Suite à de nombreuses interrogations sur l’exposition de la population riveraine de la zone industrialo-portuaire (ZIP) de Fos-sur-Mer aux polluants émis par les industries, l’Institut Écocitoyen pour la Connaissance des Pollutions (IECP) a réalisé une étude d’imprégnation environnementale de la population de Fos-sur-Mer aux principaux polluants émis dans la zone. En dosant dans le sang et les urines plus de 50 polluants d’origine industrielle, les résultats montrent une sur-imprégnation de la population à trois polluants spécifiques, typiques des émissions industrielles (plomb, furanes et benzène).
Une imprégnation environnementale par l’alimentation et l’inhalation
Pour réaliser cette étude et déterminer les niveaux d’imprégnation des habitants de la vile, les résultats ont été comparés à ceux d’une zone témoin (Saint Martin de Crau), située à 20 km, qui comporte la même population et un trafic routier similaire, mais est située à 15 km de toute source d’émission industrielle. Les polluants recherchés étaient plusieurs métaux.
L’alimentation joue un rôle clé : il s’agit de la principale voie d’exposition de la majeure partie des polluants recherchés dans l’étude. Mais d’autres facteurs doivent également être pris en compte, et notamment l’exposition par inhalation. « L’eau de boisson n’a été trouvée associée à aucune imprégnation en polluant alors que la consommation fréquente de vin augmentait les plombémies. »
Produits locaux de la mer et produits du jardin
C’est la consommation de produits locaux qui s’avère déterminante. « La consommation de produits de la mer locaux, majoritairement en provenance du Golfe de Fos avait une influence sur les imprégnations en polluants. Ainsi, une consommation fréquente de produits de la mer locaux (poissons et/ou fruits de mer) était associée à une augmentation de l’imprégnation en PCB, dioxines/furanes, mercure et chrome » note l’étude. « Ce résultat souligne l’ampleur mondiale des contaminations des produits de la mer, avec des contaminants différents qui sont dépendants du contexte environnemental local. »
La consommation des légumes du jardin en zone exposée est associée à une augmentation de l’imprégnation en cadmium, « alors qu’elle était assimilé à une diminution de l’imprégnation en cadmium dans la zone témoin par rapport aux consommateurs de légumes du commerce« . La pratique du jardinage influe aussi sur les résultats : elle est associée à une « augmentation de l’imprégnation en PCB-DL en zone exposée alors qu’elle avait un effet protecteur en zone témoin« .
La consommation d’œufs et de volailles autoproduites n’est pas sans conséquence non plus : « Les concentrations urinaires en 2-OH-naphthol et l’imprégnation en PCB-DL étaient plus élevées chez les autoconsommateurs d’œufs de la zone exposée que chez ceux de la zone témoin. L’imprégnation en PCB-NDL était plus élevée chez les autoconsommateurs de volailles de la zone exposée. L’autoconsommation de volailles et d’œufs était significative en interaction avec la zone d’exposition pour le cobalt et le vanadium » observe l’étude.
Des imprégnations inférieures aux seuils sanitaires ?
Ces imprégnations, prises pour chaque polluant séparément, restent en moyenne largement inférieures aux seuils sanitaires, quand ils existent. Mais qu’en est-il du cocktail ?
Cependant, l’étude « a montré une surimprégnation de la population de Fos-sur-Mer en certains polluants. Des comportements particuliers (jardinage, consommation de légumes du jardin et de produits de la mer locaux notamment) étaient également associés à une augmentation de l’imprégnation en polluants dans la zone exposée du fait de l’utilisation d’un environnement lui-même contaminé par les activités industrielles. Ce rapport permet finalement de mieux comprendre le devenir des polluants depuis l’environnement jusqu’à l’humain dans le contexte particulier de la plus grande zone industrielle d’Europe » conclut l’étude.
Source : Institut Écocitoyen pour la Connaissance des Pollutions