L’ADEME vient de publier une lettre de position sur les travaux de la Commission Européenne, « Une planète propre pour tous-Une vision européenne stratégique à long terme pour une économie prospère, moderne, compétitive et neutre pour le climat » et ses différents scénarios de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Elle considère que l’Union Européenne (UE) doit revoir à la hausse ses objectifs d’efficacité énergétique et d’énergies renouvelables pour 2030, afin de respecter sa stratégie climat à long terme.
La dimension humaine à prendre en compte
C’est en tant que producteur de scénarios de prospective énergétique et contributeur aux exercices prospectifs nationaux que l’agence souhaite apporter son positionnement sur ces travaux. Elle reconnaît le travail important réalisé par la Commission, la transparence des hypothèses et l’intérêt des 8 scénarios explorés.
Cependant, sur les 8 scénarios de réduction des émissions de gaz à effet de serre présentés, seuls 2 lui paraissent suffisamment ambitieux pour viser l’objectif de 1,5° de réchauffement maximum. Et parmi les deux, l’ADEME exprime une préférence pour le scénario « 1,5°C sustainable lifestyle », compte tenu de sa cohérence avec l’objectif français de diviser par 2 la consommation d’énergie finale en 2050. Il s’agit d’un scénario ne reposant pas seulement sur des variantes technologiques, mais proposant un recours accru à l’efficacité énergétique et aux changements de comportement (et la sobriété).
D’un point de vue macro-économique, l’ADEME reconnaît que les scénarios sont tous créateurs d’emplois et de croissance, ce qi est cohérent avec les résultats de ses propres travaux. En France, cela représenterait de 300 000 à 500 000 emplois supplémentaires à l’horizon 2030 et de 700 000 à 800 000 à l’horizon 2050.
L’évolution des usages facteur-clé
Mais l’évolution des usages (alimentation, mobilité) constituent des facteurs-clés pour réussir la transition, ce que ne prend pas suffisamment en compte la logique de construction des scénarios de la Commission, top orientés vers des choix technologiques. La dimension humaine y est plutôt utilisée comme un levier supplémentaire a posteriori.
L’ADEME identifie un certain nombre de différences sectorielles notables avec ses travaux ou ceux conduits par la Stratégie Nationale Bas Carbone (SNBC). Notamment en ce qui concerne l’électrification du mix, l’importance du développement des interconnexions, les cultures énergétiques et les vecteurs énergétiques.
Des scénarios de réduction des émissions plus ambitieux
Compte-tenu de ces différences, l’Agence estime « que l’ambition des nouveaux objectifs de neutralité carbone en 2050 implique de réinterroger l’ambition des objectifs européens pour 2030 (efficacité énergétique et part d’énergies renouvelables), qui s’avèrent insuffisants pour assurer une progressivité plus réaliste des efforts ».
Elle propose donc des améliorations pour les futurs travaux prospectifs de la Commission. Cela concerne notamment la déclinaison régionale et la solidarité inter-Etats, l’empreinte et taxe aux frontières européennes, les mesures à mettre en œuvre et le niveau de la taxe carbone, l’élargissement des autres enjeux environnementaux et le justice sociale.
Source : ADEME