L’UFC Que Choisir accuse EDF, en raison de son quasi-monopole sur la production d’électricité, de « scléroser la concurrence » avec de lourdes conséquences sur le prix de l’électricité et sur la facture des consommateurs. L’opérateur historique se défend fermement de ce qu’il traite « d’allégations » de l’association de consommateurs ne reposant sur « aucun élément tangible« .
Les arguments de l’UFC Que Choisir
Un parc nucléaire sous-utilisé qui affecte le prix de l’électricité
L’UFC Que Choisir explique que « Malgré deux décennies d’ouverture à la concurrence de la production d’électricité, l’opérateur historique EDF règne presque sans partage sur l’approvisionnement français avec plus de 86 % de la production, grâce notamment à son monopole sur le parc nucléaire. » Ceci pousserait l’électricien à exploiter ses capacités de production de manière contraire aux intérêts des consommateurs.
L’association « révèle ainsi que le parc nucléaire français a été largement sous-utilisé entre 2012 et 2017 » afin de faire monter les prix du marché. Les centrales nucléaires françaises tournent, selon elle, à plein régime quand les prix du marché sont très élevés, tout comme en Allemagne. Mais à la différence de son voisin, leur taux d’utilisation baisse lorsque les prix diminuent, au profit des centrales à fioul, gaz ou charbon, « qui font augmenter les prix du marché de gros. »
Ce système aurait permis à EDF d’engranger une somme évaluée à 3,2 milliards d’euros, mais aurait coûté 2,4 milliards d’euros aux consommateurs français : les abonnés au tarif réglementé auraient supporté un surcoût moyen de 71 €, et ceux des fournisseurs alternatifs de 109 €.
Un marché européen qui ne joue pas en faveur des consommateurs français
« L’intégration progressive des marchés européens de l’électricité est censée favoriser la concurrence. En toute logique, la France devrait donc, dans la limite des capacités du réseau transfrontalier, importer lorsque le prix de l’électricité est inférieur dans les Etats voisins et, inversement, exporter lorsque les prix français sont plus compétitifs » souligne l’association.
Une logique qui, selon elle, n’est plus respectée à partir de 2015 : malgré un prix plus compétitif en Allemagne, les importations restent anormalement faibles et ne permettent pas une baisse des prix français.
Une régulation à renforcer
« Ces constats mettent clairement en lumière l’incapacité de la régulation actuelle à garantir aux consommateurs un prix de l’électricité qui tire pleinement avantage de la compétitivité des capacités nucléaires historiques » poursuit l’association qui demande aux autorités de mettre en place un cadre réglementaire plus contraignant « afin d’assurer un fonctionnement du parc nucléaire qui soit à la fois bénéfique aux consommateurs et qui n’hypothèque pas les objectifs environnementaux de long terme. »
Les réponses d’EDF
EDF a aussitôt publié un communiqué en réaction aux « allégations » de l’association de consommateurs. Il précise que « EDF conteste formellement les accusations portées à son encontre par l’UFC que Choisir concernant ses actions menées sur le marché de gros de l’électricité. L’UFC Que Choisir ne fonde ses allégations sur aucun élément tangible, s’appuyant seulement sur un raisonnement économique erroné qui ne tient pas compte de la réalité du marché de gros, marché européen interconnecté basé sur la rencontre de l’offre et de la demande. »
Le groupe explique optimise à tout moment l’utilisation de son parc de production en interaction avec les marchés européens de l’énergie, sous le contrôle permanent de la Commission de Régulation de l’Energie « qui publie chaque année son rapport sur le fonctionnement des marchés de gros de l’électricité, du CO2 et du gaz naturel. »
« Eu égard à la gravité des propos tenus« , il déclare se réserver le droit d’intenter une action devant les tribunaux « pour tirer les conséquences de ces allégations« .
Sources : UFC Que Choisir, EDF