Alors qu’un sondage montre que les Français sont en très large majorité favorables à une forte réduction du nucléaire, d’autres pays européens, plongés dans le doute à la suite de la catastrophe de Fukushima, annoncent soit des moratoires, soit des arrêts de centrales nucléaires.
En France
Selon un sondage de l’IFOP, 83 % des Français se prononcent pour une diminution significative de la part du nucléaire, au profit d’autres sources d’énergie, d’ici 20 à 30 ans. Pratiquement les trois quarts (73 %) estiment d’ailleurs cette réduction possible. Et plus de la moitié encore (56 %) expriment leur inquiétude à l’égard des centrales nucléaires. Les retombées de Fukushima commencent à se faire sérieusement sentir sur las avis exprimés.
En Allemagne
Pendant ce temps, l’Allemagne annonce l’abandon progressif de la production domestique d’énergie nucléaire d’ici 2020, par la voix de Jürgen Becker, sous-ministre de l’environnement, qui justifie ainsi les fermetures :
Une décision a été prise consistant à fermer huit centrales avant la fin de l’année, et elles ne seront jamais réactivées. Les neuf autres restantes seront fermées d’ici la fin de la décennie (…).
Le Japon a montré que même s’il y avait une occurrence très faible, le risque résiduel est trop élevé pour justifier la poursuite de l’énergie nucléaire… Il est préférable de se diriger vers d’autres services énergétiques dans un pays civilisé.
Cela risque cependant de coûter plusieurs centaines de millions d’euros aux principales compagnies d’électricité allemande. Ainsi, l’association industrielle allemande BDEW importe 50 GWh par jour depuis le 17 mars, principalement en provenance de France d’ailleurs, alors que le scénario du mois impliquait des exportations de 70 à 150 GWh par jour.
Au Royaume-Uni
Les Britanniques ont annoncé un report de la décision sur l’autorisation de principe sur la technologie EPR, proposée par Areva et EDF, qui devait intervenir normalement dans le courant du mois de juin. Il en va de même pour le réacteur AP1000 de l’américain Westinghouse (groupe Toshiba). Ils veulent d’abord s’assurer « que les leçons ont été tirées du Japon ». L’autorisation n’interviendra pas avant la remise, en septembre, d’un rapport de la Direction de la Santé et de la Sécurité (HSE) et de l’Agence de l’Environnement britanniques.
En Suisse
En Suisse, l’ex-régie fédérale, CCF, veulent sorti de leur participation dans la centrale du Bugey (Ain) qui, selon une TV alémanique citant des sources françaises, n’est pas en mesure de résister à un tremblement de terre. Les services industriels de Zurich (EWZ) restent quant à eux actionnaires, car il n’est pas possible selon eux d’assurer la sécurité d’approvisionnement électrique sans recours au nucléaire ou à des énergies nuisant à l’environnement comme le gaz et le charbon.
En Europe en général
Selon un communiqué commun, les Autorités de sureté françaises, britanniques et finlandaises ont « chacune soulevé des questions techniques sur le système de contrôle-commande de l’EPR » déjà fin 2009. Et le directeur de l’Autorité de sûreté nucléaire française a évoqué le 30 mars un moratoire pour l’EPR de Flamanville en construction, sans réaction du gouvernement.
Enfin les partis socio-démocrates allemands et autrichiens ont annoncé début avril qu’ils souhaitaient lancer un référendum européen, selon les modalités prévues par le traité de Lisbonne, sur la sortie du nucléaire.
Sources : AFP, Actualités-News-Environnement, energiesrenouvelables.wordpress.com (image), Journal de l’Environnement (articles du 1er et du 5 avril), Le Monde