L’Union Française de l’Électricité réunissait, mardi 8 novembre 2011, 500 personnes autour du thème «Électricité 2030 : quels choix pour la France ?» Les débats étaient animés par le journaliste économique Arnaud Fleury.
Après un mot d’accueil par Robert Durdilly, au nom de l’UFE, la première partie de la journée a été structurée autour de la présentation de l’étude menée par l’UFE Choix Énergétiques : les scénarios UFE à 2030 :
- une intervention d’Henri Proglio, Président d’EDF, qui a rappelé les trois enjeux (doublement des besoins, garantie d’alimentation et réchauffement planétaire) et dressé les grandes orientations de son Groupe, notamment sur le nucléaire, la péréquation tarifaire et la précarité.
- un discours d’Eric Besson, Ministre chargé de l’Industrie, de l’Énergie et de l’Économie Numérique, qui a placé la réflexion sous l’angle de la préparation du PPI qui sera débattu après les élections présidentielles et soumis en 2013, et s’est démarqué de l’étude UFE en précisant que l’augmentation de 30% du prix de l’électricité à horizon 2030 n’engageait aucunement le gouvernement.
- une présentation des résultats de l’étude UFE par Bruno Bensasson (Directeur Développement Durable – GDF suez), Stéphane Morel (Secrétaire Général – Eon France) et Philippe Torion (Directeur Optimisation Amont Avala et Trading – EDF).
- une intervention de Dominique Maillard, Président du RTE.
Puis quatre tables rondes étaient organisées.
Première table ronde : Quelle acceptabilité dans les choix énergétiques du futur ?
De gauche à droite : Michèle Bellon (Président du Directoire – ERDF), Pierre-Franck Chevet (Directeur Général – DGEC), Arnaud Fleury, Pierre-Henri Tavoillot (philisophe), Jan-Host Keppler (économiste OCDE) et Laurence Tubiana (Directrice de la Chaire Développement Durable – IEP Paris).
Pierre-Henri Tavoillot :
Je voudrai souligner le rôle nouveau de la peur dans notre société. C’est une fonction très nouvelle et profonde. On assiste à un paradoxe : on vit dans un monde de plus en plus sûr alors que la peur ne cesse de grandir. « La peur rassure » car elle donne du sens. Si on a de petites phobies (qu’on guérit) c’est pour lutter contre l’angoisse (qu’on ne guérit pas).
Jan-Host Keppler :
En Allemagne la consommation électrique moyenne d’un foyer est 20% inférieure à celle d’un ménage français. Mais c’est essentiellement lié à l’absence de chauffage électrique. Le problème du chauffage électrique en France montre bien les limites de la prise de décision par les experts.
Michèle Bellon :
Le risque majeur n’est-il pas celui qu’on a pas (encore) identifié ?
Seconde table ronde : Changer le bouquet énergétique : à quelles conditions et à quelle prix ?
De gauche à droite : Luc Poyer (Président – Eon France), Yves Giraud (Directeur de l’Économie de la production et Stratégie industrielle – EDF), Hervé Laffaye (Membre du Directoire – RTE), Henri Ducré (Directeur énergie France – GDF Suez), Arnaud Fleury,Pierre-Marie Abadie (Directeur Energie – DGEC), Michel Crémieux (Président – Enel France), Philippe Garnier (Directeur de l’offre – GRT gaz) et Bruno Hallak (Managing Director, Head of investment banking & coverage & advisory France – Deutsche Bank).
Yves Giraud
Je récuse le terme de « bouquet énergétique », nous ne sommes pas des fleuristes mais des industriels.
Henri Ducré
Nous sommes passés du stade où nous amenions l’énergie à chaque foyer au stade où nous devons apporter des moyens d’efficacité énergétique à tous.
Troisième table ronde : Accélérer le développement des ENR : à quelles conditions ?
De gauche à droite : Serge Poignant (Président des affaires économiques – Assemblée nationale), Olivier Pétros (Directeur Énergies Renouvelables, EDF), Jean-Baptiste Séjourné (Directeur Délégué de la Branche Énergie France – GDF Suez), Arnaud Fleury, Jean-Louis BAL (Président du SER), Loïc Capéran (Directeur Général – Powéo) et Frédéric De Manéville (Président – Vattenfall France).
