Depuis déjà longtemps, diverses mesures relevées dans le métro parisien ont prouvé que l’air n’y était pas plus respirable qu’à l’extérieur. Mais le phénomène s’aggrave. L’air y est actuellement plus pollué que l’air de la ville, selon les mesures effectuées par des journalistes du Parisien.
Les particules fines PM 2,5 mesurées
Sur des mesures enregistrées en 2008 et en 2009, Airparif avait déjà annoncé : « Dans les enceintes du métro ou du RER, la qualité de l’air est mitigée. Certains polluants comme le dioxyde d’azote sont en plus faible quantité qu’à l’extérieur, ou quasiment absents comme l’ozone. D’autres comme les particules peuvent atteindre des niveaux beaucoup plus élevés dus à la circulation des rames et la fréquentation« .
Les journalistes du Parisien se sont eux concentrés sur les particules fines PM 2,5. Celles qui présentent le plus de risques pour la santé. Plus fines que les autres, elles pénètrent plus profondément dans l’appareil respiratoire, voire le réseau sanguin. Et les résultats sont mauvais : ces taux se révèlent jusqu’à douze fois plus élevés qu’à l’extérieur.
Ces mesures ont été réalisées un jour où la qualité de l’air extérieur était particulièrement bonne (5 μg/m3 d’air de PM 2,5 alors que la moyenne est plutôt de 15 μg/m3). Ainsi sur les quais du métro à la station La Défense, les niveaux se révèlent jusqu’à 30 fois plus élevés qu’à l’air libre dans la ville. La RATP a même relevé jusqu’à 200 μg/m3 de particules fines à la station Châtelet. D’autres ont toutefois des niveaux plus raisonnables.
D’où proviennent ces particules fines ? Du freinage des trains d’abord, qui émet de la matière, remise en suspension à chaque passage (environ 450 tonnes chaque année dans le métro). De l’air extérieur ensuite, car les bouches de prises d’air du métro se situent au niveau des chaussées et des pots d’échappement, et l’on est en milieu urbain dense.
Prendre le métro ou y travailler
Et encore l’exposition des voyageurs est-elle limitée : une ou deux heures par jour en moyenne. Mais pour les salariés de la Régie, ceux qui restent au moins 6 heures 30 par jour en-dessous ont de quoi s’inquiéter. La RATP assure pourtant se conformer à la règlementation du Code du Travail. Celle-ci n’est cependant pas très précise. « Pour les voyageurs, il n’y a pas de valeurs réglementaires. Pour les salariés, c’est le Code du travail qui s’applique. Il ne parle pas de PM 10 ou 2,5, mais de poussière totale (seuil à 10 mg/m3) et de poussières alvéolaires (5 mg/m3). Ces valeurs sont respectées« , indique la responsable développement durable à la RATP,
Interrogé par la Parisien, le pneumologue Bruno Housset, président de la Fondation du souffle, fait une distinction entre les particules présentes dans le métro et celles de l’extérieur : « La nature n’est pas la même. On retrouve dans le métro la pollution de l’air extérieur. Mais il y a aussi des particules issues du freinage dont la composition est encore mal connue. Ce sont des nanoparticules encore plus fines, mais qu’il faudrait mieux connaître« .
Selon lui, pour « encourager les gens à prendre les transports, il faut assainir l’air« . Par exemple, en captant l’air extérieur pour le métro plus en hauteur dans la rue et en captant les particules fines issues du freinage des trains. Pour ce deuxième point, des expérimentations sont en cours à la SNCF.
Sources : Le Parisien (2 articles), Airparif