Le Président de l’ADEME, Philippe Van de Maele, auditionné par la Commission de Développement Durable et de l’Aménagement du Territoire de l’Assemblée Nationale le 5 octobre, a répondu à de nombreuses questions concernant les travaux et positions de l’agence en matière de biomasse, de déchets, de sites pollués et d’investissements d’avenir, telle l’efficacité énergétique. Il s’est d’ailleurs réjoui de la table ronde organisée sur ce thème dont nous nous sommes fait récemment l’écho dans ces pages. Il a d’ailleurs rappelé qu’un programme concernant les smart grids (réseaux intelligents) avait été confié à l’ADEME dans le cadre de ces investissements d’avenir.
A la question d’un député, Yannick Paternotte, « S’agissant des investissements d’avenir, que pensez-vous des futurs compteurs communicants et intelligents d’ERDF ?« , il a répondu très clairement :
S’agissant de la pose, par ERDF, des compteurs intelligents ou communicants – je pense aux compteurs Linky –, nous avons demandé au médiateur de l’énergie que leur déploiement, qui coûte cher, s’accompagne d’un affichage intérieur livrant aux occupants de la maison une information minimale, facile à comprendre. C’est en effet l’information fournie aux usagers par ces compteurs déportés qui permettrait d’économiser, selon les études réalisées dans des pays étrangers, entre 5 % et 15 % d’électricité – ce qui serait gigantesque si tous les foyers français étaient concernés. Or nous nous heurtons à la volonté des opérateurs de proposer des services complémentaires d’information à titre onéreux, dont le surcoût ne serait pas compensé par les économies réalisées – les occupants de logements sociaux ne pourraient pas, dès lors, avoir accès à cette information. Il faut également tenir compte de différentes questions d’ordre juridique : les problèmes afférents à la propriété des compteurs sont à résoudre avec la Fédération nationale des collectivités concédantes et régies ; quant à ERDF, elle n’a pas la possibilité de pénétrer dans la maison en aval du compteur pour afficher l’information. C’est pourquoi il conviendrait d’obliger les fournisseurs d’électricité à proposer différents services d’information, dont un service minimum gratuit. De plus, comme le déplacement des agents entre pour moitié dans le coût de la pose du compteur Linky, il faudrait une pose simultanée du compteur et de l’indicateur incitant les utilisateurs à une gestion plus saine de leur électricité.
Il rappelle donc par là la position déjà exprimée de l’ADEME en faveur d’afficheurs déportés, seul moyen à la disposition de tous pour connaître sa consommation d’électricité en temps réel pour pouvoir maîtriser sa demande, et non en temps différé comme le propose les fournisseurs d’électricité.
Ceux-ci, réunis à travers l’UFE (Union Française de l’Electricité), viennent en effet de proposer un « service minimum » au ministre de l’énergie, au travers d’une charte de 12 engagements, dans laquelle ils confirment qu’ils garantiront « grâce au déploiement de compteurs communicants tels « LINKY », la mise à disposition des informations, sans frais pour les données essentielles, permettant au client une bonne gestion de sa consommation« . Les trois premiers engagements y sont d’ailleurs consacrés :
Engagement n°1 : des données mensuelles
- Mettre à disposition du client des données mensuelles sur :
- L’énergie consommée
- La puissance maximale atteinte
- Les dépenses liées à la consommation, avec un suivi de la consommation par rapport à la consommation annuelle passée du client
Engagement n°2 : Situer sa consommation mensuelle
- Permettre au client de situer sa consommation mensuelle par rapport à ses historiques
Engagement n°3 : Un site dédié 24h/24, 7j/7
- Mettre à disposition du client des éléments de repère sur Internet lui permettant de déterminer son profil de consommation et de situer sa consommation par rapport à ce profil type. Cet accès dématérialisé pour tous, sera consultable 24h/24, 7j/7
L’engagement n°4 consiste à proposer à ceux qui le demanderont expressément un support écrit sur la base d’une à deux fois par an :
parce qu’il serait contradictoire d’œuvrer pour une plus grande MDE tout en envoyant une information mensuelle systématique sur papier à 36 millions de foyers, représentant un coût environnemental conséquent, l’UFE souhaite favoriser le développement de l’information en ligne.
L’UFE ne s’engage ensuite qu’à proposer des offres innovantes, ce qui ne signifie en aucun cas gratuites. Alors que Philippe Van de Maele rappelle les résultats des études étrangères sur les réelles possibilités d’économies d’énergie réalisables grâce aux compteurs communicants, il apparaît que le seul moyen de déterminer clairement, et de quantifier, ce qu’il en serait en France réside dans une étude à réaliser sur notre territoire. Ceci est l’objectif de TBH Alliance, initiative d’Eco CO2 avec l’appui de Logica Business Consulting, que nous vous avons présentée dans un article récent.
Sources : Assemblée Nationale, UFE, Eco CO2