Le Ministre de l’énergie, Eric Besson, avait assuré que la décision de généralisation des compteurs Linky serait annoncée avant la fin de l’été, mais l’automne pourtant fraichement arrivé ne nous en a apporté aucune nouvelle. En fait, selon Les Echos, le ministre remettrait sa décision pour après les élections sénatoriales (25 septembre), et de remarquer qu’il aurait dans ce cas peu de temps pour en faire part : en effet, à partir d’octobre, le gouvernement sera soumis, en raison de l’approche des élections présidentielles, « à un devoir de réserve sur les grands enjeux », dont Linky, avec au bas mot plus de 4 milliards d’euros, fait partie. Malgré les conclusions très favorables du rapport Lenoir-Poniatowski, le gouvernement hésite toujours.
Plusieurs points restent actuellement en suspend. Le financement en constitue déjà un : le gouvernement ne veut pas voir Linky facturé au consommateur. ERDF accepterait d’assurer le financement du déploiement mais sous conditions. ERDF voit effectivement quelques avantages non négligeables à ce projet (moins de fraude, une meilleure gestion du réseau…), et serait donc prêt à emprunter les 4 milliards d’euros nécessaires à condition d’avoir l’assurance de rester propriétaire des compteurs et de conserver les concessions de distribution pendant toute la durée de l’amortissement, soit 20 ans.
D’autre part, le sujet de la maîtrise de la demande d’énergie (MDE) n’est pas réglé non plus. Le médiateur de l’énergie a d’ailleurs récemment confirmé (dans une lettre datée de septembre) la position adoptée en commun avec l’ADEME : les nouveaux compteurs doivent offrir « une réelle plus-value par rapport aux anciens compteurs » et « répondre à un impératif absolu de maîtrise de la demande énergétique » :
La quasi-totalité des compteurs électriques n’est pas installée dans un lieu permettant leur consultation régulière: la lecture en temps réel de la consommation effective est donc tout simplement impossible.
Il estime donc qu’un » afficheur déporté devrait être livré avec chaque compteur « , rappelant au passage que tout consommateur français doit avoir le choix entre trois ou quatre services d’information en temps réel sur ses consommations. Ecran dans le logement ou internet, de toute façon, cela représente un coût supplémentaire et les fournisseurs aimeraient quant à eux que la MDE fasse partie des services qu’ils pourraient proposer, à titre payant bien entendu.
Sur ce point particulier, Eco CO2 avec l’appui de Logica Business Consulting et IPSOS vient de prendre une initiative, l’Alliance TBH, visant à mener une étude pour quantifier l’apport réel en économies d’énergie de l’affichage de consommations. Particuliers, fournisseurs ou distributeurs d’énergie, nous vous encourageons à vous renseigner et à rejoindre cette Alliance.
Enfin la CNIL (Commission nationale de l’informatique et des libertés) a elle aussi attiré l’attention du gouvernement sur la sécurité de l’infrastructure et sa capacité à résister à des attaques de hackers. Elle s’est aussi montrée réticente sur le fait qu’une courbe de charge trop fine permet d’en connaitre beaucoup sur la vie privée des gens.
ERDF voudrait aller vite car le déploiement de Linky pourrait assurer 10 000 emplois par an pendant 5 ans. Le gouvernement pourrait publier bientôt un arrêté avec seulement une partie des spécificités et en remettant à plus tard certaines modalités, mais il n’est pas sûr qu’une telle décision soit suffisante à ERDF pour lancer son appel d’offres.
Sources : Les Echos, Energie 2007, Eco CO2 lance l’Alliance TBH