré toute la filière de production de bois, peu préparée à une augmentation si forte de commandes. Le problème n’est d’ailleurs pas spécifiquement français, mais touche d’autres pays européens fortement enclins à utiliser le bois pour se chauffer : l’Allemagne ou l’Autriche par exemple. Le délégué général de l’UIPP, Dominique Coutrot, précise :

Depuis la directive sur les énergies renouvelables qui fixe des objectifs ambitieux pour tous les États membres, à savoir une part de 20% d’énergie provenant de sources renouvelables d’ici 2020, la politique menée est telle que la seule énergie renouvelable disponible immédiatement est la biomasse. Rien d’étonnant alors que notre filière bois s’en trouve déséquilibrée

Et les pénuries vont s’enchaîner : les industriels se trouvent obligés d’acheter du bois destiné aux scieries, qui sont alors en rupture. Les industriels de l’ameublement, travaillant traditionnellement avec du bois local, vont donc devoir importer.

Et que dire, alors, au niveau écologique des entreprises qui rayonnent dans un périmètre de 50 kms alentours et qui vont devoir parcourir plus de 700 kms pour s’approvisionner. Il faut rationaliser l’utilisation du bois ; cela devient urgent. Nous ne nous opposons pas, bien entendu, au développement du bois énergie, mais nous demandons une concurrence loyale.

Devant l’urgence de mesures pour régler ce problème, l’UIPP, la Fédération des Panneaux à base de Bois, l’Union des Industries du bois et la Fédération Nationale du Bois ont décidé de mener une opération de communication commune le 29 octobre : une conférence de presse s’accompagnera d’arrêt momentané de production dans les usines ou d’opérations portes ouvertes.

L’ONF partagée entre énergies renouvelables et bois pour l’industrie

Dans un rapport remis récemment au gouvernement, le conseil d’administration de l’ONF (Office national des Forêts) estime possible un prélèvement plus important sur les forêts françaises. Il souhaite répondre en cela aux exigences environnementales de 23 % d’énergies renouvelables en 2020 (selon le rapport, la filière bois doit fournir à elle seule 1/3 de l’effort) et à la réintroduction du bois dans la construction :

Il est urgent d’un point de vue économique mais aussi écologique de récolter et renouveler les zones de forêt en surcapitalisation, avant qu’une tempête, une sécheresse, ne viennent décimer ce qu’il a fallu des dizaines d’années à produire.

Jacques Valleix, directeur général de l’ONF, estime quant à lui possible un prélèvement de 10 à 15 % de plus de la croissance biologique des forêts, mais reconnaît :

Il peut y avoir des tensions, notamment car la filière bois énergie se développe effectivement assez vite, mais il va y avoir des ajustements.

Mais l’ONF, qui ne gère pas plus de 25 % de la forêt française, représente déjà 40 % des ventes, ce qui prouve la sous-exploitation des surfaces boisées appartenant à des propriétaires privés. L’action de l’ONF ne suffira donc pas à elle-seule à rééquilibrer une filière durement touchée par la pénurie de bois : le soutien du gouvernement pour des mesures d’animation et de mobilisation des propriétaires s’avère plus que jamais nécessaire.

Sources : Le Moniteur, 20 minutes

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