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L’impact réel du transport aérien sur le climat

On évalue en général à 1,5 % les émissions mondiales des gaz à effet de serre du transport aérien, mais ce chiffre sous-estime l’impact réel de l’avion sur le réchauffement climatique, selon Aurélien Bigo, doctorant sur la transition énergétique dans les transports, qui explique ses calculs dans un article paru dans le journal Sud-Ouest.

Impact du transport aérienL’impact d’un trajet en avion

Comme pour les Suédois avec l’émergence de la « honte de voler », se pose de plus en plus la durabilité de ce ode de déplacement. L’auteur de l’article cherche donc à répondre à trois questions : quel est l’impact d’un trajet en avion, et plus généralement du transport aérien au niveau mondial ? Quelles perspectives d’évolution du trafic ? La technologie permettra-t-elle de limiter les émissions de manière suffisante ?

Au niveau des émissions de CO2 par voyageur et par km, l’avion vient en tête du classement des plus polluants, dans des proportions similaires à a voiture individuelle. Ses émissions sont de l’ordre de 45 fois supérieures au TGV, ou 15 fois supérieures pour la moyenne des trains à longue distance.

Mais la vitesse de l’avion implique un trajet moyen de 2 400 km, loin devant les autres moyens de transports (de quelques dizaines de km à 300 km environ, tous trajets confondus. « Alors que les émissions d’un kilomètre en avion équivalent à peu près à un kilomètre effectué seul en voiture, une heure en avion est 13 fois plus émettrice qu’une heure en voiture. Monter à bord d’un avion rendra votre trajet 125 fois plus émetteur en moyenne que de monter dans une voiture ; et plus de 1 500 fois plus émetteur que de monter dans un train… » explique Aurélien Bigo.

Des statistiques incomplètes

Dans les statistiques françaises, les émissions du transport aérien représentent seulement 2,8 % des émissions des transports et 0,8 % des émissions totales de gaz à effet de serre. Ces faibles chiffres s’expliquent par le fait que seuls les trajets internes à la France sont comptés (outre-mer compris). Les transports internationaux ne sont pas pris en compte.

Si on les y ajoute, cela multiplie par 6 l’impact de l’aérien en France, le faisant passer de 13,7 % des émissions des transports et 4,4 % des émissions totales du pays. « Au niveau mondial, l’aérien représente en 2015 environ 11 % des émissions de CO₂ des transports, soit 1,5 % des émissions totales de gaz à effet de serre. »

D’autres gaz réchauffant à prendre en compte

Mais l’avion émet aussi d’autres gaz réchauffant. Et les émissions de CO2 ne représentent donc qu’une partie de son impact. « Parmi les autres effets les plus significatifs, les oxydes d’azote (NOx) émis dans la haute atmosphère entraînent une réduction de la quantité de méthane (CH4) et une production d’ozone (O3), deux gaz à effet de serre, ainsi que les traînées de condensation et les cirrus (nuages de la haute atmosphère) qui ont tous deux un effet réchauffant. »

Autrement dit, les chiffres évoqués auparavant devraient être multipliés par 2 pour refléter l’impact climatique réel du transport aérien. « Une estimation du pouvoir de réchauffement (mesuré en forçage radiatif) de l’aérien en 2005 amènerait ainsi à une estimation moyenne de 3,5 % du forçage radiatif des activités humaines, et même 4,9 % en intégrant l’impact estimé des cirrus. »

La technologie pour réduire les émissions ?

Au-delà de la part que représente aujourd’hui le secteur aérien, c’est sa croissance qui inquiète le plus dur point de vue climatique : 3,5 % par an selon l’association du transport aérien international (IATA), qui prévoit qu’il sera multiplié par 2 d’ici 2037. La technologie viendra-t-elle au secours de cet impact ?

Rien n’est moins sûr. Aucune technologie n’est disponible à court terme et à l’échelle nécessaire. L’avion électrique n’est pas pour demain et le poids de ses batteries le limitera à de courtes distances. L’hydrogène nécessiterait une rupture technologique. Et dans les scénarios les plus optimistes, les agrocarburants ne représenteraient que 20 % des carburants aériens en 2040 ? Et encore viendraient-ils de plus en plus en concurrence avec les autres usages de la terre. « Enfin, le secteur s’est fixé pour objectif d’améliorer l’efficacité énergétique des avions de 1,5 % par an entre 2009 et 2020, rythme très insuffisant pour compenser des hausses de trafic de +3,5 %/an. »

Freiner la croissance du trafic ?

Pour aligner le transport aérien sur l’objectif de l’Accord de Paris, il faudrait remettre en cause les hausses de trafic aérien. Ceci passe en partie par des changements de comportement individuel, mais aussi par une régulation internationale plus forte, en faisant payer au secteur le prix de sa pollution.

« De manière conscientisée ou non, la place que l’on donnera à l’aérien à l’avenir reflétera donc un choix sociétal et éthique : parmi les changements à opérer pour atteindre un monde neutre en carbone, est-on prêts à sacrifier quelques trajets en avion pour préserver des conditions de vie acceptables dans les décennies à venir ? » conclut le doctorant.

Source : Sud-Ouest

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