Un dossier de FluksAqua, un forum d’entraide des professionnels de l’eau, attire l’attention sur la question des lingettes et des importants dégâts qu’elles causent aux infrastructures de traitement des eaux usées. Ces petits carrés, souvent présentés comme « biodégradables » , représentent un véritable casse-tête pour les gestionnaires des eaux usées du monde entier.
Réservées au début à l’hygiène des bébés, elles sont peu à peu devenues des accessoires « magiques » qui servent à tout et – à en croire la publicité où elles sont présentées comme essentielles pour couvrir certains besoins – dont on ne peut plus se passer pour les nettoyages au quotidien, pour les personnes comme pour les surfaces. Ainsi, rien qu’en France, les foyers utilisent 233 lingettes par seconde, soit plus de 7,3 milliards de lingettes par an : un chiffre d’affaires annuel de plus de 12 milliards d’euros pour l’industrie !
« Biodégradables », peut-être, mais…
Mais, là où le bât blesse, c’est que les sociétés qui les commercialisent vantent leur biodégradabilité et donc la possibilité de les jeter dans les toilettes : ce qui fait qu’aujourd’hui, au lieu de se retrouver dans la poubelle avec les ordures ménagères – leur place – elles atterrissent dans les égouts. Or, « biodégradables » certes elles le sont (tout du moins certaines), mais en 90 jours au moins et encore, dans un bac à compost, contrairement au papier toilette qui se dégrade rapidement ! De plus, elles ramassent au passage dans les réseaux d’égouts d’autres détritus et des graisses notamment, qui se figent en refroidissant, provoquant avec les lingettes un amalgame susceptible de paralyser les égouts. Et cela s’aggrave avec le temps !
Elles causent donc à grande échelle l’obstruction des branchements de raccordement à l’égout, des réseaux collecteurs des eaux usées et endommagent au passage les équipements des usines de traitement. Résultats : des refoulements d’égouts vers les branchements des particuliers, des débordements en milieu naturel et des arrêts de systèmes d’assainissement qui souvent donnent lieu à des réparations coûteuses.
Des solutions coûteuses pour la collectivité
Ainsi, à Orléans, il a fallu installer des grilles à 30 000 € l’unité pour faire face aux 230 tonnes de lingettes qui se présentent chaque année dans la station d’épuration. « Les lingettes représentent 230 tonnes sur les 660 tonnes de déchets collectés dans les réseaux. Il faut que les industriels arrêtent de dire aux gens que c’est biodégradable : ce n’est pas vrai ! Quand on voit les conséquences et le temps pour les équipes, c’est dommage qu’on n’arrive pas à faire diminuer le nombre de celles qui sont jetées dans les toilettes. Car le coût pour déboucher les réseaux encombrés par les lingettes est énorme. Récemment, à Saint-Pryvé, nos agents ont dû intervenir pour éliminer un bouchon sur un poste de relevage. Ils étaient six, sur un week-end ; il leur a fallu 40 heures d’intervention » déplore Christian Thomas, vice-président de l’Agglomération d’Orléans en charge de l’assainissement.
Les professionnels cherchent et testent de nombreuses méthodes pour en finir avec les dégâts causés, mais toutes ont un coût. Cela nécessite pour certaines usines de gestion des eaux usées de s’équiper de matériel spécial et coûteux, comme des broyeurs, afin d’aider à détruire ces amas de matières.
Une sensibilisation nécessaire des citoyens…
Ces mêmes professionnels s’accordent pour réclamer la sensibilisation des citoyens et des collectivités à ce problème de lingettes : messages sur les factures, informations sur les bulletins municipaux, changement des informations sur les paquets de lingettes, communication dans les boîtes à lettres ou même vidéos humoristiques dans les écoles… Ils ne manquent pas de suggestions. Les observateurs spécialisés soutiennent qu’un meilleur étiquetage empêcherait les utilisateurs de jeter les lingettes dans les toilettes. Par exemple, étiqueter les boîtes de lingettes avec de grands autocollants où on peut lire : « Ne pas jeter dans les toilettes. »
Ou des actions plus coercitives ?
Certains états ont également introduit dans leur législation des amendes à l’encontre des producteurs de lingettes pour assurer un étiquetage efficace. Aux Etats-Unis, un service public municipal du Minnesota a déposé une plainte contre six fabricants de lingettes, certaines villes ont introduit un recours collectif fédéral, réclamant un montant de 5 millions de dollars américains en dommages et intérêts, ainsi qu’une décision juridique déclarant que jeter les lingettes dans les toilettes est « dangereux » pour les égouts. Des particuliers ont fait de même.
En France, le ministère de l’écologie et du développement durable répondait ainsi à un sénateur soulevant le problème posé par les lingettes au niveau des réseaux de collecte des eaux usées en décembre 2005 : “Pour pallier les difficultés décrites, les maîtres d’ouvrages et les exploitants de systèmes d’assainissement peuvent s’appuyer sur le décret n° 94/469 du 3 juin 1994 relatif à l’assainissement des eaux usées urbaines puisqu’il stipule, dans son article 22, l’interdiction (avec possibilité de dérogation) d’introduire dans les réseaux d’assainissement des déchets solides (auxquels peuvent être assimilées les lingettes), même après broyage. » Mais 10 ans plus tard, la situation reste inchangée. « Aux industriels, exploitants et pouvoirs publics revient donc la responsabilité de sensibiliser ensemble les consommateurs à ce désastre écologique, qui a un impact significatif sur les dépenses des régies, bien évidemment répercuté sur les factures d’eau de tout un chacun » conclut le dossier.
Source : FluksAqua
2 réponses sur “Lingettes : une calamité pour les réseaux d’eau”
bonjour
comment peu t’on avoir ce flyer ou autocollant ?
J 4AIMERAIS EN AVOIR MERCI
Super article