« Les Décodeurs » du journal Le Monde ont vérifié un certain nombre de déclarations, assertions et rumeurs diverses autour de Linky, afin de répondre à cette question : ce compteur intelligent est-il vraiment écologique ? L’article reprend ainsi quatre questions posées fréquemment par les lecteurs.
Linky fera-t-il baisser notre consommation énergétique ?
« Ça dépend« , répond le quotidien. Il sert avant tout à mesurer l’électricité consommée, comme n’importe quel compteur. Mais c’est à l’utilisateur que revient la tâche d’en maîtriser l’usage. Pour cela, le compteur Linky lui donne un outil : le consommateur a accès, s’il en fait la demande, aux données de consommation par heure ou par demi-heure, gratuitement sur le site d’Enedis. Cela lui permet d’identifier, par comparaison entre les jours, les appareils énergivores et de connaître sa consommation résiduelle (la nuit), ce qui doit l’inciter à éteindre les veilles par exemple.
Est-ce suffisant ? Pas sûr. L’article renvoie à notre Livre Blanc, pour rappeler que les effets du suivi des consommations s’élèvent en moyenne à 7,7 % d’économies (jusqu’à 10 % pour les personnes se chauffant à ‘électricité, mais presque rien pour les petits consommateurs), mais que, pour les pérenniser, ils doivent être accompagnés d’actions pédagogiques.
Mais Linky peut aussi transmettre aux collectivités locales des données agrégées leur permettant d’orienter leurs actions prioritaires sur les équipements ou les quartiers. « Potentiellement, Linky a donc un intérêt écologique, mais toutes ces fonctionnalités restent balbutiantes, et impliquent que les usagers acceptent la transmission de leurs données, et qu’ils y aient facilement accès eux-mêmes, par exemple sur un écran déporté tel qu’une tablette ou un ordinateur — qui n’a pas encore été déployé. »
Linky facilite-t-il la production d’énergie décentralisée ?
Là, la réponse est franche : c’est oui. En effet, le compteur communicant permet au gestionnaire de réseau de connaître les besoins des consommateurs en temps réel et la production d’énergies renouvelables, ce qui lui donne un meilleur contrôle de l’acheminement et une limitation des « pertes techniques ».
De plus, il intègre les deux fonctions de comptage de la production d’électricité, pour les foyers équipés de panneaux solaires par exemple, et de consommation. Mais cette situation reste très minoritaire en France, même si elle est appelée à se développer. « Le programme Linky anticipe aussi le développement de la voiture électrique, dont la recharge risque de peser sur le réseau d’électricité. Les tarifications développées par Linky permettraient de lisser les pics de demande en incitant à recharger les véhicules la nuit, au moment où l’électricité est moins carbonée. Les batteries des voitures pourront aussi être une solution de stockage d’électricité. Là encore, le public reste restreint puisqu’on ne compte qu’environ 140 000 voitures électriques en France, mais l’objectif est d’atteindre 600 000 en 2022. »
Les compteurs seront-ils obsolètes après 10 ans ?
« Normalement non« , répondent les Décodeurs qui rappellent que certains des compteurs électromécaniques (le compteur bleu) sont encore en état de marche. Les compteurs électroniques classiques les ont cependant remplacés progressivement. Linky est donc la troisième génération de compteurs électrique, selon EDF.
« Enedis assure que les compteurs déployés « ont toujours fait l’objet d’une garantie constructeur d’au minimum vingt ans », et qu’ils ont en réalité duré plus longtemps. Selon le gestionnaire du réseau, « Linky obéit aux mêmes règles et sa durée de vie peut donc dépasser les vingt ans ». Comme les compteurs précédents, ils pourront être réparés en cas de panne. »
Les anciens compteurs sont-ils recyclés ?
Oui, selon Le Monde. Ce sont des déchets d’équipements électriques et électroniques (DEEE), que la loi impose de recycler ou de valoriser à 75 %. Selon Enedis, « 45 000 tonnes de matériels électriques mais aussi 7 000 tonnes d’emballages des anciens matériels vont être recyclées, soit cinq fois le poids de la tour Eiffel « .
Une usine de Mérignac (Gironde) affirme recycler 83 % des compteurs électromécaniques en triant métaux ferreux et non-ferreux. Le plastique des compteurs électroniques classiques est recyclé dans une autre, tandis que la bakélite des plus anciens sert de combustible dans les cimenteries.
Source : Le Monde