
Supprimer les liaisons aériennes intérieures en cas d’alternatives en train en moins de 4 heures, c’est possible, explique le Réseau Action Climat (RAC) qui publie une étude sur le sujet. Il soutient que la proposition de la Convention citoyenne pour le climat, largement dénaturée dans le projet de loi Climat et Résilience actuellement en discussion, est réalisable « sans impact majeur sur l’offre de train et les usagers ». Et avec un gain climatique maximisé : cette mesure diviserait par 3 les émissions de CO2 issues des vols métropolitains (11,2 % contre 33,2 %).
23 lignes aériennes intérieures ciblées contre 5 dans le projet de loi
Le projet de loi Climat et Résilience prévoit la fermeture des lignes aériennes intérieures quand le train peut les remplacer en moins de 2 h 30 (contre 4 h demandées par la Convention citoyenne). Soit au total 5 lignes : Paris-Bordeaux, Paris-Lyon, Paris-Nantes, Paris-Rennes et Lyon-Marseille. Et encore, avec des exceptions : le texte exclut par exemple les vols de correspondance vers des vols internationaux.
Le RAC cible quant à lui 23 lignes aériennes intérieures qui pourraient être supprimées si l’on recule la limite à un trajet de 4 h. Elle analyse de plus 14 connexions de moins de 5h, ainsi que la ligne Paris-Nice qui est, avec Paris-Toulouse, la liaison aérienne la plus empruntée et la plus émettrice de gaz à effet de serre à l’échelle métropolitaine.
Une performance du train comparable ou supérieure à celle de l’avion
Les usagers sont bien sûr sensibles à l’aspect environnemental de leur choix de mode de déplacement. Mais pas seulement : le temps de trajet, le confort et le coût du billet entrent aussi en ligne de compte. Et sur ces trois critères, la performance du train est supérieure ou comparable à celle de l’avion.
En ce qui concerne le temps de trajet total « porte à porte », il est à l’avantage du train pour les liaisons réalisables en moins de 3h avec ce mode de transport. Pour les liaisons entre 3h et 4h, le temps de trajet total est moindre ou très proche de celui de l’avion (moins de 40 minutes de différence).
Quant aux coûts, s’ils demandent plus d’approfondissement, les résultats de l’étude montrent un avantage au mode ferroviaire par rapport aux liaisons aériennes intérieures. Ils sont en moyenne 4 euros moins chers que ceux de l’avion sur ces lignes, selon une étude de l’UFC Que Choisir (avril 2021). La facilité de l’intermodalité train-avion pourrait en revanche être améliorée pour les passagers en correspondance. Une solution consisterait à la généralisation de la tarification combinée et le développement de connexions directes à l’aéroport de Roissy-Charles de Gaulle (CDG). Cependant cet élément ne semble pas bloquant.

Un report possible dans tous les cas, sans investissement supplémentaire sur le réseau ferré
Les résultats de l’étude technique démontrent que l’ensemble des voyageurs aériens des lignes métropolitaines pour lesquelles il existe une alternative en train en moins de 4h pourrait être reporté sur le train, tant à l’échelle de la journée entière qu’en heure de pointe. Pour 21 lignes, ce serait même possible sans aucune modification de l’offre ferroviaire. Pour les deux lignes aériennes intérieures restantes, Paris-Biarritz et Lyon-Rennes, elles seraient elles aussi en mesure d’absorber le trafic aérien journalier si des rames TGV de plus grande capacité étaient mises en service.
En heure de pointe, le train serait aussi en capacité d’absorber le report des passagers aériens, à créneaux horaires constants et avec des trains plus capacitaires, ou avec l’engagement d’un train supplémentaire (cas de Paris – Marseille et Paris – Clermont-Ferrand). Pour les lignes de plus de 4 h, Paris – Nice et Paris – Toulouse demanderaient juste un train supplémentaire dans chaque sens par lignes et par jour.
Le report des voyageurs aériens vers le train ne justifie donc a priori aucun investissement supplémentaire sur le réseau, hormis ceux déjà actés, programmés et financés, selon les conclusions de l’étude du RAC.
Source : Réseau Action Climat