Quand une ville allemande décide de développer les énergies renouvelables, ce sont tous les habitants (ou presque) qui doivent s’y mettre. Ainsi dans la vieille ville universitaire de la Hesse, Marburg (80 000 habitants, dont plus de 20 000 étudiants), la municipalité a voté une « charte » obligeant tous les propriétaires de bâtiments anciens à installer des panneaux solaires sur leur toit dès lors qu’ils engagent des travaux de réfection de toiture ou de modification de leur système de chauffage. Le tout, à leurs frais.
Les constructions nouvelles ne tombent pas sous le coup de cette charte, puisqu’elles sont déjà concernées par une loi fédérale depuis le 31 décembre 2008. Celle-ci prévoit un seuil minimum obligatoire, fixant à 14 % la part des énergies renouvelables dans les maisons neuves. Par contre, elle s’appliquera à tout bâtiment dépassant 50 m², y compris dans le centre historique où les propriétaires devront de plus éviter toute « perturbation visuelle » par le choix des matériaux ou la localisation de l’installation solaire. Les complexes de plus de 30 000 m² ne bénéficient d’aucune dispense, au nom de l’égalité de traitement. Les panneaux solaires devront couvrir au minimum 1 m² pour 20 m² de surface du bâtiment.
Un texte similaire avait déjà été voté en 2008, mais annulé suite à un recours devant le tribunal administratif. Mais la municipalité n’a pas pour autant renoncé à son projet : la nouvelle version de la charte prévoit même une amende de 1 000 € minimum pour les récalcitrants. La ville entend par là autant contribuer à la protection du climat qu’éviter à ses habitants une hausse exponentielle des prix de l’énergie.
La charte entrera en vigueur le 1er octobre prochain, mais d’ores et déjà, Marbourg figure parmi les villes allemandes les mieux équipées en photovoltaïque.
Sources : Batiactu, 20 minutes, La Libre Belgique
2 réponses sur “Marburg (Allemagne) : panneaux solaires obligatoires”
Voilà une information qui situe l’atterrant retard intellectuel, culturel des gouvernants français et de leurs administrations !
Laissez-moi vous narrer ce qui n’est hélas pas une fable, et qui pousse un Français à se demander comment il serait possible d’imaginer favorablement l’avenir du photovoltaïque en France quand le pays est en butte d’une part à un gouvernement qui remet en cause les conditions de rachat de l’électricité produite, interdisant ainsi toute étude d’amortissement de l’investissement envisagé par les particuliers, et d’autre part, plus gravement encore, quand les architectes des Bâtiments de France (BdF) interdisent aux propriétaires de maisons anciennes de recourir à cette énergie renouvelable pour tenter de juguler l’inflation galopante du budget énergétique dans des demeures anciennes, éléments de patrimoine, mais qui tomberont en ruine si on leur interdit, au titre de dogmes déplacés au 21ème siècle, le recours aux énergies renouvelables ?
Dans le Puy-de-Dôme, au titre de la préservation de la vision aérienne des toits rouges d’un bourg qui possède une église romane classée, les BdF interdisent sur les toits des demeures anciennes la pose de panneaux photovoltaïques, mais l’autorisent sans état d’âme sur les constructions modernes du bourg, devenu village-dortoir, à 15 Km de Clermont-Ferrand. Dans ce bourg, par ailleurs, on y construit, au cœur historique même, qui une verrue moderne d’acier, de verre et de béton sur une mairie authentiquement du XVIIIème siècle, restaurée par ailleurs avec les subventions des BdF, qui un immeuble social aux façades de bois lambrissées de couleur acajou, attenantes à un hôtel ancien, au titre du témoignage « de l’époque et de l’esthétique contemporaines », ce que ne sont donc probablement pas les panneaux photovoltaïques pour ces censeurs. On y tolère aussi les portes de garage en aluminium brillant, les toits de tôle ondulée, de verre et de fibrociment sauvages, et la prolifération des paraboles satellitaires par dizaines, et les publicités de grand format sur les murs de bâtiments de la commune « authentique ». Par contre, les panneaux photovoltaïques, eux, y sont jugés hérétiques.
