Le programme MAGE, labellisé par le ministère de la Transition écologique, vise à accompagner collectivement et individuellement les foyers en précarité énergétique du parc social et privé. Ceux-ci sont gratuitement équipés d’une plateforme numérique « Quart’home », développée par la société Eco CO2.
Contexte
Composée d’une tablette numérique et de capteurs, elle leur permet de visualiser les consommations en temps réel, les températures et les données d’hygrométrie intérieures et extérieures de leur logement.
En parallèle, des associations locales spécialisées dans l’accompagnement à la maîtrise de l’énergie ou dans l’accompagnement social des ménages fragiles accompagnent sur un an les foyers volontaires dans la mise en œuvre d’actions dans la durée pour maîtriser leurs consommations d’électricité.
À la suite de leur participation au programme MAGE, 50 foyers issus de 12 opérations différentes ont été contactés, 6 à 12 mois après la fin du suivi de leurs consommations d’énergie, pour un entretien individuel.
Ces rendez-vous volontaires, d’environ 20 minutes, ont été réalisés par téléphone par l’équipe Précarité Energétique d’Eco CO2 après l’envoi d’un mail informant les ménages de la démarche. Ils ont été enregistrés avec l’accord des personnes contactées. L’objectif de ces entretiens était de recueillir leur perception globale du programme et avoir une meilleure connaissance de leur impact dans leur quotidien.
Analyse des résultats
Conservation du matériel afin de poursuivre de manière autonome le suivi de leurs consommations

Il y a un certain équilibre entre les ménages qui ont conservé ou pas le matériel. Ils sont au nombre de 21 contre 27 qui l’ont rendu.
Perception du programme

Nous pouvons noter une évaluation positive dans la majeure partie des discours. L’accent a été mis tout particulièrement sur le bon relationnel qui s’est construit durant la période du suivi avec l’ensemble des accompagnateurs (associations et salariés des porteurs de projet).
Le vécu concernant le matériel est plus partagé. Une partie des répondants a pu s’appuyer sur les graphiques à leur disposition pour mieux maîtriser leur consommation quand une autre partie s’est satisfaite uniquement de l’accompagnement proposé par les chargés de visite, en raison de leurs difficultés à utiliser la tablette (manipulation ou lecture des graphiques).
Il en ressort malgré tout pour la majorité des personnes interrogées que le programme leur a apporté des connaissances leur permettant de mieux contrôler les consommations de leur logement.
L’impact du programme sur la modification des pratiques et habitudes

Bien que tous les répondants n’aient pas changé leurs habitudes, certains mentionnent une évolution de leurs pratiques qui touchent à la fois à leur consommation d’électricité, à l’amélioration de leur confort ou à la consultation régulière de leurs consommations d’électricité sur la tablette.
Cette amélioration de la compréhension a aussi déclenché des changements ou des achats de nouveaux équipements (petits appareils ou gros électroménagers), voire dans des cas plus isolés la poursuite de travaux d’amélioration thermique du logement.

Les modifications signalées concernent aussi des baisses des factures d’énergie, une meilleure maîtrise du confort et une amélioration des consommations.
Nous assistons, dans certains cas, à une prise de conscience en matière de perception de l’environnement de façon plus globale, notamment sur l’impact que peuvent avoir leurs consommations outre l’augmentation de leur facture d’électricité.
Concernant les écogestes retenus dans le plan d’action et validés avec les ménages lors du rendez-vous intermédiaire de suivi, la plupart des répondants les considéraient plutôt accessibles bien que leur mise en application ne se soit pas faite par tous.

En essayant de connaître les thématiques abordées, il a pu être mis en évidence que l’éclairage (ex : mettre des LED et éteindre la lumière en sortant d’une pièce) et les veilles (ex : installer des multiprises à interrupteur et débrancher les équipements non utilisés) sont les plus souvent soulignés en termes d’application dans le logement. Viennent ensuite le chauffage (ex : baisser la température) et le contrat (ex : mieux utiliser ses heures creuses). D’autres thématiques ont été citées, à savoir l’aération, l’usage des électroménagers, l’eau, la cuisson.
Quelques répondants n’ont pas changé leurs pratiques. Par exemple, certains ont expliqué que le plan d’action proposait des écogestes qu’ils avaient déjà mis en place avant leur participation au programme ; une minorité d’interviewés a le sentiment que leur pratique n’a pas évolué, car elle estime consommer peu en raison d’absences régulières du logement ou du fait de vivre seul.
Sur la question des pratiques en dehors du logement, quelques personnes évoquent le tri, l’alimentation bio et les transports en commun comme faisant partie de leur quotidien avant leur inscription dans le programme MAGE.
Ce programme ne semble pas avoir d’influence réelle sur des pratiques liées à d’autres domaines que leurs consommations d’énergie dans leur logement.
Ouverture
Si un programme de cette nature devait être relancé, un grand nombre de répondants serait partant pour renouveler l’expérience, car cela leur a permis de questionner leurs pratiques et habitudes et de les modifier.
D’autres ne seraient pas intéressés pour les raisons suivantes : le programme est considéré comme très complet ou ils ont eu des difficultés d’adaptation liées aux nouvelles technologies.

La majorité des foyers considère que ce type de programme devrait être proposé au plus grand nombre et pas seulement aux ménages modestes et très modestes.
Certains expliquent qu’il devrait s’adresser plutôt aux propriétaires, d’autres mentionnent le fait qu’un suivi avec une tablette numérique n’est pas accessible à tous et que c’est un facteur à prendre en compte avant diffusion du programme.

En ce qui concerne les améliorations à apporter, une majorité considère qu’il y en a peu. Pour les autres, les visites à domicile sont à conserver pour maintenir un lien régulier.
Concernant le matériel, quelques ménages mentionnent la création d’une application sur smartphone, l’amélioration du logiciel de la tablette, un nombre de capteurs plus importants pour mesurer la température et l’hygrométrie dans plusieurs pièces du logement.
Concernant l’accompagnement, un petit nombre de ménages aurait souhaité un programme plus long avec des points une à deux fois par an pendant 2 à 3 ans.
Pour aller plus loin, vous pouvez télécharger le livre blanc de MAGE à cette adresse.
Merci à Brigitte et à Valérie pour la rédaction de cet article !