« Mais où passent des dizaines de millions de dollars ? » Certains projets aboutissent de façon visible, comme la construction du gymnase taïwanais, l’installation de la décharge néo-zélandaise ou la modernisation du port par les Japonais, entre autres. Mais la déperdition est évidente. Après quelques bières, la plupart des expatriés admettent, en off, les errements de leurs bureaucraties. On perçoit un certain découragement chez ces contractuels coincés entre une hiérarchie lointaine, déconnectée du terrain, et une administration locale souvent inapte. Ils pointent le manque de coordination et la concurrence entre les agences de développement, la lenteur des procédures et la gestion kafkaïenne des budgets.
L’essentiel de l’aide allouée aux Kiribati est capté par les salaires des consultants internationaux. Ces consultants produisent des rapports, c’est le cœur de leur métier. Il faut saluer le sens du détail qui les caractérise. L’un d’entre eux, émanant d’un cabinet néo-zélandais, recense le nombre de cochons à Tarawa à l’unité près. Il y en 13 184. Quelqu’un a été payé pour dénicher cette information. En revanche, personne n’a penser à reboucher la brèche dans la digue de Tebikenikora.
Julien Blanc-Gras
Paradis(avant liquidation)
Pages 130 et 131
Au diable Vauvert
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