Comment peut-on concevoir une telle discrimination, qui accepte le photovoltaïque sur les maisons neuves qui sont a priori d’une isolation thermique de bon niveau, et l’interdit sur les demeures anciennes qu’il devient quasiment impossible de chauffer avec des énergies fossiles dont le coût explose, et dont l’isolation, outre qu’elle peut retentir sur l’esthétique, par exemple en extérieur, est extrêmement difficile et coûteuse ?
Dans une de ces demeures, rachetées il y a longtemps à faible prix parce qu’elle était en piteux état, un propriétaire, acculé par la montée des coûts de chauffage à base d’énergie fossile (gaz de ville), a dû se résoudre, quarante ans plus tard, pour continuer à vivre dans une maison qu’il chérit, à sacrifier toutes ses économies pour refaire le toit, isoler les combles, remplacer les fenêtres, installer des pompes à chaleur pour réduire au maximum la consommation de gaz. Ce faisant, il a dû recourir au triphasé, avec une sérieuse augmentation de la note d’électricité. Pour rétablir l’équilibre financier, il a donc voulu parachever l’installation par production de photovoltaïque, avec une solution française plus coûteuse que les offres concurrentes, en revendant les 3 KWh produits à ERDF, puisque l’Etat, et peut-être aussi les capacités de stockage de l’énergie produite, ne permettent pas un usage direct par le particulier. Ceci étant, l’électricité produite profite à la communauté et contribue d’autant au besoin de consommation électrique locale.
Les BdF et la DDT ont émis un avis défavorable à cette installation !
Comment avec un tel état d’esprit, dans un pays où l’opinion publique réfute le nucléaire, les champs d’éoliennes, le gaz de schiste, dans un pays où l’on a exploité tous les sites d’énergie hydrauliques de taille, peut-on sereinement envisager l’avenir du photovoltaïque si les obstacles aux productions domestiques, individuelles sont multipliés par les dogmes de BdF qui voient le problème par le gros bout de la lorgnette ? Pourtant, la multiplication de sites domestiques de production d’électricité, tant par le photovoltaïque que par des éoliennes de petites dimensions, aurait l’avantage à terme de réduire le besoin en grandes centrales nationales de production d’énergie électrique : les petits ruisseaux font les grandes rivières. Le cercle vertueux s’enclencherait : avec une demande croissante, la recherche française serait encouragée, tant pour des panneaux à haut rendement s’intégrant mieux dans tout décor qu’en capacités de stockage, en synergie avec les besoins de stockage que requièrent les perspectives des véhicules électriques, les coûts de production diminueraient dans le temps, les petits ruisseaux se multiplieraient, l’équilibre national s’améliorerait (c’est une philosophie équivalente à celle qui a fait diminuer le besoin en sites informatiques centraux d’énormes puissances par la diffusion d’ordinateurs personnels locaux, « domestiques », en leur périphérie).
Qui pourrait dépoussiérer les administrations françaises réactionnaires et aveuglément intransigeantes ? Tous les experts s’accordent à noter le déclin d’une nation qui passait pour avoir un fond d’intelligence et des atouts. Qui sur de tels exemples pourrait s’étonner de cette régression ?
Dans ce domaine précis, à vouloir protéger exclusivement l’aspect esthétique du patrimoine (avec deux poids deux mesures peu compréhensibles au commun des citoyens et des considérations esthétiques discutables : « de goûts et de couleurs il ne faudrait discuter »), les pouvoirs publics français vouent une partie de celui-ci à disparaître : si les vieilles demeures deviennent impossible à entretenir, ce n’est pas l’Etat, en la situation de ses finances, qui prendra le relai, et elles finiront par tomber en ruine. Et disparaître, par la grâce des règlements administratifs censés les protéger !
Un pas de plus vers la dictature écologique ? 😮