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L’obsolescence programmée à l’ordre du jour

Au mois de juin et presque simultanément, alors que Greenpeace s’attaquait à « l’autre virus du secteur IT » – comprenez par là l’obsolescence programmée – et dénonçait au passage quelques fabricants indélicats, le Parlement européen adoptait une proposition de résolution sur une durée de vie plus longue des produits.
obsolescence programmée
L’obsolescence programmée, ce sont les techniques qu’utilisent volontairement les industriels pour réduire la durée de vie de leurs produits. Cela touche les produits du secteur de l’électronique, sur lesquels s’est particulièrement penché Greenpeace, mais aussi de nombreux produits de notre quotidien, pour lesquels le Parlement élargit ses demandes (électroménager notamment).

Greenpeace recense dans son étude les cinq méthodes les plus utilisées par les fabricants de « nos gadgets électroniques » (smartphones, tablettes, ordinateurs) « pour inoculer le virus de l’obsolescence programmée à leurs appareils » :

  • les réparations impossibles – certaines pièces sont soudées entre elles et au boîtier si bien qu’il est impossible d’en remplacer une sans remplacer les autres ;
  • la fragilité des produits – sur les smartphones par exemple, les écrans « bord à bord » composés bien entendu de verre rendent les appareils encore plus fragiles ;
  • les batteries irremplaçables – un problème qui concerne 70 % des appareils testés par Greenpeace ;
  • le prix exorbitant des réparations – quand elles sont possibles, leurs prix sont dissuasifs et elles nécessitent souvent des outils spéciaux, notamment pour ôter certaines vis ;
  • la quasi indisponibilité des pièces de rechange et des manuels de réparation – rares sont les fabricants qui veulent encore concevoir des appareils réparables, Greenpeace recense 3 marques sur les 17 testées qui se plient à cet exercice.

Le Parlement européen souligne quant à lui que 77 % des consommateurs de l’Union Européenne préfèreraient s’efforcer de réparer les produits hors d’usage (Eurobaromètre, juin 2014), mais sont découragés par le prix. La résolution adoptée plaide à la fois pour des biens durables et contre l’obsolescence programmée. L’information aux consommateurs devrait être encore améliorée car « les produits fiables et durables présentent un bon rapport coût-avantages pour les consommateurs et limitent la surexploitation des ressources ainsi que les déchets. (…) Il importe dès lors de veiller à prolonger la durée de vie utile des produits de consommation par une conception visant la durabilité et la possibilité de réparer, de revaloriser, de démonter et de recycler les produits. » L’obsolescence programmée a d’autant plus un effet néfaste que « la baisse de confiance des consommateurs à l’égard de la qualité des produits porte préjudice aux entreprises européennes. »

Par ailleurs « la durée de vie et le vieillissement d’un produit dépendent de différents aspects, naturels ou artificiels, comme la composition, la fonctionnalité, le coût de la réparation et les modèles de consommation (…). Les produits conçus spécifiquement pour tomber en panne et s’arrêter de fonctionner au bout d’un certain nombre d’utilisations ne font qu’alimenter la méfiance des consommateurs et ne devraient pas être autorisés sur le marché. »

La résolution invite donc la Commission à adopter des mesures pour encourager la conception de produits robustes, durables et de qualité : le texte demande à la Commission et aux États membres de soutenir les fabricants de design modulaire facilement démontable et interchangeable. Les eurodéputés souhaitent aussi que des critères de résistance minimum, par catégorie de produits, couvrant la robustesse, la réparabilité et l’évolutivité soient définis. Il est de plus nécessaire de promouvoir la réparabilité et la longévité des produits ; la résolution propose pour cela différentes pistes dont la création d’un label européen volontaire indiquant la durabilité du bien concerné. Une meilleure information des consommateurs est par ailleurs souhaitée.

Comme il est particulièrement difficile de prouver l’obsolescence programmée : les députés demandent la mise en place d’un système capable de tester et de détecter cette pratique. Ils plaident pour une meilleure protection des « lanceurs d’alerte » et des mesures dissuasives appropriées pour les producteurs. La résolution demande enfin de renforcer le droit à la garantie légale de conformité et de prémunir aussi les consommateurs contre l’obsolescence des logiciels.

Sources : Greenpeace, Parlement européen

 

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