Loïc Capéran
Powéo n’est plus dans les ENR, depuis peu. les ENR c’est un investissement à part, il ne fait pas partie de l’équilibre amont/aval de l’acteur intégré.
Quatrième table ronde : La MDE : comment passer du rêve à la réalité ?
De gauche à droite : Michel Vanhaesbroucke (Directeur commercial – GDF Suez), Louis Demillecamps (Directeur technique et Développement Durable – Vinci), Frédéric Abbal (Président – Schneider Electric France), François Brottes (Député de l’Isère), Arnaud Fleury, Philippe Monloubou (Directeur Commerce – EDF), Fabien Choné (Directeur Général délégué – Direct Energie), Christophe Chauvet (Directeur SICAE de la Somme et du Cambresis) et Yann Ménager (Chef du bureau en charge de la maîtrise de la demande d’énergie – DGEC).
François Brottes
Il faut trouver la solution pour payer ceux qui font des économies d’énergie ! C’est un vrai sujet face notamment à l’effet rebond.
Les NTIC représenteraient 14% de la consommation électrique, il faut jouer sur la pédagogie, les comportements.
Frédéric Abbal
Nous ne pourrons jamais adresser 100% du parc mais seulement 30% sur lesquels on peut aller chercher 20 à 30% d’économies.
Christophe Chauvet
Quelle pédagogie ? Le consomm’acteur c’est de l’utopie. La réalité c’est à un moment donnée, il a un besoin et veut l’assouvir. Imaginons qu’on lui propose automatiquement l’énergie la meilleure fournie par quelqu’un qui gère le problème globalement sur certains usages.
Philippe Monloubou
Le dispositif des CEE ? Il est temps de faire un retour d’expérience. C’est lourd, couteux et surtout pas assez efficient. Acceptons de revisiter le système.
Nous devons avoir un logique de signaux cohérents vers le consommateur par rapport à Linky et la MDE :
– signal d’information. Fournir une information simple et intelligible ;
– signal tarifaire. Utiliser les signaux tarifaires pour l’effacement de charge ou le report d’un usage, être capable de stocker l’énergie. Avec la RT 2012 on a éliminé le ballon d’eau chaude sanitaire : c’est une catastrophe.
– signal économique. Subventionner des choses non rentables c’est inefficace pour la maison France.
Fabien Choné
Comment aider ? Il y a deux façons : des aides et financements publics ou bien les obligations CEE sur les fournisseurs d’énergie. Pour Directe Energie on est pour car c’est une façon de se différencier commercialement mais le problème c’est qu’il n’y a rien de prévu dans les tarifs règlementés pour les financer. Ce n’est pas acceptable, il faut revoir ce dispositif, les fournisseurs ne peuvent pas financer cela sur le long terme.
Yann Ménager
Le dispositif des CEE s’inscrit dans le cadre des 3×20 de la Commission. Le bilan de l’ensemble des mesures pour la France montre qu’en Juin 2011, la France a atteint ses objectifs. Pour les CEE on a eu une première phase qui était un apprentissage, la phase 2 correspond à une accélération.
Sur les NTIC, il y a un grand potentiel d’économies. Deux directives pour y contribuer :
– l’éco-conception des produits ;
– l’étiquetage énergétique. Désormais les téléviseurs ont leur étiquette, puis progressivement d’autres produits bruns viendront.
Intervention de Maria Van der Hoeven, Directrice exécutive, Agence Internationale de l’Energie.
La nouvelle Directrice exécutive de l’AIE, a enfin présenté la vision de son agence en matière de perspectives énergétiques face au double défi : augmentation des besoins, baisse du CO2.
Source : UFE
Une réponse sur “L’UFE pose les bases du débat qui animera les présidentielles sur les choix en matière d’électricité à horizon 2030”
J’ai lu dans le rapport public de l’UFE que ces spécialistes, si l’on peut dire, donnaient à 180 euros par MWh le prix de l’électricité photovoltaïque en 2030.
Pourtant, il suffit de s’informer un peu pour constater que c’est le prix de novembre 2011 et que ce prix est en baisse continue. Ce qui fait qu’il sera moins cher que n’importe quel nucléaire en 2030.
Pour l’éolien, on peut voir qu’il est bien souvent plus économique que le nucléaire pour produire de l’électricité > http://energeia.voila.net/electri/eolien_moins_cher.htm