Le Programme des Nations-Unies pour l’Environnement (PNUE) et l’Organisation Météorologique Mondiale (OMM) ont présenté récemment une analyse d’où il ressort que, si lutter contre le dioxyde de carbone pour limiter les risques de réchauffement climatique à long terme est une obligation, prendre des mesures en plus pour limiter la suie et l’ozone dans l’atmosphère revêt aussi un caractère fondamental, dont les effets peuvent se faire sentir à plus court terme.
Pour contenir le réchauffement climatique sous les 2°C, réduire les émissions de CO2 ne suffira pas, il faut donc en même temps lutter contre la pollution de l’air, à laquelle participent la suie et l’ozone. En effet, le « noir de carbone » est formé par les particules présentes dans la suie émise par les véhicules, les feux de forêt et certaines installations industrielles. Ces particules de carbone interceptent et absorbent la lumière du soleil et accélèrent la fonte des glaces arctiques et des glaciers en général sur lesquels elles se déposent. L’ozone troposphérique – de basse altitude – composant-clé de cette pollution se forme à partir d’autres gaz dont le méthane et constitue par ordre d’importance le troisième gaz à effet de serre.
Le dioxyde de carbone s’accumule dans l’atmosphère au fil des siècles et y persiste sur une longue durée, il contribue donc au réchauffement à long terme. Le noir de carbone, le méthane et donc l’ozone ont un impact de plus courte durée sur le climat : leur réduction dans les 20 prochaines années aurait donc un effet plus rapide, et ralentirait le réchauffement climatique, avec une différence de 0,5°C, d’ici 2050. De plus, limiter cette pollution éviterait des maladies respiratoires et 2,5 millions de décès prématurés par an, et augmenterait le rendement des récoltes, qui en subissent les dommages, de 50 millions de tonnes.
Un scénario combinant la lutte contre le CO2 et un petit nombre de mesures mises en œuvre à grande échelle et sur toute la planète présenterait bien plus d’avantages qu’un scénario ne prenant en compte que le premier point. Or ces mesures existent déjà, il convient par contre de les généraliser. Ainsi pour les rejets de noir de carbone, les scientifiques préconisent l’usage de pièges à particules sur les moteurs diesel et le retrait des véhicules âgés de la circulation. Pour réduire les émissions de méthane, ils proposent de le récupérer dans les secteurs du charbon, du gaz et du pétrole, et l’utilisation de systèmes de combustion plus propres ; de séparer et de traiter les déchets biodégradables du reste des ordures ménagères, et de modifier l’alimentation des animaux d’élevage qui en émettent.
De telles mesures généralisées à la planète entière permettraient, selon les scientifiques, de réduire des deux tiers la hausse des températures attendue dans l’Arctique dans les trente prochaines années.
Sources : 20 minutes, Associated Press, image : goodplanet.info Copyright AFP/Archives Joseph Eid